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Va'a Vitesse - Championnats du monde #5 : Kévin Céran-Jérusalémy, roi de la discipline

La cinquième journée de compétition des championnats du monde de va'a vitesse s'est déroulée ce lundi à Pirae. Tahiti devance toujours la Nouvelle Zélande au tableau des médailles d'or (34 contre 17). Kévin Céran-Jérusalémy a pu obtenir une victoire flamboyante sur la catégorie reine en individuel, le V1 sur 500 mètres. Hinatea Bernadino, chez les femmes, a dû se contenter de la deuxième place.


Beaucoup d'émotions, avec ici le chavirement d'une V6 au contournement de bouée
Beaucoup d'émotions, avec ici le chavirement d'une V6 au contournement de bouée
Les championnats du monde de va’a vitesse, prévus du jeudi 19 au jeudi 26 juillet, se déroulent actuellement à Pirae. La matinée était dédiée aux finales V1 sur 500 mètres, une matinée qui nous aura réservé encore de belles émotions avec peut être une des plus belles victoires de Kévin Céran-Jérusalémy, qui a devancé le tenant du titre 2016 Hititua Taerea dans les derniers mètres.
 
On croyait que le rameur originaire de Huahine avait déjà tout gagné, avec quatre Te Aito consécutifs, les grandes courses locales ou internationales avec son club Shell Va’a ou encore le championnat du monde de va’a marathon en 2017 et bien non, Kévin a ajouté une victoire flamboyante à son palmarès. Il est désormais champion du monde de va’a vitesse après avoir remporté la catégorie reine en individuel, le V1 sur 500 mètres.
 
Hinatea Bernadino a tout donné mais cela n’a pas suffi à battre la Néozélandaise Marama Elkington qui a pris sa revanche sur 2016. Excellents résultats chez nos vétérans et chez nos juniors qui remportent plusieurs médailles d’or, l’unique bémol sera pour nos filles junior, comme on pouvait s’y attendre au vu des résultats en va’a marathon de l’année dernière.

Le public est venu nombreux pour encourager les rameurs et les rameuses
Le public est venu nombreux pour encourager les rameurs et les rameuses
Les résultats de la cinquième journée
 
Le clan tahitien a pu augmenter son quota de médailles d’or pour passer à un total de 25 médailles d’or contre 14 pour la Nouvelle Zélande en élite et 9 médailles d’or contre 3 pour la Nouvelle Zélande en clubs, pour un total de 34 médailles d’or pour Tahiti contre 17 pour la Nouvelle Zélande, 2 pour Hawai’i, 1 pour l’Australie et 1 pour le Canada.
 
Les médaillés d’or pour Tahiti sont Bruno Agnieray en master 60, Brian Ah Min en junior 16, Patete Roopinia en master 40, Marguerite Temaiana en master 40, Teanavai Pahuiri en junior 19, Jean-Yves Regnard en master 70, Mahinatea Lorfèvre en master 50, René Avaepii en master 50 et enfin Kévin Céran-Jérusalémy en open.
 
La première médaille d’or australienne a été obtenue en début de matinée par Yvonne Stansfield en master 60 alors que Sue Milligan, en master 70, permettait au Canada de remporter à son tour une belle médaille d’or. SB

Gordon Barff, chef de la délégation Tahitienne
Gordon Barff, chef de la délégation Tahitienne
Parole à Gordon Barff :
 
Quelques mots sur les vétérans ?
 
« En Australie en 2016, nous n’avions pas eu beaucoup de vétérans qui s’étaient déplacés, donc on ne connaissait pas trop notre niveau. Les résultats ont dépassé toutes nos attentes dans de nombreuses catégories. »
 
La deuxième place de Hinatea Bernadino ?
 
« Il y a deux ans, la Néozélandaise avait mené la course et s’était faite coiffer au poteau, là cela a été l’inverse. Le sport est devenu vraiment un sport de très haut niveau. Hinatea a fait un très bon temps, elle souffrait de son épaule droite depuis un mois ou deux. Cela n’excuse pas tout, la performance de la Néozélandaise est magnifique. »
 
Quelques mots sur les résultats des femmes en général ?
 
« Il faut que nos jeunes filles puissent rester dans la pratique. On a énormément de très bonnes rameuses mais dès qu’elles ont un copain, on ne les voit plus. En Nouvelle Zélande, les mamans et leurs filles rament, d’où leur présence en masse et en qualité. On doit trouver un équilibre socio-culturel pour que nos jeunes filles restent au va’a. On a beaucoup de championnes qui sont déjà mamans. »
 
La victoire de Kevin Céran-Jérusalémy a été un moment fort ?
 
« Mister Kevin ! En janvier, il était en tête dès les premiers cent mètres et au fur et à mesure des sessions d’entrainement, il était premier aux deux cent mètres, trois cent mètres…Aujourd’hui, cela a été magnifique, extraordinaire, chapeau ! C’est certainement un des moments forts de ces championnats, avec le triplé en V12 qu’on avait jamais vu, même à Bora Bora. »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« Merci à toute la population pour les prières, merci pour le soutien. On a eu à chaque fois avec nous les rameurs, le bon Dieu, la famille et le public, cela fait du monde ! » Propos recueillis par SB

Bruno Agnieray au centre, médaillé d'or en master 60
Bruno Agnieray au centre, médaillé d'or en master 60
Parole à Bruno Agnieray :
 
Quelques mots sur ta victoire ?
 
« On était quatre Tahitiens sur six au départ en finale. On était donc confiants pour la victoire et c’est ce qui s’est passé. Dès le départ, je n’ai regardé ni à gauche ni à droite, j’ai foncé vers l’arrivée, ça passe ou ça casse, et c’est passé. »
 
Beaucoup d’émotion ?
 
« Exact, j’ai perdu ma femme il y a un an et ma mère est hospitalisée actuellement, j’ai beaucoup pensé à elles durant ce parcours de 500 mètres, à l’arrivée j’ai eu des frissons. Je remercie le Seigneur de m’avoir donné cette place. »
 
Le va’a c’est aussi le partage avec les autres nations ?
 
« Tout à fait, je me suis fait beaucoup d’amis, on me dit « champion du monde, my friend ! », cela fait chaud au cœur. Pendant le parcours, c’est chacun pour soi mais une fois arrivés on est des amis et on va faire la fête ensemble. » Propos recueillis par SB

Hinatea Bernadino, à gauche, après la finale V1 sur 500m
Hinatea Bernadino, à gauche, après la finale V1 sur 500m
Parole à Hinatea Bernadino :
 
L’analyse de ta course ?
 
« J’aurais aimé qu’il y ait un peu plus de vent mais ça va, cela s’est bien passé. Je n’ai pas pu tenir physiquement, j’ai lâché après les 250 mètres. Je ne pouvais pas espérer mieux. Je ne voulais pas arriver troisième non plus, du coup j’ai essayé de garder cette deuxième place. Je la félicite, elle s’est bien réservée pour le V1 et cela a porté ses fruits. » Propos recueillis par SB

Marama Elkington avec la présidente de la fédération internationale Lara Collins
Marama Elkington avec la présidente de la fédération internationale Lara Collins
Parole à Marama Elkington :
 
Contente de ta victoire ?
 
« Oui, très contente. J’avais perdu il y a deux ans et cela avait été très décevant. Cette année, j’ai essayé de me concentrer sur moi, de bien partir et de maintenir l’allure ensuite. Je savais qu’Hinatea allait être la rameuse à battre, elle m’avait battue la dernière fois donc gagner cette fois-ci, c’est super. »
 
Te focaliser sur le V1 a été la bonne décision ?
 
« Je voulais faire le V6 mais certaines choses sont arrivées et je n’ai pas pu le faire. Je ne pense pas que cela aurait changé les choses, si j’avais fait le V6. Je remercie mes sponsors, ma famille ici en Polynésie, la famille Florès, et ma famille de Nouvelle Zélande. » Propos recueillis et traduits par SB

Kévin Céran-Jérusalémy s'est imposé dans la catégorie reine
Kévin Céran-Jérusalémy s'est imposé dans la catégorie reine
Parole à Kévin-Céran-Jérusalémy :
 
Tu es monté en puissance depuis les qualificatives à Mataiea ?
 
« En début d’année à Mataiea, je n’étais pas trop entrainé. Je n’étais pas vraiment confiant pour ces championnats du monde, je partais plus dans l’optique de participer. Au fur et à mesure que la finale approchait, je me suis renforcé mentalement pour prétendre à ce titre. Le décès de ma grand-mère m’a donné de la force. J’ai pas pu être présent à son enterrement, je me devais de gagner ça pour elle. »
 
Un finish incroyable ?
 
« Depuis les séries qualificatives, j’ai pu réaliser un bon finish, j’ai donc travaillé sur mon point fort. J’ai été plus fort techniquement dans la course. J’ai essayé de ne pas laisser trop partir au niveau du 250m pour ensuite essayer de pousser sur la fin. Il faut faire l’effort de ne pas gaspiller son coup de rame en étant appliqué, avec un geste de qualité, c’est ce que j’ai pu faire. Merci Seigneur. » Propos recueillis par SB

Rédigé par SB le Lundi 23 Juillet 2018 à 16:01 | Lu 1565 fois