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Une vie de "violence" et de "harcèlement"


Le “tyran domestique incapable de remise en question”, pour reprendre les mots du procureur, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis renforcé. Crédit photo : Archives TI.
Le “tyran domestique incapable de remise en question”, pour reprendre les mots du procureur, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis renforcé. Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 16 septembre 2024 – “Un climat de violence permanent” : c’est en ces termes que la présidente du tribunal correctionnel de Papeete a résumé la situation lors du procès d’un homme de 46 ans, jugé lundi pour violences physiques et morales sur son épouse et leurs deux jeunes enfants. Déjà récidiviste, le prévenu a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et s'est vu retirer l'exercice de ses droits parentaux.

À la barre, la victime peine à contenir ses émotions, laissant échapper quelques sanglots. “Aujourd'hui, je suis dégoûtée de mon mari [...] chaque jour j'ai envie de vomir”, confie-t-elle, décrivant la relation tumultueuse avec son époux, assis dans le box des accusés.
 
Ce dernier était jugé ce lundi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Papeete pour des faits répétés de violences physiques, psychologiques et verbales, infligées à sa compagne ainsi qu'à leurs deux plus jeunes enfants. “Un climat de violence permanent”, a résumé la présidente du tribunal, où insultes et harcèlement étaient devenus la norme. Habitué du tribunal, où il a déjà comparu à plusieurs reprises, son casier judiciaire fait état de 11 condamnations, dont six pour des violences intrafamiliales. Il se trouve d’ailleurs en état de récidive, le sursis de sa dernière peine étant toujours en cours. “Je n'en peux plus. Je demande une mesure d'éloignement”, a lâché sa victime, visiblement à bout de force, relatant comment, depuis des années, son mari la harcèle, que ce soit par téléphone ou en personne, même sur son lieu de travail. “Il m’a même cassé la vitre de ma voiture. Je l'assure.”
 
L'accusé, rasé de près et coiffé d'une courte houppette au-dessus du crâne, semble à peine conscient de la gravité de ses actes, tant sur le plan légal que sur l'état psychologique de son épouse et enfants. Son attitude désinvolte a d'ailleurs interpellé la présidente du tribunal. “Je n’ai pas envie de continuer [à parler, NDLR], je veux juste être jugé... Je suis ici pour connaître ma sentence”, a-t-il répété à plusieurs reprises.
 
“Stress post-traumatique” chez les enfants

L’affaire a été révélée par l’un des enfants de l’épouse, un adolescent suivi par la Protection judiciaire de la jeunesse dans le cadre d'une autre procédure judiciaire. C'est dans ce contexte qu’il s’est confié à son éducatrice, évoquant la fatigue d'un climat familial pesant et la peur que sa petite sœur et son petit frère ne subissent les mêmes violences que lui. En effet, le prévenu, son beau-père, avait déjà été condamné pour l’avoir frappé quelques années auparavant. Rapidement, les enquêteurs ont mis au jour l’austérité et la terreur qui régnaient au sein de ce foyer. Les deux plus jeunes enfants ont livré des récits concordants, évoquant des disputes répétées suivies presque invariablement de menaces et d’insultes. Le rapport psychologique des experts fait état d’enfants en proie à un “stress post-traumatique”.
 
Reconnaissant les faits, l’accusé se défend néanmoins de manière maladroite : “Je reconnais mes torts, peut-être que je n’ai pas bien tenu mon rôle de père”, a-t-il concédé avant d’ajouter, sans la moindre retenue : “Qui n’a jamais frappé ses enfants pour les éduquer ?” “Dans bien des familles, cela ne se fait pas”, a sèchement rétorqué la présidente du tribunal. Son avocat a, lui, tenté de minimiser les violences, évoquant “de simples claques sur les épaules ou le dos”. Des gestes qui, selon lui, “n’avaient pas pour but de blesser”.
 
Finalement, ce “tyran domestique incapable de remise en question”, pour reprendre les mots du procureur, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis renforcé. Le tribunal a également prononcé une interdiction de contact avec son épouse, en réponse à sa demande, et a retiré au prévenu l'exercice de ses droits parentaux sur ses deux plus jeunes enfants.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 16 Septembre 2024 à 18:06 | Lu 2968 fois