Tahiti, le 24 juin 2021 – “Tourner la page du nucléaire” : au-delà des revendications financières et symboliques, c'est dans cet état d'esprit que la délégation polynésienne Reko Tika veut se rendre à la table ronde de haut niveau à Paris, les 1er et 2 juillet. Une page qui n'est “pas facile à tourner” alors que “certains s'y accrochent”.
Cinq réunions plénières, quatre ateliers, 50 heures d'échanges. Après de longues semaines de préparation en perspective de la table ronde de haut niveau sur le nucléaire à Paris le 1er et le 2 juillet, l'heure est à la présentation de la démarche aux Polynésiens. “La question n’est pas de savoir qui est anti-nucléaire, ou non. Les essais ont pris fin il y a 25 ans. Il faut s’appuyer sur ce passé pour aller de l’avant”, introduit le président Fritch, entouré de la déléguée polynésienne au suivi des conséquences des essais nucléaires, Yolande Vernaudon et du coordonnateur de la délégation, Joël Allain.
Représentant institutions politiques et civiles, la délégation menée par le président Fritch se compose de 19 personnalités. Des parlementaires, des tavana, des représentants du Cesec mais aussi des associations, comme Winiki Sage de la Fape, ou encore Yannick Lowgreen de Tamarii Moruroa. “C’est un acte volontaire. Aucune rémunération n’a été prévue y compris pour le coordonnateur”, précise le président, regrettant l'absence notable des associations de référence en matière de nucléaire. S'illustrant récemment dans les médias, Moruroa e Tatou ou 193 se sont effectivement retirées des discussions, pointant du doigt “une opération de communication”.
Le président leur signifie sur un ton résolument fédérateur qu'il n’y a pas “de brevet de légitimité” pour faire partie de cette délégation, “dès lors que nous allons à Paris au nom de la Polynésie française et pour porter la voix des Polynésiens”. Édouard Fritch s'est dit par ailleurs “convaincu que la politique de la chaise vide est inefficace”, faisant appel à leur “esprit océanien” pour “pour faire converger nos forces et nos convictions sur ce sujet”.
“Pas de sujet tabou”
Malgré l'absence des figures de proue de la lutte anti-nucléaire, le président salue le “consensus global” atteint sur les doléances à présenter et sur les “objectifs recherchés au travers de ces requêtes”. En accord avec l'État, la table ronde s'organisera ainsi en trois grandes thématiques : “histoire et mémoire” sur toute la journée du 1er juillet, “conséquences sur la santé” et “impacts territoriaux” le vendredi 2 juillet.
“Pas de sujet tabou” au programme assure le président Fritch, s'efforçant de répondre aux critiques adressées ces dernières semaines contre le principe d'une table ronde. Comme le lieu du débat à Paris, souligné par le Tavini, ou l'importance consacrée aux considérations “financières” pointée par Moruroa e Tatou. “La question du lieu n’est pas déterminante sur nos chances de réussite” répond le président. Ce qui compte, “c'est que nous puissions tous porter la même voix”, ajoutant que le Pays “aura plus de chance d'aboutir que si on y va chacun dans son coin”. S'il “ne pense pas que l'argent règle tous les problèmes”, il reconnaît cependant souhaiter que “l'État s'engage enfin à dédommager les conséquences des essais nucléaires”.
La faute originelle
Pour Joël Allain, il ne fait aucun doute que “la faute originelle revient à l'État” et que “les conséquences qui en découlent sont de sa responsabilité”. C'est d'ailleurs à partir de ce postulat, que les discussions se sont tenues. Mais le coordonnateur rappelle le but de cette mission : tourner la page. “Les jeunes aujourd'hui ne veulent pas vivre dans le passé, et cette page elle n'est pas facile à tourner parce que certains s'y accrochent, certainement parce qu'elle leur apporte aussi un argumentaire un peu culpabilisant à l'égard de la France”. Sur la question de la demande de pardon de l'État, il tient le même discours. “Beaucoup attendent des symboles forts, (…) la difficulté ne se situe pas tant au niveau de l'État que de nous-mêmes, sommes-nous tous prêts à accorder le pardon ?” interroge Joël Allain.
Dépollution de Hao, de Moruroa ou de Fangataufa, devenir de la loi Morin, remboursement de la prise en charge des maladies radio-induites (estimées à 80 milliards par la CPS), contribution au service public de l'électricité de l'ordre de 13 milliards de Fcfp par an : l'État sera attendu sur de nombreuses questions précises. “Mais il n'y a pas que ça”, nuance le président, insistant sur l'importance de remettre l'humain au centre du débat. “Je pense que ce président est décidé à tourner cette page, parce que c'est un caillou que nous trainons tous dans la chaussure qui nous empêche d'avancer et qui nous empêche de regarder l'avenir”.
Cinq réunions plénières, quatre ateliers, 50 heures d'échanges. Après de longues semaines de préparation en perspective de la table ronde de haut niveau sur le nucléaire à Paris le 1er et le 2 juillet, l'heure est à la présentation de la démarche aux Polynésiens. “La question n’est pas de savoir qui est anti-nucléaire, ou non. Les essais ont pris fin il y a 25 ans. Il faut s’appuyer sur ce passé pour aller de l’avant”, introduit le président Fritch, entouré de la déléguée polynésienne au suivi des conséquences des essais nucléaires, Yolande Vernaudon et du coordonnateur de la délégation, Joël Allain.
Représentant institutions politiques et civiles, la délégation menée par le président Fritch se compose de 19 personnalités. Des parlementaires, des tavana, des représentants du Cesec mais aussi des associations, comme Winiki Sage de la Fape, ou encore Yannick Lowgreen de Tamarii Moruroa. “C’est un acte volontaire. Aucune rémunération n’a été prévue y compris pour le coordonnateur”, précise le président, regrettant l'absence notable des associations de référence en matière de nucléaire. S'illustrant récemment dans les médias, Moruroa e Tatou ou 193 se sont effectivement retirées des discussions, pointant du doigt “une opération de communication”.
Le président leur signifie sur un ton résolument fédérateur qu'il n’y a pas “de brevet de légitimité” pour faire partie de cette délégation, “dès lors que nous allons à Paris au nom de la Polynésie française et pour porter la voix des Polynésiens”. Édouard Fritch s'est dit par ailleurs “convaincu que la politique de la chaise vide est inefficace”, faisant appel à leur “esprit océanien” pour “pour faire converger nos forces et nos convictions sur ce sujet”.
“Pas de sujet tabou”
Malgré l'absence des figures de proue de la lutte anti-nucléaire, le président salue le “consensus global” atteint sur les doléances à présenter et sur les “objectifs recherchés au travers de ces requêtes”. En accord avec l'État, la table ronde s'organisera ainsi en trois grandes thématiques : “histoire et mémoire” sur toute la journée du 1er juillet, “conséquences sur la santé” et “impacts territoriaux” le vendredi 2 juillet.
“Pas de sujet tabou” au programme assure le président Fritch, s'efforçant de répondre aux critiques adressées ces dernières semaines contre le principe d'une table ronde. Comme le lieu du débat à Paris, souligné par le Tavini, ou l'importance consacrée aux considérations “financières” pointée par Moruroa e Tatou. “La question du lieu n’est pas déterminante sur nos chances de réussite” répond le président. Ce qui compte, “c'est que nous puissions tous porter la même voix”, ajoutant que le Pays “aura plus de chance d'aboutir que si on y va chacun dans son coin”. S'il “ne pense pas que l'argent règle tous les problèmes”, il reconnaît cependant souhaiter que “l'État s'engage enfin à dédommager les conséquences des essais nucléaires”.
La faute originelle
Pour Joël Allain, il ne fait aucun doute que “la faute originelle revient à l'État” et que “les conséquences qui en découlent sont de sa responsabilité”. C'est d'ailleurs à partir de ce postulat, que les discussions se sont tenues. Mais le coordonnateur rappelle le but de cette mission : tourner la page. “Les jeunes aujourd'hui ne veulent pas vivre dans le passé, et cette page elle n'est pas facile à tourner parce que certains s'y accrochent, certainement parce qu'elle leur apporte aussi un argumentaire un peu culpabilisant à l'égard de la France”. Sur la question de la demande de pardon de l'État, il tient le même discours. “Beaucoup attendent des symboles forts, (…) la difficulté ne se situe pas tant au niveau de l'État que de nous-mêmes, sommes-nous tous prêts à accorder le pardon ?” interroge Joël Allain.
Dépollution de Hao, de Moruroa ou de Fangataufa, devenir de la loi Morin, remboursement de la prise en charge des maladies radio-induites (estimées à 80 milliards par la CPS), contribution au service public de l'électricité de l'ordre de 13 milliards de Fcfp par an : l'État sera attendu sur de nombreuses questions précises. “Mais il n'y a pas que ça”, nuance le président, insistant sur l'importance de remettre l'humain au centre du débat. “Je pense que ce président est décidé à tourner cette page, parce que c'est un caillou que nous trainons tous dans la chaussure qui nous empêche d'avancer et qui nous empêche de regarder l'avenir”.
Joël Allain, coordonnateur de la délégation : “A l'époque, la France était un État tout puissant”
“Il n'y a pas eu de discussion à l'époque, l'armée s'est installée, point final. Le Pays s'est exprimé en commission permanente, ils étaient cinq dont trois ont voté pour. C'est un petit groupe de personnes qui a donné son accord à l’époque. A cette époque-là, j'avais 20 ans et on sentait le poids de la Guerre froide, aller vers l'arme nucléaire était une solution de défense puisqu'on n'arrêtait pas. Tous les 25 ans la France se faisait ramasser par les Allemands. Les Américains ne voulant pas partager l'arme nucléaire, la France a décidé de faire son propre arsenal. Malgré tout, je n'étais pas favorable à l'armement, j'ai même fait ma thèse sur “l'objection de conscience”. Je pense qu'on ne peut pas juger aujourd'hui seulement avec les éléments d'aujourd'hui. On fait toujours cette erreur d'être anachronique, c'est très difficile de se resituer 50 ans en arrière et de dire “on n'aurait pas dû”.
Je ne pense pas qu'il y ait de pardon à demander de la part du Pays, parce qu'à l'époque tout le monde était euphorique. Sauf un tout petit groupe de résistant que j'admire parce qu'ils ont pris des risques, parce qu'à l'époque c'était un domaine encore militaire, un État tout puissant. Il n'y avait qu'une télévision à l'époque, c'était la télévision nationale. Il y avait un ministère de l'Information, il n'y avait que lui qui pouvait informer. C'était un autre monde”.
Je ne pense pas qu'il y ait de pardon à demander de la part du Pays, parce qu'à l'époque tout le monde était euphorique. Sauf un tout petit groupe de résistant que j'admire parce qu'ils ont pris des risques, parce qu'à l'époque c'était un domaine encore militaire, un État tout puissant. Il n'y avait qu'une télévision à l'époque, c'était la télévision nationale. Il y avait un ministère de l'Information, il n'y avait que lui qui pouvait informer. C'était un autre monde”.