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Une passion, le savon


Une passion, le savon
PAPEETE, le 8 janvier 2016 - Professeure en collège, Milanda Nyssen fabrique des savons sur son temps libre. Une passion qui lui permet de jouer de sa créativité. Elle façonne des pains de toilette aux formes, couleurs et senteurs variées. Après trois années de test, elle a réussi à stabiliser sa recette. Depuis un an, elle alimente deux points de vente avec ses productions.

"Il m’a fallu trois années de tests pour stabiliser ma recette. Les premiers savons étaient trop durs, ils ne tenaient pas ou ne moussaient pas", explique Milanda Nyssen. "Mais c’est ce processus que j’aime. Aujourd’hui, je ne travaille plus sur la recette de base mais je continue à chercher de nouvelles couleurs et de nouvelles senteurs. J’étais dans la pub avant d’enseigner et, le côté créatif de mon premier métier me manquait. Je l’ai retrouvé. Je fais ça comme d’autres jardinent, bricolent, peignent."

La créativité et la qualité du produit. Telles sont les raisons qui ont poussé Milanda Nyssen à se lancer dans la fabrication de savons, mais aussi de crèmes, de baumes et autres produits de soin. "Depuis que je suis petite, j’ai des problèmes d’asthme et d’allergies. Mes parents m’ont toujours soignée avec des huiles essentielles. Et puis, en grandissant, on oublie petit à petit tout cela en prenant la direction des cabinets médicaux. L’allergologue qui me suivait est parti. En parallèle, ma fille adolescente a commencé à avoir de l’acné. Sachant que les médicaments donnés contre l’acné assèchent la peau et que je n’avais plus personne pour soigner ma rhinite allergique, je suis retournée aux huiles essentielles et me suis mise à fabriquer moi-même des savons pour la famille et des crèmes. Je suis très sensible aux produits, j’utilisais avant des produits bio mais les gammes ne sont pas suivies ici. Je me retrouvais régulièrement sans rien. "

Milanda Nyssen s’est mise à l’œuvre. Mais elle n’a pas voulu "faire n’importe quoi. L’utilisation des huiles essentielles n’est pas anodine." Elle s’est alors inscrite à une certification par correspondance. "Il y avait des devoirs, des cours donnés par le pharmacien Franck Dubus et, tous les mois, des visioconférences. J’étais dans un groupe de cinq. Les autres vivaient en Europe, ce qui m’obligeait à me lever entre minuit et deux heures du matin pour me caler sur leur rythme. " Pendant cette année de cours, Milanda Nyssen a appris à fabriquer des produits de soin, elle a découvert la saponification. "Une activité qui m’a beaucoup plu. Mais attention", insiste-t-elle, "si je l’utilise à titre personnel pour prendre soin de moi et de ma famille, les produits que je fabrique et que je mets désormais à la vente n’ont aucune vertu curative. Il n’y a pas d’huiles essentielles car on me demande plutôt des senteurs locales. "

La saponification est une réaction chimique lente et totale. Elle résulte de l’émulsion d’huiles végétales et de soude justement dosées. "À première vue, cela fait peur, mais il faut savoir que la soude disparaît complétement pendant le processus de saponification, il n’en reste plus du tout dans le savon final. C’est justement la disparition de la soude qui permet la naissance du savon. " Milanda Nyssen utilise la technique à froid, elle utilise des huiles végétales biologiques importées comme l’huile de palme ou d’olive, mais aussi de l’huile de coco de l’Huilerie de Tahiti, elle ajoute selon le résultat voulu de l’huile de jojoba, d’amande douce, de rose musquée. Elle mélange l’huile et la soude avec un petit robot, installée sur sa terrasse. Elle transvase le mélange dans un moule puis met le tout à sécher pendant environ 24 heures. Elle démoule puis découpe au besoin ses savons en cours de fabrication. Enfin, les pains de toilette subissent une cure. "Pendant quatre semaines je les mets dans un récipient pour qu’ils sèchent complètement. "

Les premiers utilisateurs des savons de Milanda Nyssen ont été ses proches, avant que le bouche-à-oreille ne fasse sont office. "Le magasin La Vie Claire et l’Institut Jordan m’ont appelée pour que j’y dépose des produits. J’ai créé une page Facebook et des clients me contactent aussi par ce biais. " La fabricante expose au Marché de Noël et au salon Fenua Passion. "J’ai présenté mes produits pour la première fois au Marché de Noël en 2014. J’y suis retournée en 2015 où j’étais attendue, des clients fidèles me suivent. Je suis étonnée de ce succès et en même temps contente. " Mieux encore, des "consommateurs" arrivent avec des demandes de plus en plus précises. "On m’a demandé du savon à barbe, du lait pour le corps, du shampoing." Autant de nouveaux défis à réaliser.

Une passion, le savon

Savon et hygiène à travers les siècles

Difficile de dater précisément la naissance des premiers savons mais les premières traces remontent entre 3 500 et 4 500 J.-C av., en Mésopotamie. Les Sumériens fabriquaient une pâte savonneuse à base de graisse animale (comme la graisse de porc) et de carbonate de potassium. Mille ans plus tard, des habitants de la ville d’Alep se sont mis eux aussi à fabriquer du savon dont la renommée a traversé les âges. Les maîtres savonniers de cette ville utilisaient de l’huile d’olive, de la soude végétale et de l’huile de baies de laurier. La recette a traversé la Méditerranée et gagné l’Europe, et notamment Marseille. Le fameux savon de Marseille contient, lui, de l’huile végétale et non de la graisse animale. Arabes, Turcs, Vikings ont tous fabriqué du savon. Au Moyen-Âge, les nombreuses épidémies de peste et de syphilis ont eu raison des bains, et avec eux, de l’utilisation du savon. À l’époque, la crasse passait pour une couche protectrice de la peau. Au XVIe et XVIIe siècles, c’était la toilette "à sec" qui se pratiquait. L’eau était remplacée par des linges, le savon par des poudres et parfums. Le bain est (re)devenu une pratique hygiénique au XIXe siècle seulement. L’utilisation du savon a progressé au XVIIe siècle. Aujourd’hui, il s’en fabriquerait six millions de tonnes par an.

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Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 8 Janvier 2016 à 16:34 | Lu 3523 fois