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Une ministre australienne compte évoquer à Pékin le programme d'internement de musulmans


Sydney, Australie | AFP | mardi 05/11/2018 - La ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne compte faire part à Pékin de ses préoccupations au sujet du programme chinois d'internement de citoyens musulmans à l'occasion de sa visite en Chine, a-t-elle annoncé mardi.

Près d'un million de Ouïghours et d'autres membres d'ethnies chinoises de langue turque sont ou auraient été détenus dans le Xinjiang (nord-ouest du pays), selon des estimations citées en août par un groupe d'experts de l'ONU.
Mme Payne a indiqué qu'elle ferait part cette semaine à Pékin de ses "profondes préoccupations" à ce sujet lors de sa visite, la première en près de trois ans d'une ministre australienne des Affaires étrangères.
"Nous avons évidemment de très importantes relations, et il est de l'intérêt des deux parties d'approfondir notre partenariat stratégique global", a-t-elle dit à la chaîne publique ABC.
La Chine est le premier partenaire commercial de l'Australie, mais les relations entre les deux capitales se sont tendues ces dernières années, sur fond notamment d'accusations d'ingérence chinoise dans les affaires intérieures australiennes.
Mais en pleine période de tensions commerciales entre Washington et Pékin, la visite de Mme Payne est vue comme une occasion pour Canberra de faire avancer ses propres intérêts économiques auprès de la Chine.
Mme Payne a cependant indiqué que son gouvernement avait "de profondes préoccupations quant à la situation des droits de l'Homme au Xinjiang" et aborderait cette question avec son homologue Wang Yi lors de sa visite à Pékin prévue jeudi et vendredi.
"Il va y avoir des déclarations au Conseil des droits de l'Homme (de l'ONU) cette semaine et je soulèverai ces questions lors de mes discussions de la façon appropriée", a-t-elle dit à ABC.
Dans le cadre de l'Examen périodique universel (EPU) prévu pour les 193 membres des Nations unies environ tous les quatre ans, la Chine présente mardi à l'ONU à Genève un rapport sur la situation des droits de l'Homme chez elle et les changements depuis son dernier rapport en 2013.
Elle sera à cette occasion interrogée sur son programme d'internement de citoyens musulmans, de plus en plus critiqué dans le monde.
Au Xinjiang, la Chine a d'abord nié l'existence de tels établissements puis, avec la publication d'images satellites et la présence de documents officiels d'autorités locales sur internet mentionnant leur existence, a parlé de centres éducatifs enseignant le chinois, le sport ou la danse folklorique pour lutter contre l'extrémisme religieux.
Une enquête de l'AFP sur plus de 1.500 documents publics consultables en ligne a révélé en octobre que ces centres, au nombre de 181 implantés au Xinjiang depuis 2014, achetaient notamment des matraques, des menottes ou des pulvérisateurs de gaz lacrymogène.

le Mardi 6 Novembre 2018 à 04:44 | Lu 392 fois