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Une grève pas comme les autres


À Bora Bora, les grévistes issus du monde hôtelier se sont retrouvés en bord de route.
À Bora Bora, les grévistes issus du monde hôtelier se sont retrouvés en bord de route.
PAPEETE, le 19 septembre 2018 - L'appel à la grève générale n'est pas réellement suivi, c'était en tous les cas, le ressenti ce mercredi. Certains salariés n'étaient même pas sûrs du jour du lancement du mouvement. D'autres hésitaient encore, alors qu'au port autonome, les dockers sont tous unis derrière leur leader.

La grève générale lancée par le collectif des six syndicats est effective depuis mercredi 0 heure. Un mouvement qui est passé finalement presque inaperçu ce mercredi.

Malgré quelques petits panneaux "en grève" installés ici et là, aucune perturbation n'a été constatée. Pourquoi ? La faute sûrement au manque de compréhension par rapport au sujet. Les termes utilisés pour parler de la retraite n'ont pas bien été compris, peut-être.

On sait aussi que plusieurs salariés hésitent à franchir le pas, car ils se sentent utilisés par leurs leaders, et plus particulièrement, par celui qui a mené le mouvement en mars dernier et qui siège aujourd'hui à Tarahoi, Angelo Frebault.

Contactés par téléphone, plusieurs délégués syndicaux nous ont fait part de leurs inquiétudes : "Tout le monde me demande si on va faire la grève demain (aujourd'hui NDLR), mais je n'ai pas envie de les embarquer dans ce mouvement. On nous a assez utilisés en mars, on a suivi la grève et tout le monde sait ce qu'il s'est passé par la suite. Donc, je suis solidaire avec les syndicalistes, parce que je sais que cette réforme n'est pas bien. Par contre, je ferai la grève durant mes jours Off uniquement", déclare un délégué syndical qui a souhaité garder son anonymat.

Ce genre de commentaire inquiète, bien évidemment, les leaders syndicaux. "Je pense que nous avons déçu pas mal de travailleurs qui ont cru en nous", indique Vatea Heller, de la Cosac. "Force est de constater que certains ont utilisé ce combat à des fins politiques et personnelles, mais ce n'est pas ce que nous nous avons fait. Nous réitérons notre appel, dans le même esprit qui est de se battre pour nos acquis. Donc, venez vendredi. L'appel est lancé, mais si vous n'êtes pas contents et que vous ne croyez pas au mouvement, restez dans vos entreprises, mais mettez-vous en grève", poursuit-il.

Du côté de la Confédération des syndicats indépendants de Polynésie (CSIP), on assure que le mouvement ira crescendo ce jeudi, avec une mobilisation des grévistes à l'aéroport -même si certains nous ont confirmé qu'ils ne répondront pas à l'appel-, à EDT et dans des grands commerces de la place.

Les délégués syndicaux de O Oe To Oe Rima n'étaient pas nombreux non plus, ce mercredi. Par contre, les salariés dans certains hôtels de Moorea et Bora Bora ont bien cessé leur activité.

De leur côté, pour cette première journée de grève, les dockers, avec leur leader Mahinui Temarii, filtraient l'entrée du port autonome. Si les personnes pouvaient s'y rendre pour décharger le bateau, aucune marchandise, par contre, ne pouvait sortir. "Seuls les médicaments et les produits périssables franchiront le portail, au moins une fois par semaine", prévient Mahinui Temarii. Le leader assure aussi qu'ils seraient prêts à faire perdurer le mouvement durant un mois, "s'il le faut."

Par contre, la Cosac, la confédération syndicale des agents communaux, appelle à la mobilisation vendredi à Tarahoi. Un rassemblement pacifique pour faire monter la pression, alors que le texte sur la réforme des retraites sera étudié et probablement voté en l'état en séance plénière. Que feront les syndicalistes, à ce moment-là ? Ils ont laissé entendre ce mercredi, que les actions iront en se renforçant, dans les jours à venir. Affaire à suivre…

"Ce n'est pas la bonne loi, et il va falloir se mettre autour de la table pour réformer la PSG et arrêter de nous faire croire qu'ils sont en train de réformer la PSG, alors qu'ils sont en train de réformer la retraite. 38 ans et 62 ans, rien que ça, on est en train de nous voler notre retraite. C'est une dictature et les travailleurs n'en veulent pas", conclut Vatea Heller.



le Mercredi 19 Septembre 2018 à 16:41 | Lu 4310 fois