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Une frégate française abat en mer Rouge deux drones venant du Yémen


Crédit JACK GUEZ / AFP
Crédit JACK GUEZ / AFP
Paris, France | AFP | dimanche 10/12/2023 - Une frégate française patrouillant en mer Rouge a abattu dans la nuit deux drones provenant du nord du Yémen, territoire sous contrôle des rebelles Houthis qui menacent de perturber le trafic sur cette voie maritime stratégique dans le cadre du conflit entre Israël et le Hamas.

La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc, déployée en mer Rouge pour une mission nationale de sécurité maritime, a effectué des tirs de missiles antiaériens Aster 15 pour abattre ces drones qui se dirigeaient droit sur elle, a appris l'AFP auprès d'une source militaire ayant requis l'anonymat. Un tel tir de missiles sol-air en autodéfense constitue une première pour la Marine française.

D'après le communiqué de l'état-major français, "l'interception et la destruction de ces deux menaces caractérisées" ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, à 110 kilomètres des côtes yéménites, à la hauteur de Hodeida, port du nord du Yémen sous contrôle des rebelles Houthis.

Ces derniers avaient menacé plus tôt samedi d'attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas une aide d'urgence, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

Tous les "navires liés à Israël ou qui transporteront des marchandises" vers Israël ne sont pas les bienvenus en mer Rouge, zone stratégique située entre le nord-est de l'Afrique et la péninsule arabique, ont-ils prévenu.

C'est la première fois qu'un bâtiment militaire français est ciblé par les Houthis depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée après une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien en sol israélien le 7 octobre.

Le Hamas, membre de ce qu'il nomme "l'axe de la résistance" contre Israël, aux côtés notamment du Hezbollah libanais et des Houthis, a salué la décision "courageuse et audacieuse" des rebelles yéménites.  

"Nous appelons les pays arabes et musulmans à user de toutes leurs capacités (...) pour lever le siège de Gaza", a ajouté le Hamas dans ce communiqué transmis à l'AFP.

Tensions accrues en mer Rouge 

Cette dernière mise en garde des Houthis survient dans un contexte de tensions accrues en mer Rouge depuis le début de la guerre.

En représailles aux massacres du 7 octobre, Israël bombarde la bande de Gaza qu'elle assiège depuis le 9 octobre. L'aide humanitaire y entre au compte-gouttes et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, évoque un "contexte humanitaire cauchemardesque".

Côté israélien, le chef du Conseil national de la sécurité, Tzachi Hanegbi, a dénoncé un "siège naval". "Si le monde ne s'occupe pas de ça, parce qu'il s'agit d'un problème d'ordre international, nous agirons pour mettre un terme à ce siège naval", a-t-il prévenu.

La semaine dernière, les Houthis avaient attaqué deux navires au large des côtes yéménites, dont un navire battant pavillon des Bahamas, affirmant qu'ils appartenaient à des Israéliens.

Un destroyer américain avait abattu la semaine dernière trois drones en portant assistance à des navires commerciaux en mer Rouge visés par des attaques depuis le Yémen, selon Washington, qui avait dénoncé "une menace directe" pour la sécurité maritime.

Le 19 novembre, les Houthis se sont emparés du navire marchand Galaxy Leader qui appartient à une société britannique, elle-même propriété d'un homme d'affaires israélien.

Les Houthis ont également lancé une série de drones et de missiles en direction d'Israël. De nombreux engins ont été interceptés par Israël ou des bateaux de guerre américains.

"Les attaques de bateaux en mer Rouge et dans le Golfe sont un phénomène récurrent et ancien. Cette zone maritime a toujours été un endroit dangereux", commente pour l'AFP l'amiral en retraite Alain Coldefy, ancien major général des armées françaises, en rappelant un précédent français: en 1972, le destroyer français Dupetit-Thouars patrouillant au sud de la mer Rouge avait été ciblé par des obus yéménites.

"Depuis 1973 et la guerre du Kippour, on protège dans cette zone le trafic pétrolier. Mais la présence de forces navales robustes pour dissuader et assurer la liberté de navigation ne suffit plus", souligne-t-il, en estimant que "l'attaque du 7 octobre par le Hamas a marqué une libération de la violence qui va s’exprimer de plus en plus".

le Lundi 11 Décembre 2023 à 04:49 | Lu 367 fois