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Une enfant de 12 ans maltraitée pour le vol d’un Bose


PAPEETE, le 31 mai 2018 - Une institutrice spécialisée et son mari ont été présentés ce jeudi devant le tribunal correctionnel pour des violences commises sur leur nièce à Rangiroa en mai 2017. Pour avoir volé une enceinte Bose et des vêtements, l’enfant, âgée de 12 ans, avait été frappée, forcée à dormir dehors et à se couper les cheveux. La tante a été condamnée à 2 mois de prison avec sursis. Son mari a écopé d’un mois de prison avec sursis.

Faits particulièrement inhumains évoqués ce jeudi matin devant le juge unique. Un couple, dont une institutrice spécialisée, comparaissait pour avoir infligé plusieurs sévices à leur nièce de 12 ans. L’enfant, placée chez son oncle et sa tante après la séparation de ses parents, avait volé une enceinte Bose.

Plusieurs jours après les faits, elle avait fini par reconnaître sa responsabilité, provoquant ainsi la colère de sa tante. Cette dernière l’avait alors frappée à de nombreuses reprises avant de l’obliger à se couper les cheveux et à dormir dehors à côté du chien, sur un tapis de judo. Le lendemain des faits, la victime s’était épanchée auprès du personnel de son collège qui l’avait emmenée à la gendarmerie afin qu’elle y dépose une plainte. L’enfant avait immédiatement été retirée du foyer de sa tante.


« Menteuse pathologique »

A la barre du tribunal, le couple, socialement intégré et sans antécédents judiciaires, a exprimé des regrets. La tante de la victime a expliqué qu’elle avait recueillie la petite et l’avait traitée comme son « enfant. » Elle a indiqué qu’elle s’était sentie « trahie » à l’idée des larcins commis par sa nièce à laquelle elle avait consacré beaucoup de temps et d’attention. Sur les faits, la prévenue, qui venait de perdre son père et d’affronter la tentative de suicide de l’une de ses filles, a évoqué un contexte de pression : « j’ai perdu le contrôle de moi-même. » Le président du tribunal lui a indiqué que ses actes étaient regrettables : « vous avez détruit le travail que vous aviez vous-même effectué sur cette enfant. »

En l’absence de la victime, dont le journal intime a été versé à la procédure, son avocat a fustigé un comportement « inadmissible » : « vous êtes tout de même une enseignante spécialisée ! Fallait-il en faire une martyre, la traiter comme un animal ? Cette enfant était déjà dans une situation de vulnérabilité sociale. »

Le procureur de la République a requis 3 mois de prison avec sursis à l’encontre des deux prévenus en affirmant que les sanctions infligées dépassaient les « limites de l’acceptation. »

L’avocat du couple, qualifiant l’enfant de « menteuse pathologique » a tenu à rappeler que ses clients avaient tout fait pour l’aider, l’éduquer et la nourrir : « je ne cherche pas à dégrader son image mais elle venait d’une famille qui baignait dans l’alcool dans une ambiance épouvantable et ils se sont occupés d’elle comme si elle était leur enfant. A son arrivée dans cette famille, sa moyenne était de 6/20. Un an après, elle avait 15 de moyenne et les félicitations. »

La prévenue a finalement été condamnée à deux mois de prison avec sursis. Son mari, poursuivi pour avoir porté des coups à la victime, a écopé d’un mois de prison avec sursis.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 31 Mai 2018 à 11:16 | Lu 7159 fois