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Une délégation calédonienne à Paris pour "sensibiliser" les parlementaires sur l'urgence de la situation


Crédit Delphine MAYEUR / AFP
Crédit Delphine MAYEUR / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 25/09/2024 - "Sensibiliser" les groupes parlementaires à la situation sociale et économique "catastrophique" en Nouvelle-Calédonie: des élus et figures institutionnelles du territoire en crise depuis les émeutes du mois de mai sont à Paris cette semaine.

Composée de la plupart des chefs de groupe du Congrès de Nouvelle-Calédonie, des parlementaires calédoniens et de plusieurs figures institutionnelles, la délégation transpartisane a entamé mardi et poursuivra jusqu'au 3 octobre ces rencontres, destinées aussi à présenter le programme de reconstruction à 4,2 milliards d'euros réclamé à l'Etat.

"Nous allons voir tous les groupes de l'Assemblée nationale et du Sénat pour les sensibiliser sur cet enjeu", a expliqué mercredi lors d'une conférence de presse Philippe Gomès, le chef du groupe Calédonie ensemble (loyaliste modéré) au Congrès local.

Selon lui, l'Etat - qui a déjà apporté 300 millions d'euros d'aide - est à ce stade intervenu "au coup par coup", maintenant la Nouvelle-Calédonie "sous perfusion" en permettant in extremis aux collectivités locales de payer leurs agents et aux milliers de nouveaux chômeurs de recevoir leurs allocations.

Largement insuffisant, à ses yeux: sans aide conséquente, l'élu loyaliste dit craindre "des troubles à l'ordre public d'une ampleur sans précédent" d'ici la fin de l'année en Nouvelle-Calédonie.

"On va se retrouver inexorablement face à des émeutes de la faim", a-t-il prévenu.

Car la situation en Nouvelle-Calédonie est "catastrophique", a abondé l'indépendantiste Pierre-Chanel Tutugoro, chef du groupe UC-FLNKS au Congrès, qui pointe "la responsabilité particulière de l'Etat dans (ce) cataclysme économique et social".

"Il a été dans l'incapacité d'assurer sa mission régalienne de maintien de l'ordre", a poursuivi l'élu, une position partagée par certains de ses collègues loyalistes.

Avec cette visite, les responsables calédoniens souhaitent aussi remettre sur le devant de la scène le "Caillou", pénalisé par la situation politique dans l'Hexagone. 

"L'actualité calédonienne a disparu dans le triangle des Bermudes de la dissolution de l'Assemblée nationale", a regretté Milakulo Tukumuli, dirigeant de l'Eveil océanien (EO), le petit groupe qui assure la présidence du Congrès calédonien.

Selon les chiffres du Congrès, l'insurrection déclenchée le 13 mai sur le territoire français du Pacifique sud a causé 2,2 milliards d'euros de dégâts, soit 25% du PIB de la Nouvelle-Calédonie.

Quelque 2.000 entreprises ont été impactées, dont près de 800 ont vu leurs locaux dégradés, pillés ou incendiés. Conséquence de ces destructions, 24.000 chômeurs sont actuellement indemnisés, représentant 35% des salariés du secteur privé et les pertes fiscales et douanières pour la Nouvelle-Calédonie en 2024 sont estimées à 400 millions d'euros.

le Jeudi 26 Septembre 2024 à 07:18 | Lu 307 fois