Tahiti Infos

Une collision aviaire inquiète à l'aérodrome de Bora Bora


Tahiti le 3 août 2024 – Le secrétaire général délégué de la Fédération de rassemblement des agents de l’administration de Polynésie (Fraap) dénonce une sécurité défaillante dans les aérodromes de Bora Bora, Raiatea et Rangiroa, gérés par la société Aéroport de Tahiti. Envoyer, en renfort pendant la grève, des pompiers de Tahiti dans ces îles est “une histoire d’argent pour Egis et donc ADT”.
 
Mercredi, un avion d’Air Moana a été immobilisé plusieurs heures à Bora Bora après avoir “heurté un oiseau”, explique le directeur général délégué à l'exploitation de la compagnie aérienne Raitini Rey. La compagnie a dépêché des équipes techniques sur place. Après vérifications et analyses “aucun dégât n’a été observé donc on a pu ramener notre avion jeudi après-midi”.
 
Contacté à ce propos, le secrétaire général délégué de la Fédération de rassemblement des agents de l’administration de Polynésie (Fraap) et représentant des pompiers d’aérodromes, Gérard Barff, n’est pas tendre avec l’État qui, selon lui, “change les règles quand ça l’arrange. C’est quoi l’intérêt ? Sauver Egis ? Sauver ADT ? Au détriment de la sécurité de l’être humain et des passagers à bord […]. Un petit oiseau peut briser le pare-brise d’un l’avion.”
 
En temps normal, ces risques d’incident sont très surveillés par les sapeurs-pompiers en poste avec un niveau de vigilance renforcé par leur connaissance fine du site.
 
Règlementation à géométrie variable
 
Gérard Barff rappelle que les collisions aviaires sont considérées comme des “accidents” à prendre au sérieux car cela peut causer “un crash”. Et pour lui, l’État “ne respecte pas la sécurité des personnes et la règlementation” en acceptant l’envoi de pompiers de Faa’a pour prêter main forte à Ra’iatea, Bora Bora et Rangiroa durant la grève : le service d’État de l’aviation civile (Seac) exige habituellement que ces postes soient réservés à des pompiers natifs de l’île. “Un pompier qui débarque de Faa’a ne connaît pas les spécificités des îles.”
 
Le syndicaliste rappelle en outre que pour travailler dans les îles éloignées, une formation spéciale de trente-cinq heures est requise, justement pour être en mesure de réagir vite en cas de risque avéré. Gérard Barff doute que cela ait été respecté concernant les sapeurs-pompiers récemment dépêchés dans ces îles. Et il ne comprend pas que le Seac puisse ainsi “déroger à la règlementation, quand ça l’arrange”.
 
Le syndicaliste dénonce aussi l’envoi récent par l’armée de pompiers de Tahiti à Bora Bora : “Ce n’est pas leur rôle, cela me met hors de moi […]. L’Etat met de l’huile sur le feu en envoyant l’armée et le Casa à Bora Bora.”

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Samedi 3 Août 2024 à 10:21 | Lu 5371 fois