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Une association se mobilise pour le don d'organe en Polynésie


PAPEETE le 22 juin 2015 - Pour la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe et de reconnaissance aux donneurs, l'association "Un don de vie – Aparau ana'e" lance une nouvelle campagne pour promouvoir le don et "inciter chacun à dire son choix sur le don d’organes à ses proches." Afin d'attirer du monde à leur journée de sensibilisation dans l'hôpital de Taaone, un marché artisanal et des concerts sont organisés toute la journée.



Carine Domelier
Carine Domelier
Carine Domelier, infirmière à la coordination pour le prélèvement d'organe et membre de l'association Un don de vie, nous explique que sa mission est "de sensibiliser la population pour qu'ils prennent position pour ou contre le don de leurs organes, et surtout qu'ils le disent à leurs proches. En Polynésie, il n'y a que la greffe de reins qui est pratiquée, elle est faite en Polynésie, par des Polynésiens et pour des Polynésiens." Elle précise également que toutes les grandes religions de Polynésie ont participé à l'ouverture, en prières, de cette journée du don d'organe, pour montrer le soutien des églises à cette chirurgie.

À la fin de l'année, 150 personnes devraient être inscrites sur la liste d'attente pour la greffe de rein, et seules 26 greffes ont été effectuées jusqu'à présent. Les besoins sont donc encore immenses rappelle l'infirmière bénévole : "il faut savoir que ce sont des patients qui sont en dialyse trois fois par semaine, pendant quatre heures. Ils ne peuvent pas aller chercher leurs enfants à l'école, parce que c'est l'heure de la dialyse, ils ne peuvent pas voyager, même dans les îles, ils sont fatigués, ils ne peuvent pas travailler, ils ont du mal à s'occuper de leurs familles correctement. Donc leur donner un rein, c'est leur donner une nouvelle chance, une nouvelle vie."

Le directeur de l'hôpital, Christophe Bouriat, se félicite que les greffes au CHPF continuent de monter en puissance : "sur l'année 2015, nous sommes déjà à 15 greffes. Donc il y a vraiment un dynamisme important, pour répondre à un besoin de la population."

Voici le programme de la journée :
- De 8h à 9h : Célébration préparée par l’association des confessions religieuses qui fréquentent le CHPf,
- De 9h à 9h30 : Allocution du ministre de la Santé Mr Patrick Howell.
- De 9h30 à 10h : Prestation d’un groupe marquisien
- De 10h à 12h : concert
- De 12 à 14h : concert
- De 14h à 16h : concert
- Clôture à 17h

Elle est restée 2 ans en France à attendre sa greffe

Taterina Teuri (vert), une patiente qui a reçu une greffe de rein, entourée des bénévoles de l'association "Un don de vie"
Taterina Teuri (vert), une patiente qui a reçu une greffe de rein, entourée des bénévoles de l'association "Un don de vie"
Taterina Anna Teuri, épouse Perry, a reçu un nouveau rein en 2009, avant que la transplantation ne puisse se faire depuis Tahiti. Elle témoigne :

"La première fois que j'ai eu mal, que je me sentais mal, j'ai eu des soucis avec de l'hypertension… C'était en 2001 que j'ai appris qu'il me fallait un rein. Je suis allée une première fois en France 6 mois, en 2006. J'avais peur, mais je n'ai pas eu de rein, donc je suis rentré. Et puis j'ai pensé que j'allais tenter encore ma chance, donc je suis retournée en France, à Brest, deux ans après en 2008, et j'ai attendu un an. J'étais sous dialyse, à attendre qu'il y ait un rein pour moi. Et voilà, on m'a prévenue "ça y est tu as eu ton rein, il faut que tu ailles à l'hôpital". L'opération s'est bien passée, je n'ai pas eu de problème. Et j'étais heureuse. Heureusement que ma fille habite là-bas avec mon beau-fils, comme ça j'ai eu de la famille."

En parlant du donneur anonyme qui lui a offert un rein, Taterina est très émue : "Ce don c'est la vie, c'est pour ça que je dis à tous les malades qu'il ne faut pas avoir peur. J'ai un petit frère aussi qui est sur la machine, et il ne veut pas changer son rein. Je lui dis faa'ito'ito. Et aux Polynésiens, je leur dit "Dites à votre famille que vous êtes donneur… On est malades à vie, on ne peut pas rester comme ça. Surtout pour nos enfants après…"

La Métropole se dirige vers le "consentement présumé"

Le président François Hollande aussi était mobilisé pour le don d'organe ce lundi. Il a ainsi déclaré à l'agence de la Biomédecine : "J'exprime ma reconnaissance à tous les donneurs et à leurs familles qui, jadis comme maintenant, font de ce don une admirable réalité." Pour lui, cette Journée nationale du don d'organes est idéale pour "inciter chacun de nous à indiquer sa volonté afin que si à notre mort un prélèvement d’organes est envisagé, celles et ceux qui seront interrogés sur nos souhaits puissent en être fidèlement les messagers".

En parallèle, le gouvernement français travaille sur une nouvelle une loi Santé qui renforcera le "consentement présumé" au don d'organes, tout en ouvrant la voie à d'autres possibilités que le registre national des refus, très peu utilisé. "Il n'est pas question de prélever sans s'assurer de l'absence du refus de la personne et sans discuter avec les familles. Mais nous devons faire en sorte d'améliorer les moyens de connaître l'avis du défunt", a expliqué Marisol Touraine dans une interview publiée lundi par Ouest France.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 22 Juin 2015 à 12:37 | Lu 1633 fois