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Une allocation temporaire pour les femmes battues


Tahiti, le 23 novembre 2023 - La ministre Minarii Galenon a annoncé ce jeudi matin vouloir mettre en place une allocation temporaire pour les femmes battues pour “leur donner un peu plus de liberté et de moyens de pouvoir s’en sortir” et surtout pour “retrouver leur dignité”.

Sous la houlette de la direction des solidarités, de la famille et de l’égalité, ils étaient plusieurs à avoir entamé une marche relais pour sensibiliser la population aux violences faites aux femmes. Cette marche a débuté ce mardi à Teahupo’o et Tautira et s’est terminée ce jeudi matin à l’assemblée de la Polynésie. Les marcheurs ont été accueillis par la ministre des Solidarités en charge de la famille et de la condition féminine, Minarii Galenon. Dans son discours, elle a notamment annoncé la mise en place d’une allocation temporaire pour les femmes battues.
 
“Ces femmes ont besoin de retrouver leur dignité”
 
L’idée de mettre en place une allocation temporaire pour les femmes victimes de violences intrafamiliales n’est pas nouvelle pour la ministre Minarii Galenon. Elle explique en effet que “cela fait des années que je réfléchis à cela”. En étant aujourd’hui dans l’équipe gouvernementale, “j’ai décidé d’aider les femmes” par la rédaction de ce texte qui devrait voir le jour en 2025. “Bien souvent, les femmes n’arrivent pas à quitter leur foyer car elles n’ont pas de travail et ne peuvent pas aider leurs enfants. Alors souvent, elles sont obligées de prendre sur elles et aujourd’hui, il faut leur donner un peu plus de liberté et de moyens de pouvoir s’en sortir.”
 
La ministre explique en effet que pour la mise en place de ce texte, il faudra qu’elle budgétise ce projet et réfléchisse également à la durée de cette allocation temporaire puisque “tout dépendra des situations”. Minarii Galenon compte d’ailleurs associer les tāvana, les membres du Césec et les élus de l’assemblée à la rédaction de ce texte. “Je ne veux pas seulement faire des annonces car ces femmes-là ont besoin de retrouver leur dignité.” 
 
Autres annonces faites ce jeudi matin, la mise en place “d’un bouton d’alerte”. “C’est un bouton secret pour protéger les femmes en danger”, a-t-elle précisé. Son ministère va d’ailleurs se rapprocher des associations pour la distribution de ces fameux “boutons” auprès des femmes victimes de violence. Travailler en interministérialité est important pour Minarii Galenon et pour la mise en place de séminaires ou de camps pour les familles, elle compte bien travailler de concert avec ses collègues de l’éducation, de la santé ou encore de la jeunesse et des sports.
 
La ministre de la Condition féminine a également annoncé qu’elle travaillerait avec toutes les congrégations religieuses : “On nous dit toujours que lorsqu’on est au gouvernement, on ne peut pas travailler avec les congrégations religieuses. C’est faux, cela ne marche pas car elles ont des messages tout prêts pour nous. Aujourd’hui, on doit avancer ensemble.”  
 
La prise en charge des auteurs de violences
 
L’avocat Me Philippe Neuffer explique qu’il y a une prise en charge des auteurs de violence au travers notamment des stages de citoyenneté. Mais cela reste insuffisant, souligne-t-il, car “le pénal ne répare pas tout, sinon il n’y aurait pas autant de récidives”. Pour l’avocat, “il faut un travail en commun” et “prévoir des politiques communes”. Il explique en effet que les compétences étant partagées entre l’État et le Pays, comme le judiciaire et le social, “du coup chacun fait son truc, alors qu’en fait, dans le mot partagé, il y a aussi faire ensemble et peut-être qu’il faut aller vers cette définition là du partage des compétences (…) puisqu’on a des problématiques communes”. Il assure même que ce travail en commun pourrait se faire à un niveau décisionnel : “Prévoir des politiques ou actions communes pour régler le problème des auteurs qui finalement est un problème qui n’est pas traité avec autant d’efficacité que celle des victimes (…). Il faut s’attacher aussi à la cause des violences intrafamiliales.” Me Philippe Neuffer affirme qu’il faut que la prise en charge des auteurs soit plus importante “pour qu’ils puissent prendre conscience du geste et qu’ils ne le recommettent plus et c’est pour cela qu’il faut un travail en commun”.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 23 Novembre 2023 à 20:21 | Lu 1946 fois