Le moustique, vecteur de maladies dites émergentes est au cœur cette semaine d'un séminaire international à Moorea. En privilégiant une approche pluridisciplinaire, ce séminaire rassemble de nombreux spécialistes dont l’expertise est complémentaire. Les recommandations issues de ce séminaire seront présentées lors de la prochaine plateforme régionale PACE-NET+ qui se tiendra en juin prochain à Fiji.
MOOREA, le 1er février 2016. Vecteurs de maladies infectieuses dans le monde entier, les moustiques sont au centre depuis quelques années de programmes de recherches poussées. Dans le Pacifique une coopération de chercheurs se met en place pour travailler aussi bien sur les maladies (dengue, Zika, chikungunya par exemple) que ces moustiques véhiculent que sur les moyens efficaces de lutter contre les moustiques eux-mêmes. Un séminaire se déroule cette semaine à Moorea à la station de recherche Gump.
Aujourd'hui comme demain, on le sait, les moustiques vont continuer à nous empoisonner la vie, parce qu'ils nous piquent et surtout parce qu'ils propagent des maladies. En se nourrissant de sang humain nécessaire à leur reproduction, ces tout petits insectes peuvent nous inoculer en un seul repas de sang, un ou plusieurs arbovirus ! En Polynésie française, on connaît bien la dengue, le Zika et le chikungunya, car depuis 2013 chacun de ces virus a causé -ou cause encore pour la dengue de type 1- une épidémie à l'échelle du territoire. Côté médical, les recherches entreprises ont permis à l'élaboration d'un vaccin contre la dengue commercialisé depuis quelques mois par Sanofi-Pasteur (pas encore en France néanmoins). Celui contre le chikungunya, mis au point notamment par l'institut Pasteur est en phase d'essais cliniques depuis 2014 après plus de dix ans de recherche à la suite de l'épidémie de l'île de La Réunion. Quant au Zika, les épidémies conjointes en cours actuellement dans 23 pays, en Amérique du sud et centrale ainsi que dans les Caraïbes avec des complications cérébrales chez les nourrissons déchaînent l'activisme d'équipes multidisciplinaires internationales. Il faudra cependant plusieurs années pour mettre au point un vaccin efficace.
Alors en attendant que la recherche scientifique médicale aboutisse, il y a d'autres angles d'attaque. Si les antidotes aux virus ne sont pas encore prêts, la lutte contre leurs vecteurs, les moustiques eux-mêmes est une des solutions pour s'en prémunir. On le répète sans arrêt, pour ne pas avoir à subir une épidémie de dengue, de Zika ou de chikungunya, il suffit de se protéger des moustiques (par des répulsifs cutanés), et de tout faire pour éviter de devenir des éleveurs passifs de ces insectes, dans nos maisons. Il revient à tout un chacun de nettoyer devant sa porte et de faire la chasse aux gîtes à moustiques. Car les Aedes, ces moustiques vecteurs, sont domestiques : ils vivent avec nous, près de chez nous. Une lutte contre les gîtes, plus facile à dire qu'à faire car ces moustiques sont nombreux et qu'ils n'ont besoin que d'un tout petit peu d'eau propre pour déposer des œufs qui deviendront rapidement des larves puis des insectes adultes. Un travail sans fin et d'une telle ingratitude qu'en dépit de toutes les campagnes de communication, les résultats sont souvent faibles.
Même au cœur d'une virulente épidémie de dengue, de Zika ou de chikungunya, les populations concernées se lassent vite de vider les sous-pots des fleurs, de nettoyer les gouttières, d'évacuer les vieux pneus…. D'autant plus quand le voisin n'adhère pas aux messages de prévention ! Si la lutte anti-vectorielle "mécanique", par destruction systématique des gîtes à moustiques n'est pas suivie par tous, elle reste inefficace.
QUAND LA SCIENCE S'Y MET
Une fois de plus cependant, la recherche scientifique arrive à la rescousse de cette problématique de santé publique mondiale. Au-delà des épandages de produits chimiques ou non, qu'ils soient des insecticides (pour tuer les moustiques adultes) ou des larvicides (pour tuer les larves avant leur mutation en insecte volant) d'autres solutions plus radicales et ambitieuses sont menées dans différents pays. Et même en Polynésie !
Depuis 2012, l'institut Louis Malardé a lancé un programme de recherche pour éliminer la nuisance des moustiques en opérant, sur l'atoll de Tetiaroa, des lâchers d'insectes mâles stériles élevés en laboratoire. En s'accouplant avec les femelles sauvages, ces Aedes polynesiensis mâles -qui ne piquent pas- (devenus stériles par l'inoculation d'une bactérie) bloquent toute descendance. La faisabilité de cette méthode de lutte biologique innovante a déjà été démontrée. D'autres lâchers de moustiques mâles stériles doivent avoir lieu dans le but d'obtenir une réduction significative voire peut-être l’élimination de l’Aedes polynesiensis sur le motu traité à Tetiaroa. Dans d'autres pays, notamment au Brésil, des campagnes de lâchers de moustiques mâles stériles, obtenus cette fois par modification génétique, ont été initiées mais n'ont pas permis encore de démontrer la complète efficacité de cette expérience lancée par la compagnie britannique de biotechnologie Oxitec. L'épidémie explosive de Zika depuis le début de l'année 2015 dans ce pays venant désormais alimenter des controverses.
C'est pour échanger ces expériences, confronter les recherches menées dans différents laboratoires du Pacifique qu'un séminaire est organisé toute cette semaine à Moorea dans le cadre du programme PACE-NET + (voir en encadré ci-dessous). On y abordera aussi bien les moyens de lutte anti-vectorielle conventionnels, que les programmes innovants, ainsi que les stratégies de surveillance des moustiques. Car, si en Polynésie aujourd'hui nous subissons les attaques des moustiques Aedes principalement, d'autres familles de moustiques, vecteurs d'autres maladies (comme les Anophèles pour le paludisme par exemple) pourraient bien un jour élire domicile dans nos îles et y trouver des conditions propices à leur développement.
Aujourd'hui comme demain, on le sait, les moustiques vont continuer à nous empoisonner la vie, parce qu'ils nous piquent et surtout parce qu'ils propagent des maladies. En se nourrissant de sang humain nécessaire à leur reproduction, ces tout petits insectes peuvent nous inoculer en un seul repas de sang, un ou plusieurs arbovirus ! En Polynésie française, on connaît bien la dengue, le Zika et le chikungunya, car depuis 2013 chacun de ces virus a causé -ou cause encore pour la dengue de type 1- une épidémie à l'échelle du territoire. Côté médical, les recherches entreprises ont permis à l'élaboration d'un vaccin contre la dengue commercialisé depuis quelques mois par Sanofi-Pasteur (pas encore en France néanmoins). Celui contre le chikungunya, mis au point notamment par l'institut Pasteur est en phase d'essais cliniques depuis 2014 après plus de dix ans de recherche à la suite de l'épidémie de l'île de La Réunion. Quant au Zika, les épidémies conjointes en cours actuellement dans 23 pays, en Amérique du sud et centrale ainsi que dans les Caraïbes avec des complications cérébrales chez les nourrissons déchaînent l'activisme d'équipes multidisciplinaires internationales. Il faudra cependant plusieurs années pour mettre au point un vaccin efficace.
Alors en attendant que la recherche scientifique médicale aboutisse, il y a d'autres angles d'attaque. Si les antidotes aux virus ne sont pas encore prêts, la lutte contre leurs vecteurs, les moustiques eux-mêmes est une des solutions pour s'en prémunir. On le répète sans arrêt, pour ne pas avoir à subir une épidémie de dengue, de Zika ou de chikungunya, il suffit de se protéger des moustiques (par des répulsifs cutanés), et de tout faire pour éviter de devenir des éleveurs passifs de ces insectes, dans nos maisons. Il revient à tout un chacun de nettoyer devant sa porte et de faire la chasse aux gîtes à moustiques. Car les Aedes, ces moustiques vecteurs, sont domestiques : ils vivent avec nous, près de chez nous. Une lutte contre les gîtes, plus facile à dire qu'à faire car ces moustiques sont nombreux et qu'ils n'ont besoin que d'un tout petit peu d'eau propre pour déposer des œufs qui deviendront rapidement des larves puis des insectes adultes. Un travail sans fin et d'une telle ingratitude qu'en dépit de toutes les campagnes de communication, les résultats sont souvent faibles.
Même au cœur d'une virulente épidémie de dengue, de Zika ou de chikungunya, les populations concernées se lassent vite de vider les sous-pots des fleurs, de nettoyer les gouttières, d'évacuer les vieux pneus…. D'autant plus quand le voisin n'adhère pas aux messages de prévention ! Si la lutte anti-vectorielle "mécanique", par destruction systématique des gîtes à moustiques n'est pas suivie par tous, elle reste inefficace.
QUAND LA SCIENCE S'Y MET
Une fois de plus cependant, la recherche scientifique arrive à la rescousse de cette problématique de santé publique mondiale. Au-delà des épandages de produits chimiques ou non, qu'ils soient des insecticides (pour tuer les moustiques adultes) ou des larvicides (pour tuer les larves avant leur mutation en insecte volant) d'autres solutions plus radicales et ambitieuses sont menées dans différents pays. Et même en Polynésie !
Depuis 2012, l'institut Louis Malardé a lancé un programme de recherche pour éliminer la nuisance des moustiques en opérant, sur l'atoll de Tetiaroa, des lâchers d'insectes mâles stériles élevés en laboratoire. En s'accouplant avec les femelles sauvages, ces Aedes polynesiensis mâles -qui ne piquent pas- (devenus stériles par l'inoculation d'une bactérie) bloquent toute descendance. La faisabilité de cette méthode de lutte biologique innovante a déjà été démontrée. D'autres lâchers de moustiques mâles stériles doivent avoir lieu dans le but d'obtenir une réduction significative voire peut-être l’élimination de l’Aedes polynesiensis sur le motu traité à Tetiaroa. Dans d'autres pays, notamment au Brésil, des campagnes de lâchers de moustiques mâles stériles, obtenus cette fois par modification génétique, ont été initiées mais n'ont pas permis encore de démontrer la complète efficacité de cette expérience lancée par la compagnie britannique de biotechnologie Oxitec. L'épidémie explosive de Zika depuis le début de l'année 2015 dans ce pays venant désormais alimenter des controverses.
C'est pour échanger ces expériences, confronter les recherches menées dans différents laboratoires du Pacifique qu'un séminaire est organisé toute cette semaine à Moorea dans le cadre du programme PACE-NET + (voir en encadré ci-dessous). On y abordera aussi bien les moyens de lutte anti-vectorielle conventionnels, que les programmes innovants, ainsi que les stratégies de surveillance des moustiques. Car, si en Polynésie aujourd'hui nous subissons les attaques des moustiques Aedes principalement, d'autres familles de moustiques, vecteurs d'autres maladies (comme les Anophèles pour le paludisme par exemple) pourraient bien un jour élire domicile dans nos îles et y trouver des conditions propices à leur développement.
Une trentaine de chercheurs ou acteurs dans le domaine de la lutte anti-vectorielle sont réunis à Moorea jusqu'à vendredi prochain. L'atelier scientifique a été inauguré ce matin par Patrick Howell, le ministre de la santé et de la recherche.
Qu'est-ce que le programme PACE-NET+ ?
Le programme PACE-NET+ (Pacific Europe Network for Science Technology and Innovation) a été lancé officiellement le 2 septembre 2013, pour une durée de trois ans en application du 7ème programme cadre de la Commission européenne.
PACE-NET+ a pour objectif de favoriser le dialogue entre partenaires européens et régionaux, de faire émerger des priorités communes et de renforcer la coopération scientifique et technique entre l’Europe et la région Pacifique. Il s’agit d’une première étape vers la définition de projets communs, éligibles aux financements qui seront mis en place par le dispositif Horizon 2020.
16 membres participent au programme : huit sont issus de la région Pacifique, quatre de l’Union européenne et quatre d’organisations internationales. L’Institut Louis Malardé représente la Polynésie française.
Le programme PACE-NET+ (Pacific Europe Network for Science Technology and Innovation) a été lancé officiellement le 2 septembre 2013, pour une durée de trois ans en application du 7ème programme cadre de la Commission européenne.
PACE-NET+ a pour objectif de favoriser le dialogue entre partenaires européens et régionaux, de faire émerger des priorités communes et de renforcer la coopération scientifique et technique entre l’Europe et la région Pacifique. Il s’agit d’une première étape vers la définition de projets communs, éligibles aux financements qui seront mis en place par le dispositif Horizon 2020.
16 membres participent au programme : huit sont issus de la région Pacifique, quatre de l’Union européenne et quatre d’organisations internationales. L’Institut Louis Malardé représente la Polynésie française.