Ces perles de culture d'eau douce sont normalement blanches, mais des entrepreneurs chinois les teintent et les vendent comme des perles noires à 1300 Fcfp le collier... Cette photo date de 2015, les techniques ce sont encore améliorées aujourd'hui.
PAPEETE, le 13 décembre 2018 - Les perliculteurs chinois sont devenus experts pour teinter leurs perles d'eau douce et les faire passer pour des Perles noires, comme les nôtres. Ils sont devenus tellement doués que même les professionnels se laissent avoir, alors les clients... Mais les producteurs polynésiens ont une stratégie pour protéger la Perle de Tahiti.
Un des dangers qui menace la Perle de Tahiti à l'international, comme beaucoup d'autres produits de luxe, ce sont les copies chinoises. Et elles deviennent vraiment difficiles à repérer... Aline Baldassari, présidente de la Tahitian Pearl Association of French Polynesia (TPAFP) nous explique ainsi que "ce que nous appelons contrefaçons, ce sont des perles teintées chinoises. Ils utilisent des perles de culture d'eau douce blanches, et ils ont même utilisé des perles du Pacifique de couleur claire, et ils leurs rajoutent de la couleur. Il y a trois-quatre ans, ils teintaient des perles claires venues de Polynésie, de Fiji, de Micronésie, du Vietnam, des Cook, ou des Marshall pour faire des perles chocolat, quand c'était à la mode. Aujourd'hui ils utilisent leurs propres perles de culture d'eau douce, qui sont blanches au départ. La mode des perles couleur chocolat est passée, mais ils arrivent à les teinter en diverses couleurs comme peacock, et ils les vendent comme des perles noires. Seuls les Japonais maitrisent eux-aussi la technique pour teinter les perles, mais ils ne l'utilisent pas, ce sont vraiment les Chinois qui produisent ces fausses perles noires."
Pour la professionnelle, les efforts chinois pour copier les couleurs de nos perles noires commencent à vraiment porter leurs fruits : "Leurs copies ressemblent aujourd'hui terriblement à de vraies perles noires, ils ont beaucoup amélioré leurs techniques. J'ai eu l'occasion d'examiner un bac où étaient mélangées de vraies perles noires de basse qualité avec des perles teintées, et moi-même je n'ai pas réussi à faire la différence à l'œil nu. Donc les clients se font avoir. Ces perles ressemblent vraiment aux nôtres mais à un prix dix fois inférieur ! Ça nous fait du mal. Mais à l'international on ne peut rien faire. Tant qu'ils n'utilisent pas le nom 'Perle de Tahiti' ils ne sont pas en contrefaçon."
AUCUNE SOLUTION ÉCONOMIQUE POUR ASSURER LA TRAÇABILITÉ
Il y a deux ans, nous vous présentions une invention de plusieurs chercheurs français issus du Monaco Gem Lab et de l'Institut Lumière Matière de l'Université Lyon 1 pour créer une sorte d'empreinte digitale des Perles de Tahiti. Il s'agissait de plonger des perles dans un bain de produits chimiques luminescents issus des nanotechnologies, qui les auraient marquées d'une trace invisible. Ce code chimique serait alors lisible avec une machine spéciale. Mais cette invention, nommée Luminapearl, ne semble pas avoir réussi à décoller.
Il faut dire que, comme nous l'explique Aline Baldassari, "si on établit une traçabilité high tech avec un nucléus marqué ou ces nouvelles techniques de marquage, ça ne va rien changer pour nous au niveau commercial. Ici on va augmenter le prix des perles, on aura les papiers, mais arrivé à Hong Kong ils vont reprendre le papier, changer les perles, et les clients n'en sauront rien... Car pour contrôler il faut des machines hors de prix ! Il faudrait une technique bien plus simple et moins onéreuse."
LA SOLUTION : UN LABEL
Pour la présidente du TPAFP, la meilleure façon de protéger notre perle au niveau commercial, c'est de créer un label. "Ça n'a jamais été fait ! J'avais commencé à m'en occuper en 2004, on voulait demander l'appellation d'origine contrôlée. Mais avec la création du statut d'autonomie de 2004, d'un seul coup on ne pouvait plus recevoir l'AOC française. On attendait que le gouvernement crée l'Appellation d'origine contrôlée tahitienne avec une équivalence avec l'AOC française, mais ça n'a jamais été fait. Donc aujourd'hui on reprend cette idée, avec un label."
Comme nous vous l'expliquions dans notre article "Qui peut déposer la marque "Tahiti" ?" de mai 2016, la création de labels et de marques est en effet une solution efficace pour protéger les produits d'un terroir. Le professionnels de la perle sont donc en cours de négociation pour définir le nom du label, établir un cahier des charges, définir les contrôles... Un processus de deux à trois ans, qui est effectué bénévolement par les membres de la Tahitian Pearl Association of French Polynesia.
Pour Aline Baldassari, les dernières mesures de contrôle imposées aux perliculteurs sont déjà tellement strictes que l'application d'un label ne sera qu'une formalité : "Dans le cadre de la dernière loi sur la perliculture, tout est déjà vérifié. L'accent a été mis sur deux choses : savoir combien on produit de perles en Polynésie par an, et la traçabilité. Nous devons déjà déclarer tout ce qu'on achète pour la perle, en particulier ce qui qui est utilisé comme nucléus, et il y a des contrôles. Donc dans la labellisation, nous pourrons imposer un vrai nucléus, l'utilisation d'une vraie nacre des Tuamotu, une production en Polynésie française... Et tout un ensemble de critères qui assurera la qualité et l'origine de la perle. La labellisation sera faite en France et protégée par le droit européen. Tous ceux qui voudront bénéficier de la labellisation devront faire une demande à la TPAFP, il faudra que sa production soit contrôlée pour l'obtenir."
L'intérêt commercial est évident pour cette spécialiste de la vente de nos perles à travers le monde : "L'objectif final est que le label donne confiance aux clients internationaux. Le label est donné par un organisme institutionnel avec des contrôles stricts. Du coup le client ne se posera pas de questions et achètera. Le label donne avant tout confiance au client, il est encore mieux qu'une simple marque puisque la qualité du produit est contrôlée !"
En parallèle, les partenaires hongkongais de la TPAFP vont lancer une grande campagne de vérification pour s'assurer que la marque "Perle de Tahiti" n'est pas usurpée par les producteurs de fausses perles noires. Maintenant que l'image de marque de notre perle a été restaurée, ce n'est pas pour la laisser se noyer sous une inondation de contrefaçons chinoises...
Un des dangers qui menace la Perle de Tahiti à l'international, comme beaucoup d'autres produits de luxe, ce sont les copies chinoises. Et elles deviennent vraiment difficiles à repérer... Aline Baldassari, présidente de la Tahitian Pearl Association of French Polynesia (TPAFP) nous explique ainsi que "ce que nous appelons contrefaçons, ce sont des perles teintées chinoises. Ils utilisent des perles de culture d'eau douce blanches, et ils ont même utilisé des perles du Pacifique de couleur claire, et ils leurs rajoutent de la couleur. Il y a trois-quatre ans, ils teintaient des perles claires venues de Polynésie, de Fiji, de Micronésie, du Vietnam, des Cook, ou des Marshall pour faire des perles chocolat, quand c'était à la mode. Aujourd'hui ils utilisent leurs propres perles de culture d'eau douce, qui sont blanches au départ. La mode des perles couleur chocolat est passée, mais ils arrivent à les teinter en diverses couleurs comme peacock, et ils les vendent comme des perles noires. Seuls les Japonais maitrisent eux-aussi la technique pour teinter les perles, mais ils ne l'utilisent pas, ce sont vraiment les Chinois qui produisent ces fausses perles noires."
Pour la professionnelle, les efforts chinois pour copier les couleurs de nos perles noires commencent à vraiment porter leurs fruits : "Leurs copies ressemblent aujourd'hui terriblement à de vraies perles noires, ils ont beaucoup amélioré leurs techniques. J'ai eu l'occasion d'examiner un bac où étaient mélangées de vraies perles noires de basse qualité avec des perles teintées, et moi-même je n'ai pas réussi à faire la différence à l'œil nu. Donc les clients se font avoir. Ces perles ressemblent vraiment aux nôtres mais à un prix dix fois inférieur ! Ça nous fait du mal. Mais à l'international on ne peut rien faire. Tant qu'ils n'utilisent pas le nom 'Perle de Tahiti' ils ne sont pas en contrefaçon."
AUCUNE SOLUTION ÉCONOMIQUE POUR ASSURER LA TRAÇABILITÉ
Il y a deux ans, nous vous présentions une invention de plusieurs chercheurs français issus du Monaco Gem Lab et de l'Institut Lumière Matière de l'Université Lyon 1 pour créer une sorte d'empreinte digitale des Perles de Tahiti. Il s'agissait de plonger des perles dans un bain de produits chimiques luminescents issus des nanotechnologies, qui les auraient marquées d'une trace invisible. Ce code chimique serait alors lisible avec une machine spéciale. Mais cette invention, nommée Luminapearl, ne semble pas avoir réussi à décoller.
Il faut dire que, comme nous l'explique Aline Baldassari, "si on établit une traçabilité high tech avec un nucléus marqué ou ces nouvelles techniques de marquage, ça ne va rien changer pour nous au niveau commercial. Ici on va augmenter le prix des perles, on aura les papiers, mais arrivé à Hong Kong ils vont reprendre le papier, changer les perles, et les clients n'en sauront rien... Car pour contrôler il faut des machines hors de prix ! Il faudrait une technique bien plus simple et moins onéreuse."
LA SOLUTION : UN LABEL
Pour la présidente du TPAFP, la meilleure façon de protéger notre perle au niveau commercial, c'est de créer un label. "Ça n'a jamais été fait ! J'avais commencé à m'en occuper en 2004, on voulait demander l'appellation d'origine contrôlée. Mais avec la création du statut d'autonomie de 2004, d'un seul coup on ne pouvait plus recevoir l'AOC française. On attendait que le gouvernement crée l'Appellation d'origine contrôlée tahitienne avec une équivalence avec l'AOC française, mais ça n'a jamais été fait. Donc aujourd'hui on reprend cette idée, avec un label."
Comme nous vous l'expliquions dans notre article "Qui peut déposer la marque "Tahiti" ?" de mai 2016, la création de labels et de marques est en effet une solution efficace pour protéger les produits d'un terroir. Le professionnels de la perle sont donc en cours de négociation pour définir le nom du label, établir un cahier des charges, définir les contrôles... Un processus de deux à trois ans, qui est effectué bénévolement par les membres de la Tahitian Pearl Association of French Polynesia.
Pour Aline Baldassari, les dernières mesures de contrôle imposées aux perliculteurs sont déjà tellement strictes que l'application d'un label ne sera qu'une formalité : "Dans le cadre de la dernière loi sur la perliculture, tout est déjà vérifié. L'accent a été mis sur deux choses : savoir combien on produit de perles en Polynésie par an, et la traçabilité. Nous devons déjà déclarer tout ce qu'on achète pour la perle, en particulier ce qui qui est utilisé comme nucléus, et il y a des contrôles. Donc dans la labellisation, nous pourrons imposer un vrai nucléus, l'utilisation d'une vraie nacre des Tuamotu, une production en Polynésie française... Et tout un ensemble de critères qui assurera la qualité et l'origine de la perle. La labellisation sera faite en France et protégée par le droit européen. Tous ceux qui voudront bénéficier de la labellisation devront faire une demande à la TPAFP, il faudra que sa production soit contrôlée pour l'obtenir."
L'intérêt commercial est évident pour cette spécialiste de la vente de nos perles à travers le monde : "L'objectif final est que le label donne confiance aux clients internationaux. Le label est donné par un organisme institutionnel avec des contrôles stricts. Du coup le client ne se posera pas de questions et achètera. Le label donne avant tout confiance au client, il est encore mieux qu'une simple marque puisque la qualité du produit est contrôlée !"
En parallèle, les partenaires hongkongais de la TPAFP vont lancer une grande campagne de vérification pour s'assurer que la marque "Perle de Tahiti" n'est pas usurpée par les producteurs de fausses perles noires. Maintenant que l'image de marque de notre perle a été restaurée, ce n'est pas pour la laisser se noyer sous une inondation de contrefaçons chinoises...