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Un centre de technologies sous-marines à Tahiti : le projet HUS se présente


Découverte des boutures de corail au Criobe de Moorea pendant une visite samedi après-midi, après avoir rencontré la Richard B. Gump Moorea Field Station de Berkeley, également situé à Moorea.
Découverte des boutures de corail au Criobe de Moorea pendant une visite samedi après-midi, après avoir rencontré la Richard B. Gump Moorea Field Station de Berkeley, également situé à Moorea.
PAPEETE, le 9 novembre 2015 - L'association polynésienne Human Underwater Society rassemble en ce moment 9 de ses membres internationaux en Polynésie. Ces scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs vont à la rencontre des institutions, des politiques et des entreprises pour défendre leur projet de créer un centre de recherche et développement sur le Territoire.

Nous vous parlions de ce projet un peu fou en début d'année. La Human Underwater Society (HUS) est une association créée en Polynésie par un passionné de plongée, Olivier Archambaud. Son idée est de créer à Tahiti un grand centre de recherche et développement qui se consacrerait à créer de nouveaux produits high tech sur le sujet très spécifique de la "relation de l'homme à l'eau". En gros les plongeurs, les énergies marines, l'environnement, les constructions sur ou dans l'eau, etc. Le projet prévoit même un bâtiment sous-marin pour tester tous ces prototypes…

La dernière fois que nous avions rencontré Olivier, il avait le soutien de nombreuses organisations du monde entier qui se consacrent aux nouvelles technologies ou à la plongée. Mais en Polynésie, il ne comptait que sur une poignée de bénévoles et quelques rares soutiens, dont ATN et Tearii Alpha. Depuis le projet a grossi avec l'arrivée de nouveaux bénévoles et le soutien de nouvelles entreprises et de la CCISM. "Dans cette aventure il y a 40 personnes qui sont impliquées dans le monde" nous explique Olivier Archambaud. Et l'arrivée d'une importante délégation de membres internationaux de l'association commence à étayer le sujet. Il faut dire que ces invités sont les représentants d'une grande école d'ingénieur parisienne, du CEA Tech (le plus gros laboratoire de France), d'universités, d'une association d'ingénieurs, d'une fondation et de deux start-ups.

ENTRE PROTECTIONS EN DIAMANTS ET CAPTEURS BIOMÉTRIQUES

L'ESIEE Paris a présenté son école d'ingénieurs devant le vice-rectorat, l'ISEPP, l'UPF et la CCISM Formation.
L'ESIEE Paris a présenté son école d'ingénieurs devant le vice-rectorat, l'ISEPP, l'UPF et la CCISM Formation.
Tout ce beau monde rencontre depuis vendredi dernier et jusqu'à demain le monde de l'éducation, de la recherche, de la santé et de l'économie locale, pour les convaincre de soutenir l'initiative. À chaque fois les travaux de certains des membres sont présentés. L'école d'ingénieur ESIEE a ainsi exposé son modèle éducatif, sa salle blanche et son FabLab (laboratoire de prototypage) et proposé de nouer des collaborations pour la formation des jeunes Polynésiens. Aux représentants de la recherche, le CEA Tech a présenté ses technologies permettant de recouvrir les matériaux d'une couche de diamants de synthèse pour leur permettre, entre autres, de résister à l'usure de l'eau de mer. Les capteurs biométriques de la start-up BodyCap seront présentés au CHPF ce mardi. Développés pour surveiller les signes vitaux des plongeurs, ils seraient utilisables pour le suivi médical des patients dans les îles sans hôpitaux…

Le but de toutes ces institutions très high tech est d'utiliser le centre de recherche et développement proposé par HUS pour mettre au point des prototypes utilisant ces technologies innovantes et les tester en conditions réelles. Une grande conférence de deux heures à la CCISM ce lundi soir présentera le projet et les travaux de toute la délégation aux entreprises polynésiennes, et nul doute qu'elles seront nombreuses à être intéressées par ces très hautes technologies à fort potentiel…



Alan Bodner, ingénieur, fondateur de Like A Fish Technologies
(traduit de l'anglais) "Nous sommes une start-up qui développe un système qui peut extraire l'air dissout dans l'eau, pour faire respirer des gens. C'est utilisable par les sous-marins, les habitats sous-marins et peut-être bientôt les plongeurs autonomes. Un jour, des humains pourraient plonger sans bouteille, c'est le but en tous cas. Pour l'instant il nous reste encore du travail pour améliorer l'utilisation de l'énergie, mais nous avons déjà un prototype fonctionnel, donc nous sommes optimistes.

Ce serait utilisable en Polynésie, parce que la plongée ici est magnifique, et vous avez de grandes zones d'eaux très ouvertes, donc riches en oxygène. C'est pour ça que j'ai rejoints la HUS, pour le projet d'habitat sous-marin, je serais très heureux de le fournir avec de l'air puisé directement dans l'eau."

Costantino Balestra, professeur à l'Université Libre de Bruxelles, président de la Société européenne de baromédecine
"Je collabore notamment avec l'Université de Brest et la société BodyCap, qui sont également membres de la HUS. Là je suis en Polynésie parce que je travaille principalement en milieux extrêmes comme l'espace ou le plongeur. Le plongeur est pour nous le meilleur modèle pour comprendre le comportement de l'homme dans ces milieux. C'est un modèle qui ces 15 dernières années s'est révélé très intéressant pour comprendre comment combattre le vieillissement et d'autres phénomènes comme l'oxydation. Ça nous permet de comprendre certains mécanismes, comme le système cardiaque des plongeurs qui semble "vieillir" en quelque sorte pendant quelques heures après une plongée, et bientôt de trouver des médicaments. Par exemple, on a vu que certains effets de la plongée, en particulier l'oxydation, pouvaient être contrés par l'ingestion de 30 grammes de chocolat noir avant la plongée !"

François Guerrero, professeur à l'Université de Brest, spécialiste de la physiologie de la plongée
"En Polynésie, nous sommes venus présenter nos travaux et les mettre en relation avec les travaux des ingénieurs et des chercheurs dans le domaine de la technologie. On est venu échanger nos savoirs pour trouver de nouvelles pistes de développement.

En Polynésie par exemple, les technologies à transférer localement pourraient être liées à la télémédecine, où le patient est équipé de divers capteurs comme ceux développées par BodyCap et le CEA Tech, qui transmettent à distance l'état de santé du patient dans les îles jusqu'au médecin de Papeete, ce qui lui permet de prendre des décisions informées, sans déplacer le patient. On a commencé à travailler là-dessus dans le domaine de la plongée et des maladies cardio-vasculaires."



Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 9 Novembre 2015 à 10:38 | Lu 2130 fois