Tahiti Infos

Un cafouillage administratif plombe les boursiers de l’UPF


Tahiti, le 26 juin 2024 - De nombreux étudiants se plaignent depuis plus d’un mois de ne plus toucher leurs bourses d’étude. Une situation qui serait liée à un changement dans la procédure de vérification des assiduités qui pénalise principalement les boursiers inscrits à l’université.
 
Pour Moetai Brotherson, les bourses aux étudiants pour la rentrée 2024 sont une priorité. Un geste envers l’avenir du Pays qu’il a tenu à souligner lors de sa dernière conférence de presse pour célébrer sa première année de mandature.
 
Mais si les bourses de demain vont pouvoir aider les étudiants de demain, celles d’aujourd’hui inquiètent ceux d’aujourd’hui.
 
En effet, selon ces derniers, ils seraient près de 200 à ne pas avoir reçu leurs bourses d’étude pour les mois d’avril à juin. Un manque à gagner pour eux parfois allant jusque 120 000 francs qui pèse lourd sur leurs finances.
 
Sur les réseaux sociaux, leur détresse commence à s’afficher alors que nombre d’entre eux connaissent des difficultés pour payer leurs locations, leurs forfaits téléphoniques ou encore leurs abonnements internet. Des étudiants qui trouvent portes closes quand ils posent la question sur le blocage des versements.
 
“C’est une situation très désagréable”, nous expliquait une étudiante mardi après-midi. “Nous n’avons aucun versement depuis avril.” Cette situation toucherait principalement les étudiants boursiers de l’université de la Polynésie française.

Cafouillage administratif

En cause, le planning d’assiduité. C’est d’ailleurs ce que répond la DGEE lorsque les étudiants appellent. Un planning qu’ils sont censés remettre deux fois par an pour attester qu’ils assistent bien à leurs cours et peuvent donc continuer à solliciter la bourse d’étude. Seulement, les méandres administratifs semblent avoir considérablement posé des problèmes ces derniers temps. “Avant, c’était la Mouv’e [Maison des œuvres universitaires et de la vie étudiante, NDLR] qui s’en occupait”, expliquait la jeune fille. “Maintenant, on nous dit que c’est la scolarité de l’Université qui doit le faire.”
 
Contactée, un agent de la DGEE, nous explique que c’est à l’étudiant de faire parvenir son planning. Une situation que les plaignants ne comprennent plus. “On nous explique que c’est la scolarité de l’université qui s’en charge, mais la personne est absente. Je suis assidue. J’ai un enfant à charge, des factures… Ces gros retards nous mettent dans la m…”
 
Sur les réseaux sociaux toujours, les jeunes commençent à s’impatienter. Le syndicat Avenir Étudiant partageait son désarroi mardi soir. “Pour la DGEE Polynésie le retard vient de l’Université de la Polynésie française qui n'a toujours pas envoyé les listes d'assiduité pour pouvoir traiter le versement des bourses. Pour l’Université de la Polynésie française qui nous a répondu aujourd'hui, la fin des délibérations d'examens du semestre impair a eu lieu le 14 février 2024, l'assiduité a été remontée à la DGEE et sur l'outil SCOLA (pour les boursiers de l'État), début mars 2024. Ceux pour lesquels la scolarité a indiqué qu'ils étaient absents ou pour lesquels aucune assiduité n'a été communiquée, ont vu leurs mensualités de bourse être suspendues par la DGEE ou le vice-rectorat. Pour les semestres pairs, la fin des délibérations a eu lieu le 13 juin dernier, la scolarité a remonté l'assiduité des boursiers le jeudi 20 juin, la Mouve a remonté l'assiduité à la DGEE, hier [lundi 24 juin] à midi. En clair, les bourses devraient être versées dans le meilleur des cas mi-juillet.”
 
Et pour les étudiants qui ont assisté à leurs cours, mais qui n’ont pas été référencés pour cause de réorganisation de la Mouv’e et de la Scolarité à l'UPF, c’est le trou noir… et les poches vides.
 
Les étudiants annoncent déjà une volonté de rencontrer la DGEE Polynésie, l'Université de la Polynésie française, le vice-rectorat et le ministre de l’Éducation Ronny Teriipaia afin que ces délais soient réduits le plus possibles et que les erreurs – qui se manifestent à leurs dépens – ne se reproduisent pas.
 
“À la veille des élections législatives, nous espérons que les prochains députés s'inquiéteront vraiment de la situation des étudiants”, conclut le message.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mercredi 26 Juin 2024 à 18:19 | Lu 2786 fois