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Un an ferme pour l'agression d'une mère et son bébé à Bora


Tahiti, le 28 mars 2022 – Le tribunal correctionnel a condamné lundi l'employé d'une pension de Bora Bora pour des violences commises sur une jeune mère et son bébé de cinq mois le 23 janvier dernier. Le prévenu, qui a nié les faits en bloc malgré les témoignages accablants, a écopé de trois ans de prison dont deux avec sursis

Il aura eu beau nier les évidences, rien n'y a fait face aux éléments particulièrement concrets du dossier. L'homme de ménage d'une pension de Bora Bora, déjà condamné en janvier pour des faits de violences, a été condamné lundi en comparution immédiate à trois ans de prison dont deux avec sursis. Il a été reconnu coupable de violences volontaires commises sur une mère et son bébé de cinq mois, et d'une agression sexuelle commise sur cette même femme.

Les faits s'étaient déroulés le 23 janvier dernier à Bora Bora alors que la victime rentrait tranquillement de la plage avec son bébé, sa sœur et ses deux nièces dont l'une était âgée de 11 ans. Les deux jeunes femmes marchaient donc vers leur domicile lorsqu'un homme avait surgi derrière elles en scooter. Il s'était avancé vers la victime qui tenait toujours son nourrisson dans ses bras et avait, selon les témoins de la scène, commencer à la frapper violemment en lui assénant plusieurs coups de poing. La mère de famille avait chuté au sol et le prévenu avait continué à lui mettre des coups de pied. Selon les déclarations de la victime, son agresseur lui avait alors arraché sa culotte avant que l'intervention d'un homme ne le fasse fuir.

Légitime défense

Prise en charge par les pompiers puis par les gendarmes, la jeune femme avait expliqué qu'elle connaissait son agresseur, un homme qui avait été hébergé dans sa famille quelques années auparavant. Elle avait également affirmé que cet individu lui avait toujours faits des avances qu'elle n'avait jamais acceptées. Entendu à son tour, le prévenu avait nié les faits en indiquant que c'est la jeune femme qui s'en était prise à lui.
 
Malgré les témoignages précis recueillis dans le cadre de cette affaire, l'homme a tenu la même ligne de conduite lundi devant le tribunal correctionnel que lors de sa garde à vue. “L'histoire est simple. Je me suis avancé vers elle et elle m'a tout de suite donné un coup” a-t-il expliqué avant de préciser qu'il devait “se défendre” car la victime allait le “mettre K-O”. Ce à quoi le président du tribunal, légèrement agacé, lui a répondu : “Avec un bébé dans les bras ? Allez-vous plaider la légitime défense ?” Alors que la jeune femme avait subi une rupture des ligaments croisés et une incapacité totale de travail de 21 jours, le prévenu a dénoncé un “complot” à la barre en affirmant qu'il s'agissait là de blessures qui avaient “ressurgi”. Niant avoir jamais ressenti une quelconque attirance envers la victime, l'homme a ensuite expliqué qu'il vivait désormais en couple avec un homme et que “tout se passait bien”.

La peur de sa vie

Face à la violence de cette agression, l'avocate de la jeune femme et de son bébé, s'est dit “très inquiète” quant aux dénégations du prévenu. “Ma cliente a eu la peur de sa vie et il ne semble toujours pas avoir pris conscience de la gravité des ses actes”. Même constat pour le procureur de la République qui a dénoncé un “acharnement” sur la victime qui était à terre. “Cela dénote le niveau le plus extrême de lâcheté” a-t-elle asséné avant de requérir 45 mois de prison dont 9 avec sursis. 
 
Choisissant une défense dite de “rupture” pour tenter d'amoindrir la lourdeur de la peine requise, Me Armour Lazzari a dépeint lors de sa plaidoirie un jeune homme qui souffre certainement “de questionnements et de doutes sur son identité” et qui ne comprend pas pourquoi il a agi de cette manière. “Il n'a pas supporté de la voir avec son bébé dans les bras alors qu'elle a eu cet enfant avec un autre homme”.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à trois ans de prison dont deux avec sursis probatoire pendant deux ans. Le tout assorti d'un mandat de dépôt.
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 28 Février 2022 à 19:41 | Lu 1418 fois