Kiev, Ukraine | AFP | jeudi 12/05/2022 -La Russie a menacé jeudi la Finlande d'une riposte "militaro-technique" après que ses dirigeants ont annoncé leur volonté d'adhérer "sans délai" à l'Otan, tandis que la tension montait autour des livraisons de gaz russe à l'Europe, perturbées pour le deuxième jour consécutif.
Le président et la Première ministre de Finlande, Sauli Niinistö et Sanna Marin, se sont dit favorables jeudi à une adhésion "sans délai" à l'Otan, prélude à une candidature formelle dimanche de ce pays nordique, qui partage 1.300 km de frontière avec la Russie et fut longtemps contraint à une sorte de neutralité forcée par Moscou.
Si l'adhésion se concrétise, la Russie sera "obligée de prendre des mesures réciproques, militaro-techniques et autres, pour mettre fin aux menaces à sa sécurité nationale", a répliqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, en appelant Helsinki à "prendre conscience de ses responsabilités".
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait auparavant estimé que la réponse de Moscou dépendrait de "l'avancée des infrastructures militaires vers nos frontières".
Côté occidental, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg comme le chancelier allemand Olaf Scholz ont assuré la Finlande de leur soutien.
Si elle postulait, "elle serait chaleureusement accueillie au sein de l'Otan et le processus d'adhésion se déroulerait sans heurts et rapidement", a déclaré M. Stoltenberg.
Inquiètes de la réaction de Moscou à ces probables demandes d'adhésion, Stockholm et Helsinki ont signé dès mercredi des déclarations de protection mutuelle avec le Royaume-Uni.
Tensions énergétiques
La tension montait aussi autour des questions énergétiques.
L'Allemagne, l'un des principaux clients européens du gaz russe, a vu ses livraisons acheminées via l'Ukraine baisser de quelque 40% en deux jours, selon les opérateurs. Le géant gazier russe Gazprom a confirmé mercredi que les volumes livrés à l'Europe via l'Ukraine baisseraient de près de 30% ce jeudi, après une baisse de 18% la veille.
Moscou et Kiev s'en rejettent la responsabilité. Kiev dit depuis mardi ne plus pouvoir garantir les livraisons via les installations de Sokhranivka, dans la région de Lougansk, en raison de la présence des forces armées russes, et a demandé à Gazprom d'accroître les volumes via un autre point de transit, Soudja.
Mais Moscou assure que le transit peut parfaitement se faire via Sokhranivka, alors que réorienter le flot vers Soudja est impossible.
Si les baisses ont été compensées côté allemand par du gaz venu de Norvège et des Pays-Bas, Gazprom a semblé prêt à réduire encore ses livraisons européennes jeudi en annonçant qu'il n'utiliserait plus un gazoduc-clé passant par la Pologne, le Yamal-EuroPol.
Le ministre allemand de l'Energie Robert Habeck a accusé la Russie d'utiliser l'énergie "comme une arme". Outre les perturbations gazières, il a dénoncé les contre-sanctions russes annoncées jeudi contre des sociétés énergétiques occidentales, qui frappent avant tout Gazprom Germania, ex-filiale allemande de Gazprom que l'Etat allemand a pris sous son contrôle pour son importance stratégique.
"Couper l'oxygène énergétique"
Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a assuré jeudi que les sanctions économiques imposées par l'Occident à Moscou affectaient plus l'Europe que la Russie.
"L'obsession" occidentale en matière de sanctions "va aboutir inévitablement aux conséquences les plus difficiles pour l'Union européenne, pour ses citoyens", a-t-il déclaré lors d'une réunion sur la situation économique.
La question des sanctions et des perturbations gazières devrait être au menu de la visite du ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba en Allemagne, où il devait participer vendredi et samedi à une réunion avec ses homologues du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis).
"L'Europe doit couper l'oxygène énergétique" à la Russie et "se débarrasser de sa dépendance du gaz russe", a déclaré jeudi M. Kouleba.
Les 27 pays de l'UE s'efforcent de réduire leur dépendance des hydrocarbures russes depuis le début du conflit, mais n'ont pas réussi pour l'instant à s'entendre sur un embargo progressif sur le pétrole russe.
Plus tôt jeudi, M. Kouleba avait à nouveau plaidé pour une adhésion de son pays à l'UE.
"On entend très souvent que l'Ukraine appartient à la famille européenne, à présent il importe de (lui) réserver cette place" dans l'UE, a-t-il déclaré à la télévision allemande.
Kiev a présenté sa candidature à l'adhésion à l'UE le 28 février, mais certains des 27 pays membres sont sceptiques, y compris sur l'octroi du statut de candidat à l'Ukraine, question sur laquelle une décision est attendue en juin.
Nouvelles frappes russes
En parallèle du G7, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Otan se réuniront aussi vendredi et samedi pour discuter de leur soutien militaire à l'Ukraine et peut-être aussi à la Moldavie.
La cheffe du renseignement américain Avril Haines avait indiqué mardi que Vladimir Poutine n'avait pas l'intention de limiter sa volonté d'occupation au Donbass et au sud de l'Ukraine, et qu'il voulait aller jusqu'en Transdniestrie, région séparatiste prorusse de Moldavie.
Sur le terrain, les combats se poursuivent, et personne ne parle plus de pourparlers de paix depuis plusieurs semaines.
Des frappes aériennes russes ont fait au moins trois morts et 12 blessés dans la nuit de mercredi à jeudi près de Tcherniguiv, dans le nord-est de l'Ukraine, où "des infrastructures critiques, dont des écoles" ont été touchées, selon des responsables locaux.
L'armée russe poursuit par ailleurs son offensive dans le Donbass, où elle grignote du terrain. Ils essaient notamment de prendre "le contrôle total" des localités de Roubijné et de Severodonetsk, selon la présidence ukrainienne.
Les habitants du Donbass ayant refusé d'évacuer sont souvent favorables à Moscou. "Ils donnent aux Russes nos coordonnées, c'est certain", a indiqué à l'AFP un soldat qui utilise le nom de guerre "Zastava", rencontré sur la ligne de front à Novomykolaïvka.
"Liste interminable" d'exactions russes
A Genève, l'Ukraine et ses alliés ont dénoncé jeudi "la liste interminable" des exactions commises par la Russie depuis l'invasion du 24 février, lors d'une session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU boycottée par Moscou.
A l'issue de la réunion, les 47 Etats membres de ce Conseil devaient se prononcer sur un texte demandant que la commission internationale de l'ONU sur l'Ukraine "enquête" sur les exactions russes présumées, "en vue de demander des comptes aux responsables".
Des enquêtes de la Cour pénale internationale et des autorités ukrainiennes sont déjà en cours.
Selon la procureure générale ukrainienne, un premier soldat russe de 21 ans doit être jugé prochainement pour avoir abattu un civil ukrainien de 62 ans non armé, sur son vélo.
Le soldat, Vadim Chichimarin, se déplaçait avec quatre autres soldats russes après l'attaque de leur convoi le 28 février, selon le communiqué de la procureure. Ils auraient volé une voiture dans la région de Soumy (est) et Chichimarin aurait abattu le civil "afin qu'il ne les dénonce pas", selon le communiqué, qui ne précise pas la date du procès.
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit également se réunir sur l'Ukraine jeudi à partir de 14H00 GMT, à la demande de la France et du Mexique.
Le président et la Première ministre de Finlande, Sauli Niinistö et Sanna Marin, se sont dit favorables jeudi à une adhésion "sans délai" à l'Otan, prélude à une candidature formelle dimanche de ce pays nordique, qui partage 1.300 km de frontière avec la Russie et fut longtemps contraint à une sorte de neutralité forcée par Moscou.
Si l'adhésion se concrétise, la Russie sera "obligée de prendre des mesures réciproques, militaro-techniques et autres, pour mettre fin aux menaces à sa sécurité nationale", a répliqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, en appelant Helsinki à "prendre conscience de ses responsabilités".
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait auparavant estimé que la réponse de Moscou dépendrait de "l'avancée des infrastructures militaires vers nos frontières".
Côté occidental, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg comme le chancelier allemand Olaf Scholz ont assuré la Finlande de leur soutien.
Si elle postulait, "elle serait chaleureusement accueillie au sein de l'Otan et le processus d'adhésion se déroulerait sans heurts et rapidement", a déclaré M. Stoltenberg.
Inquiètes de la réaction de Moscou à ces probables demandes d'adhésion, Stockholm et Helsinki ont signé dès mercredi des déclarations de protection mutuelle avec le Royaume-Uni.
Tensions énergétiques
La tension montait aussi autour des questions énergétiques.
L'Allemagne, l'un des principaux clients européens du gaz russe, a vu ses livraisons acheminées via l'Ukraine baisser de quelque 40% en deux jours, selon les opérateurs. Le géant gazier russe Gazprom a confirmé mercredi que les volumes livrés à l'Europe via l'Ukraine baisseraient de près de 30% ce jeudi, après une baisse de 18% la veille.
Moscou et Kiev s'en rejettent la responsabilité. Kiev dit depuis mardi ne plus pouvoir garantir les livraisons via les installations de Sokhranivka, dans la région de Lougansk, en raison de la présence des forces armées russes, et a demandé à Gazprom d'accroître les volumes via un autre point de transit, Soudja.
Mais Moscou assure que le transit peut parfaitement se faire via Sokhranivka, alors que réorienter le flot vers Soudja est impossible.
Si les baisses ont été compensées côté allemand par du gaz venu de Norvège et des Pays-Bas, Gazprom a semblé prêt à réduire encore ses livraisons européennes jeudi en annonçant qu'il n'utiliserait plus un gazoduc-clé passant par la Pologne, le Yamal-EuroPol.
Le ministre allemand de l'Energie Robert Habeck a accusé la Russie d'utiliser l'énergie "comme une arme". Outre les perturbations gazières, il a dénoncé les contre-sanctions russes annoncées jeudi contre des sociétés énergétiques occidentales, qui frappent avant tout Gazprom Germania, ex-filiale allemande de Gazprom que l'Etat allemand a pris sous son contrôle pour son importance stratégique.
"Couper l'oxygène énergétique"
Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a assuré jeudi que les sanctions économiques imposées par l'Occident à Moscou affectaient plus l'Europe que la Russie.
"L'obsession" occidentale en matière de sanctions "va aboutir inévitablement aux conséquences les plus difficiles pour l'Union européenne, pour ses citoyens", a-t-il déclaré lors d'une réunion sur la situation économique.
La question des sanctions et des perturbations gazières devrait être au menu de la visite du ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba en Allemagne, où il devait participer vendredi et samedi à une réunion avec ses homologues du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis).
"L'Europe doit couper l'oxygène énergétique" à la Russie et "se débarrasser de sa dépendance du gaz russe", a déclaré jeudi M. Kouleba.
Les 27 pays de l'UE s'efforcent de réduire leur dépendance des hydrocarbures russes depuis le début du conflit, mais n'ont pas réussi pour l'instant à s'entendre sur un embargo progressif sur le pétrole russe.
Plus tôt jeudi, M. Kouleba avait à nouveau plaidé pour une adhésion de son pays à l'UE.
"On entend très souvent que l'Ukraine appartient à la famille européenne, à présent il importe de (lui) réserver cette place" dans l'UE, a-t-il déclaré à la télévision allemande.
Kiev a présenté sa candidature à l'adhésion à l'UE le 28 février, mais certains des 27 pays membres sont sceptiques, y compris sur l'octroi du statut de candidat à l'Ukraine, question sur laquelle une décision est attendue en juin.
Nouvelles frappes russes
En parallèle du G7, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Otan se réuniront aussi vendredi et samedi pour discuter de leur soutien militaire à l'Ukraine et peut-être aussi à la Moldavie.
La cheffe du renseignement américain Avril Haines avait indiqué mardi que Vladimir Poutine n'avait pas l'intention de limiter sa volonté d'occupation au Donbass et au sud de l'Ukraine, et qu'il voulait aller jusqu'en Transdniestrie, région séparatiste prorusse de Moldavie.
Sur le terrain, les combats se poursuivent, et personne ne parle plus de pourparlers de paix depuis plusieurs semaines.
Des frappes aériennes russes ont fait au moins trois morts et 12 blessés dans la nuit de mercredi à jeudi près de Tcherniguiv, dans le nord-est de l'Ukraine, où "des infrastructures critiques, dont des écoles" ont été touchées, selon des responsables locaux.
L'armée russe poursuit par ailleurs son offensive dans le Donbass, où elle grignote du terrain. Ils essaient notamment de prendre "le contrôle total" des localités de Roubijné et de Severodonetsk, selon la présidence ukrainienne.
Les habitants du Donbass ayant refusé d'évacuer sont souvent favorables à Moscou. "Ils donnent aux Russes nos coordonnées, c'est certain", a indiqué à l'AFP un soldat qui utilise le nom de guerre "Zastava", rencontré sur la ligne de front à Novomykolaïvka.
"Liste interminable" d'exactions russes
A Genève, l'Ukraine et ses alliés ont dénoncé jeudi "la liste interminable" des exactions commises par la Russie depuis l'invasion du 24 février, lors d'une session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU boycottée par Moscou.
A l'issue de la réunion, les 47 Etats membres de ce Conseil devaient se prononcer sur un texte demandant que la commission internationale de l'ONU sur l'Ukraine "enquête" sur les exactions russes présumées, "en vue de demander des comptes aux responsables".
Des enquêtes de la Cour pénale internationale et des autorités ukrainiennes sont déjà en cours.
Selon la procureure générale ukrainienne, un premier soldat russe de 21 ans doit être jugé prochainement pour avoir abattu un civil ukrainien de 62 ans non armé, sur son vélo.
Le soldat, Vadim Chichimarin, se déplaçait avec quatre autres soldats russes après l'attaque de leur convoi le 28 février, selon le communiqué de la procureure. Ils auraient volé une voiture dans la région de Soumy (est) et Chichimarin aurait abattu le civil "afin qu'il ne les dénonce pas", selon le communiqué, qui ne précise pas la date du procès.
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit également se réunir sur l'Ukraine jeudi à partir de 14H00 GMT, à la demande de la France et du Mexique.