Sloviansk, Ukraine | AFP | lundi 04/07/2022 - Vladimir Poutine a ordonné lundi aux forces russes de poursuivre leur offensive dans l'est de l'Ukraine après la prise de la ville stratégique de Lyssytchansk, et alors que s'ouvrait en Suisse une conférence internationale pour préparer la reconstruction à venir du pays.
"La reconstruction de l'Ukraine est la tâche commune de tout le monde démocratique" et "la contribution la plus importante à la paix dans le monde", a jugé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s'exprimant en visioconférence à l'ouverture de cette rencontre organisée à Lugano, dans le sud de la Confédération helvétique.
La conférence, qui doit s'achever mardi, se tient alors que l'issue de la guerre déclenchée le 24 février par l'invasion russe de l'Ukraine reste incertaine.
A Moscou, lors d'un entretien avec son ministre de la Défense Sergueï Choïgou, le président russe a de son côté donné l'ordre à ses forces militaires de "mener à bien leurs missions selon les plans déjà approuvés".
Dimanche soir, l'état-major ukrainien avait annoncé le retrait des forces engagées à Lyssytchansk, dernier bastion tenu par Kiev dans la région de Lougansk, que Moscou dit désormais contrôler totalement.
Pour les forces ukrainiennes, l'urgence est désormais de contenir la progression russe vers l'ouest et deux villes majeures de la région voisine de Donetsk : Sloviansk et Kramatorsk.
"Débordement progressif"
Après la prise de Lyssytchansk, pièce maîtresse du plan de conquête du Donbass, bassin industriel en partie contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014, "l'effort principal de l'ennemi [...] vise à un débordement progressif" des forces ukrainiennes sur cet axe, a indiqué lundi l'état-major ukrainien.
Selon le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kirilenko, dix personnes, dont deux enfants, ont péri dimanche dans des frappes russes, à Sloviansk et dans les environs.
Alors que la ligne de front se rapproche de Sloviansk, les autorités ukrainiennes appellent les habitants à quitter la zone.
Les rues de la ville étaient presque désertes lundi matin, selon des journalistes de l'AFP sur place. Sur le marché du centre-ville ravagé par un incendie provoqué par une frappe russe, quelques vendeurs proposaient des produits de première nécessité tandis que d’autres déblayaient des débris calcinés.
Des vendeurs et habitants faisaient part de leur inquiétude pour les jours et semaines à venir, alors que l'on pouvait entendre le bruit des bombardements.
A Siversk, entre Lyssytchansk et Sloviansk, les forces ukrainiennes semblent vouloir tenir une ligne de défense entre cette ville et Bakhmout, plus au sud. Les habitants interrogés par l'AFP évoquent des bombardements de plus en plus intenses sur Siversk ces derniers jours.
"L'ennemi a intensifié ses bombardements sur nos positions dans la direction de Bakhmout", a confirmé l'état-major de l'armée ukrainienne.
Le ministère de la Défense russe a affirmé de son côté avoir détruit "sept postes de commandement" ukrainiens au cours des dernières 24 heures, "dont celui de la 25e brigade aéroportée dans la région de Siversk". Des affirmations impossibles à vérifier de source indépendante.
104 milliards de dollars
A Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est du pays, trois civils sont morts dans des bombardements survenus lundi avant l'aube, selon les autorités locales.
A Boutcha, ville-martyre dans la banlieue de Kiev, même si certains se sont remis à planter des fleurs au pied des immeubles ou à s'affairer au potager, les habitants n'osent pas encore penser à la reconstruction, quand l'issue des combats reste si incertaine. Ici, les stigmates des combats sont encore visibles partout: vitres brisées, impacts de balles, murs éventrés...
"On va se coucher sans savoir si on se réveillera demain", souffle Vera Semeniouk, 65 ans. "Tout le monde est revenu, commence à réparer les maisons, beaucoup posent de nouvelles fenêtres. Ce serait terrible si ça recommençait et qu'il faille à nouveau tout quitter".
Alors que l'issue de la guerre est incertaine, la conférence de Lugano doit tenter lundi et mardi de dessiner les contours de la future reconstruction de l'Ukraine.
La "tâche est vraiment colossale" ne serait-ce que dans les territoires libérés, a reconnu dimanche Volodymyr Zelensky. Les organisateurs de la conférence espéraient sa venue en personne mais il a participé, comme il en a désormais l'habitude, par visioconférence à cette réunion rassemblant les responsables des alliés de l'Ukraine, des institutions internationales mais aussi le secteur privé.
La conférence avait été planifiée bien avant la guerre et devait initialement se concentrer sur les réformes en Ukraine et notamment la lutte contre la corruption.
Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal et le président du Parlement, Rouslan Stefantchouk, sont arrivés à Lugano dès dimanche. Ils doivent y rencontrer notamment la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, pour poser les bases d'un "Plan Marshall" pour l'Ukraine. Les chiffrages vont de dizaines à des centaines de milliards de dollars.
Robert Mardini, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, a jugé sur la chaîne publique suisse RTS que si la reconstruction à proprement parler devra attendre la fin des combats, il est cependant vital de donner "une perspective positive aux civils".
La Kyiv School of Economics (KSE) a estimé les dommages causés jusqu'à présent aux bâtiments et aux infrastructures à près de 104 milliards de dollars. L'économie du pays aurait déjà perdu 600 milliards de dollars selon certaines estimations.
La Banque européenne d'investissement (BEI) doit proposer la création d'un nouveau fonds pour l'Ukraine, qui pourrait atteindre 100 milliards d'euros, selon des sources informées.
Le Royaume-Uni, l'un des alliés les plus actifs de l'Ukraine, soutiendra notamment la reconstruction de la ville et de la région de Kiev à la demande du président Zelensky, a indiqué le Foreign Office dimanche.
"La reconstruction de l'Ukraine est la tâche commune de tout le monde démocratique" et "la contribution la plus importante à la paix dans le monde", a jugé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s'exprimant en visioconférence à l'ouverture de cette rencontre organisée à Lugano, dans le sud de la Confédération helvétique.
La conférence, qui doit s'achever mardi, se tient alors que l'issue de la guerre déclenchée le 24 février par l'invasion russe de l'Ukraine reste incertaine.
A Moscou, lors d'un entretien avec son ministre de la Défense Sergueï Choïgou, le président russe a de son côté donné l'ordre à ses forces militaires de "mener à bien leurs missions selon les plans déjà approuvés".
Dimanche soir, l'état-major ukrainien avait annoncé le retrait des forces engagées à Lyssytchansk, dernier bastion tenu par Kiev dans la région de Lougansk, que Moscou dit désormais contrôler totalement.
Pour les forces ukrainiennes, l'urgence est désormais de contenir la progression russe vers l'ouest et deux villes majeures de la région voisine de Donetsk : Sloviansk et Kramatorsk.
"Débordement progressif"
Après la prise de Lyssytchansk, pièce maîtresse du plan de conquête du Donbass, bassin industriel en partie contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014, "l'effort principal de l'ennemi [...] vise à un débordement progressif" des forces ukrainiennes sur cet axe, a indiqué lundi l'état-major ukrainien.
Selon le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kirilenko, dix personnes, dont deux enfants, ont péri dimanche dans des frappes russes, à Sloviansk et dans les environs.
Alors que la ligne de front se rapproche de Sloviansk, les autorités ukrainiennes appellent les habitants à quitter la zone.
Les rues de la ville étaient presque désertes lundi matin, selon des journalistes de l'AFP sur place. Sur le marché du centre-ville ravagé par un incendie provoqué par une frappe russe, quelques vendeurs proposaient des produits de première nécessité tandis que d’autres déblayaient des débris calcinés.
Des vendeurs et habitants faisaient part de leur inquiétude pour les jours et semaines à venir, alors que l'on pouvait entendre le bruit des bombardements.
A Siversk, entre Lyssytchansk et Sloviansk, les forces ukrainiennes semblent vouloir tenir une ligne de défense entre cette ville et Bakhmout, plus au sud. Les habitants interrogés par l'AFP évoquent des bombardements de plus en plus intenses sur Siversk ces derniers jours.
"L'ennemi a intensifié ses bombardements sur nos positions dans la direction de Bakhmout", a confirmé l'état-major de l'armée ukrainienne.
Le ministère de la Défense russe a affirmé de son côté avoir détruit "sept postes de commandement" ukrainiens au cours des dernières 24 heures, "dont celui de la 25e brigade aéroportée dans la région de Siversk". Des affirmations impossibles à vérifier de source indépendante.
104 milliards de dollars
A Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est du pays, trois civils sont morts dans des bombardements survenus lundi avant l'aube, selon les autorités locales.
A Boutcha, ville-martyre dans la banlieue de Kiev, même si certains se sont remis à planter des fleurs au pied des immeubles ou à s'affairer au potager, les habitants n'osent pas encore penser à la reconstruction, quand l'issue des combats reste si incertaine. Ici, les stigmates des combats sont encore visibles partout: vitres brisées, impacts de balles, murs éventrés...
"On va se coucher sans savoir si on se réveillera demain", souffle Vera Semeniouk, 65 ans. "Tout le monde est revenu, commence à réparer les maisons, beaucoup posent de nouvelles fenêtres. Ce serait terrible si ça recommençait et qu'il faille à nouveau tout quitter".
Alors que l'issue de la guerre est incertaine, la conférence de Lugano doit tenter lundi et mardi de dessiner les contours de la future reconstruction de l'Ukraine.
La "tâche est vraiment colossale" ne serait-ce que dans les territoires libérés, a reconnu dimanche Volodymyr Zelensky. Les organisateurs de la conférence espéraient sa venue en personne mais il a participé, comme il en a désormais l'habitude, par visioconférence à cette réunion rassemblant les responsables des alliés de l'Ukraine, des institutions internationales mais aussi le secteur privé.
La conférence avait été planifiée bien avant la guerre et devait initialement se concentrer sur les réformes en Ukraine et notamment la lutte contre la corruption.
Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal et le président du Parlement, Rouslan Stefantchouk, sont arrivés à Lugano dès dimanche. Ils doivent y rencontrer notamment la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, pour poser les bases d'un "Plan Marshall" pour l'Ukraine. Les chiffrages vont de dizaines à des centaines de milliards de dollars.
Robert Mardini, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, a jugé sur la chaîne publique suisse RTS que si la reconstruction à proprement parler devra attendre la fin des combats, il est cependant vital de donner "une perspective positive aux civils".
La Kyiv School of Economics (KSE) a estimé les dommages causés jusqu'à présent aux bâtiments et aux infrastructures à près de 104 milliards de dollars. L'économie du pays aurait déjà perdu 600 milliards de dollars selon certaines estimations.
La Banque européenne d'investissement (BEI) doit proposer la création d'un nouveau fonds pour l'Ukraine, qui pourrait atteindre 100 milliards d'euros, selon des sources informées.
Le Royaume-Uni, l'un des alliés les plus actifs de l'Ukraine, soutiendra notamment la reconstruction de la ville et de la région de Kiev à la demande du président Zelensky, a indiqué le Foreign Office dimanche.