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Ukraine: 19 morts dans des frappes près d'Odessa, Berlin dénonce une attaque "inhumaine"


Oleksandr GIMANOV / AFP
Oleksandr GIMANOV / AFP
Kiev, Ukraine | AFP | vendredi 01/07/2022 - Au moins 19 personnes ont été tuées lors de frappes sur des immeubles de la région d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, selon Kiev, une attaque jugée "inhumaine et cynique" par Berlin.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, deux missiles ont été tirés par un "avion stratégique" depuis la mer Noire, frappant des immeubles, selon les services d'urgence ukrainiens.

Toujours provisoire, "le bilan est de 19 morts et 38 blessés, dont six enfants", a déclaré Serguiï Krouk, chef du Service national d'urgence d'Ukraine.

La première frappe a "touché un immeuble résidentiel de neuf étages, dans la région de Bilgorod-Dniester", à environ 80 km au sud d'Odessa, selon le porte-parole de l'administration de la région d'Odessa, Serguiï Bratchouk.

Au Kremlin, le porte-parole Dmitri Peskov, interrogé sur le sujet, a assuré que "les forces armées de Russie n’opèrent pas sur des cibles civiles" en Ukraine.

A Berlin, le gouvernement a condamné l'attaque. "La partie russe, qui parle une nouvelle fois de dommages collatéraux, est inhumaine et cynique", a déclaré le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit.

Soutien indéfectible de l'Otan 

Cette frappe est intervenue après que l'Otan a promis son soutien indéfectible à l'Ukraine, jeudi lors d'un sommet à Madrid.

"Toute l'Alliance restera aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra pour assurer qu'elle ne soit pas battue par la Russie", a déclaré le président américain Joe Biden. "Cela ne se finira pas par une défaite de l'Ukraine".

Plusieurs Etats membres de l'Otan ont annoncé de nouvelles aides militaires à l'Ukraine: le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est engagé sur une rallonge d'un milliard de livres (1,16 milliard d'euros), Joe Biden sur 800 millions de dollars supplémentaires.

Moscou a rétorqué par la voix de son ministre des Affaires étrangères: "Le rideau de fer, de fait, il est déjà en train de s'abattre", a dit Sergueï Lavrov, reprenant cette expression née avec la Guerre froide et tombée en désuétude après la chute du mur de Berlin en 1989.

Il réagissait à la feuille de route stratégique que venait d'adopter l'Alliance atlantique, qui désigne désormais la Russie comme "la menace la plus significative et directe pour la sécurité" des membres de l'Otan.

- Les Russes quittent l'île aux Serpents -
Sur le front, l'Ukraine s'est félicité du départ des forces russes de l'île aux Serpents, qu'elles avaient prise dès les premières heures de leur offensive, une victoire hautement symbolique pour Kiev.

Moscou a affirmé retirer ses troupes "en signe de bonne volonté", ses objectifs ayant été "atteints", et pour faciliter les exportations de céréales ukrainiennes d'Ukraine par la mer Noire.

Cet îlot militarisé est situé au sud-ouest d'Odessa, le plus grand port ukrainien où ont été amassées des millions de tonnes de grains, et face à l'embouchure du Danube.

La version des militaires ukrainiens est radicalement différente: les Russes ont abandonné l'île aux Serpents parce qu'ils se sont retrouvés "dans l'incapacité de résister au feu de notre artillerie, de nos missiles et de nos frappes aériennes".

"L'île aux Serpents est un point stratégique et cela change considérablement la situation en mer Noire", a estimé le président Voldymyr Zelensky.

En revanche, il a admis que la situation demeurait "extrêmement difficile" à Lyssytchansk, ville du bassin industriel du Donbass, région de l'Est ukrainien où se concentrent la majeure partie des combats.

"Les forces (russes) sont arrivées aux portes de Lyssytchansk. L'armée ukrainienne subit de lourdes pertes", a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué vendredi.

"L'évacuation de Lyssytchansk n'est pas possible pour le moment", car les Russes "tentent d'encercler notre armée par le sud et l'ouest" près de la ville, a indiqué sur Telegram Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk. 

Lyssytchansk est la dernière grande cité à ne pas être encore aux mains des Russes dans la région de Lougansk, l'une des deux provinces du Donbass, que Moscou entend entièrement contrôler.

Dans la région de Kharkiv (nord-est), le gouverneur Oleg Sinegoubov a signalé vendredi quatre morts et trois blessés ces dernières 24 heures (trois morts et deux blessés à Izioum, un mort et un blessé à Tchouhouiv).

A Kherson, dans le sud, des hélicoptères ukrainiens ont frappé "une concentration de troupes et équipement militaires de l'ennemi" près de Bilozerka, a indiqué vendredi l'armée ukrainienne, faisant état de "35 morts" parmi les soldats russes et de blindés ennemis détruits.

Kiev exporte de l'électricité 

Sur le front diplomatique, la présidente de la Commission européenne Ursula van der Leyen, s'adressant vendredi par vidéo au parlement ukrainien, l'a appelé à accélérer ses réformes contre la corruption, dans le cadre de sa candidature à l'UE acceptée la semaine dernière par les dirigeants des 27 Etats membres de l'Union. 

Louant les réformes déjà menées, elle a jugé que "désormais ces institutions ont besoin de moyens d'action et des bonnes personnes aux postes de responsabilités", réclamant "que le nouveau chef du parquet spécialisé dans la lutte contre la corruption et le nouveau directeur du Bureau national ukrainien de lutte contre la corruption soient nommés dès que possible".

Elle a aussi salué l'adoption d'une loi visant à défaire "l'influence excessive des oligarques sur l'économie", dont l'Ukraine doit désormais assurer la "mise en oeuvre d'une manière juridiquement solide".

Enfin, Mme von der Leyen a demandé l'adoption d'une "loi sur les médias, qui rende la législation ukrainienne conforme aux normes de l'Union européenne et dote l'autorité indépendante de régulation des médias des moyens nécessaires".

"Maintenant nous sommes ensemble" et c'est "un grand honneur et une grande responsabilité", avait déclaré avant elle le président Zelensky devant le parlement, soulignant que "l'Ukraine se bat pour choisir ses valeurs, pour être dans la famille européenne".

La veille, il avait annoncé que l'Ukraine avait "commencé à exporter de manière significative de l'électricité vers le territoire de l'UE, vers la Roumanie", pointant "une étape importante de notre rapprochement avec l'Union européenne".

"Nous nous préparons à augmenter les livraisons", a-t-il ajouté, en soulignant que "l'électricité ukrainienne peut remplacer une part considérable" du gaz russe consommé par les Européens.

Le réseau électrique ukrainien avait été connecté au réseau européen mi-mars, ce qui devait aider le pays à préserver son fonctionnement malgré la guerre. 

"Cela apportera une source supplémentaire d'électricité pour l'UE. Et des revenus indispensables à l'Ukraine. Nous sommes donc tous deux gagnants", avait tweeté de son côté jeudi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Vendredi, l'Unesco a placé la culture du borchtch ukrainien, une soupe aux betteraves, sur sa liste du patrimoine mondial immatériel en péril.

"L'existence de cette soupe en elle-même certes n'est pas en péril en soi, mais c'est le patrimoine humain et vivant qui est associé au borchtch qui est lui en péril immédiat" à cause de la guerre, selon l'Unesco. 

"A nous la victoire dans la guerre du borchtch", a réagi sur Telegram le ministre ukrainien de la Culture Oleksandr Tkatchenko.

le Vendredi 1 Juillet 2022 à 06:22 | Lu 190 fois