AUSTRALES, le 07/09/2017 - Les étals dans les commerces se vident petit à petit, c'est la même chose pour le carburant et le gaz. Mais ce qui inquiète réellement les maires des cinq îles, c'est la restauration scolaire qui pourrait devenir catastrophique dans les jours à venir. Cette situation impacte aussi les agriculteurs et les pensions de familles.
Depuis l'immobilisation du Tuhaa Pae, les tensions sont palpables aux Australes, même si chacun arrive encore à gérer son stock. Mais pour combien de temps ? D'après les témoignages que nous avons recueillis, l'idéal serait qu'un bateau puisse desservir leurs îles d'ici la semaine prochaine.
Depuis l'immobilisation du Tuhaa Pae, les tensions sont palpables aux Australes, même si chacun arrive encore à gérer son stock. Mais pour combien de temps ? D'après les témoignages que nous avons recueillis, l'idéal serait qu'un bateau puisse desservir leurs îles d'ici la semaine prochaine.
LES ÉTALS SE VIDENT DANS LES COMMERCES
Avec ce problème de transport maritime, les habitants se précipitent de faire leurs achats dans les commerces. "Les étals commencent à se vider", souligne Georges Hatitio, maire de Rimatara. "Ma commune ne peut pas vivre plus de 15 jours sans qu'il y ait de livraison de marchandises", prévient Frédéric Riveta, maire de Rurutu. Le scénario est le même du côté de Tubuai et de Raivavae. À Rapa, la situation serait stable parce que "nous sommes habitués du fait que le bateau ne passe pas tous les 15 jours chez nous", explique Narii Tuaneinei, tāvana de Rapa.
Mais ce qui inquiète réellement les tāvana, c'est la restauration scolaire qui pourrait ne plus être assurée, si la situation perdure. "J'ai rencontré le principal du collège mercredi, et il m'a dit que s'il n'y a pas de bateau la semaine prochaine, ils n'auront pas assez de mā'a pour nourrir les élèves. Les aliments viennent de Tahiti, comme la viande et le poulet. Nous ne pouvons pas abattre les animaux chez nous, le service de l'hygiène nous l'interdit. Nous sommes obligés de commander sur Tahiti", avance Sylvain Viriamu, 1er adjoint au maire de Tubuai. "J'ai plus de 200 élèves au niveau du collège qui n'auront pas leur approvisionnement en ce qui concerne certaines demandes (viande, poulet par exemple). J'ai plus de 300 élèves au niveau des primaires et maternelles aussi à nourrir", rajoute le tāvana de Rurutu.
Dans un communiqué adressé aux parents d'élèves de Rapa et Raivavae, le principal du collège de Tubuai, Jérôme Bost les informe que "tous les services de l’État et du Pays œuvrent pour que les élèves ne soient pas trop affectés par cette situation. Des solutions sont en train de se mettre en place, et toutes les priorités ont été portées sur le ravitaillement de l'internat".
Mais ce qui inquiète réellement les tāvana, c'est la restauration scolaire qui pourrait ne plus être assurée, si la situation perdure. "J'ai rencontré le principal du collège mercredi, et il m'a dit que s'il n'y a pas de bateau la semaine prochaine, ils n'auront pas assez de mā'a pour nourrir les élèves. Les aliments viennent de Tahiti, comme la viande et le poulet. Nous ne pouvons pas abattre les animaux chez nous, le service de l'hygiène nous l'interdit. Nous sommes obligés de commander sur Tahiti", avance Sylvain Viriamu, 1er adjoint au maire de Tubuai. "J'ai plus de 200 élèves au niveau du collège qui n'auront pas leur approvisionnement en ce qui concerne certaines demandes (viande, poulet par exemple). J'ai plus de 300 élèves au niveau des primaires et maternelles aussi à nourrir", rajoute le tāvana de Rurutu.
Dans un communiqué adressé aux parents d'élèves de Rapa et Raivavae, le principal du collège de Tubuai, Jérôme Bost les informe que "tous les services de l’État et du Pays œuvrent pour que les élèves ne soient pas trop affectés par cette situation. Des solutions sont en train de se mettre en place, et toutes les priorités ont été portées sur le ravitaillement de l'internat".
À Tubuai, le principal du collège de Mataura assure que des mesures sont prises pour éviter le pire.
LE CARBURANT, RÉEL SOUCI CES PROCHAINS JOURS
À Tubuai, on limite à 1 500 francs le remplissage du carburant par véhicule.
En ce qui concerne le carburant, la situation est stable pour le moment. Mais cela deviendra un réel problème dans les jours à venir. "Il ne faudra pas attendre la fin du mois", prévient Georges Hatitio, maire de Rimatara.
À Rurutu, la station ne peut plus fournir de carburant. "Je n'ai que 1 500 litres de carburant qui reste à la commune. Et je ne peux plus donner aux administrés de Rurutu. Je vais garder pour intervenir soit au niveau des feux ou des ambulances…", dit Frédéric Riveta.
A Tubuai, on limite "le remplissage des véhicules à 1 500 francs par voiture ou deux-roues. Et si aucune solution n'est trouvée, ça risque de baisser et de tomber à 1 000 francs par véhicule", décrit le 1er adjoint au maire.
À Rurutu, la station ne peut plus fournir de carburant. "Je n'ai que 1 500 litres de carburant qui reste à la commune. Et je ne peux plus donner aux administrés de Rurutu. Je vais garder pour intervenir soit au niveau des feux ou des ambulances…", dit Frédéric Riveta.
A Tubuai, on limite "le remplissage des véhicules à 1 500 francs par voiture ou deux-roues. Et si aucune solution n'est trouvée, ça risque de baisser et de tomber à 1 000 francs par véhicule", décrit le 1er adjoint au maire.
LES AGRICULTEURS SONT IMPACTES
Pe'ape'a aussi chez les agriculteurs de l'archipel, puisque nous entrons dans la période des récoltes. "Ce dimanche, ça fera 15 jours que mes carottes sont à la coopérative. J'ai payé 7 francs le kilo pour 15 jours, soit 200 000 francs. Et à partir de lundi, on devra payer en plus 1 francs le kilo par jour", décrit Laurent Viriamu, agriculteur de Tubuai.
Pour l'heure, l'agriculteur a 26 tonnes de carottes qui sont stockées à la coopérative de Tuhaa Pae Frais. "Là, nous avons encore des carottes à récolter, ainsi que des choux, poivrons, courgettes, pommes de terre", précise Elise Viriamu, son épouse. "Nous sommes à près de 80 tonnes de légumes à transporter sur Tahiti", rajoute Laurent Viriamu.
Et pour les agriculteurs, l'idéal serait que le bateau qui remplacera le Tuhaa Pae puisse transporter tous les légumes. "Ce matin (jeudi NDLR), j'ai entendu que ce sera le Mareva Nui qui devrait remplacer le Tuhaa Pae. Ça pourrait nous poser un problème parce que ce bateau a déjà desservi nos îles dans les années 90, et il ne peut pas contenir toutes nos marchandises", s'inquiète Laurent Viriamu.
Pour l'heure, l'agriculteur a 26 tonnes de carottes qui sont stockées à la coopérative de Tuhaa Pae Frais. "Là, nous avons encore des carottes à récolter, ainsi que des choux, poivrons, courgettes, pommes de terre", précise Elise Viriamu, son épouse. "Nous sommes à près de 80 tonnes de légumes à transporter sur Tahiti", rajoute Laurent Viriamu.
Et pour les agriculteurs, l'idéal serait que le bateau qui remplacera le Tuhaa Pae puisse transporter tous les légumes. "Ce matin (jeudi NDLR), j'ai entendu que ce sera le Mareva Nui qui devrait remplacer le Tuhaa Pae. Ça pourrait nous poser un problème parce que ce bateau a déjà desservi nos îles dans les années 90, et il ne peut pas contenir toutes nos marchandises", s'inquiète Laurent Viriamu.
Laurent et Elise Viriamu, agriculteurs de Tubuai.
PROBLÈME AUSSI POUR LE TOURISME
Aux Australes comme partout ailleurs, beaucoup de familles vivent également du tourisme.
Nous avons rencontré Eléonore White, gérante d'une pension de famille à Raivavae. Pour elle, cette situation ne peut plus durer. "Comment allons-nous faire pour promener nos touristes ou pour aller les chercher à l'aéroport, vu que nous n'aurons plus de carburant". Mais il n'y a pas que ça : "Nous prenons notre eau à Tahiti. Nous ne pouvons pas les mettre par avion, ça nous reviendrait trop cher et en plus c'est trop lourd", regrette Eléonore.
Conscient de ces différents problèmes, le P-dg de la société Tuhaa Pae fait de son mieux pour résoudre la situation. Et ce jeudi, les rumeurs allaient bon train. On entendait dire que le Mareva Nui devrait partir aux Australes dès mercredi prochain. Mais il n'en sera rien. "Nous avons du fret aussi à livrer aux Tuamotu, la semaine prochaine", explique Turia Richmond, fille de l'armateur. "Nous avons proposé de partir pour les Australes le 27 septembre. Nous attendons la réponse du Tuhaa Pae", poursuit-elle.
Une configuration qui inquiète les habitants des Australes. Reste à savoir si le Pays agira pour rétablir la situation. "On se sent pris en otage", s'écrie Hana, habitante de Tubuai. "Voilà les inconvénients quand on donne la gestion des transports à une société. Nous sommes à la merci d'un armateur", conclut Frédéric Riveta.
Nous avons rencontré Eléonore White, gérante d'une pension de famille à Raivavae. Pour elle, cette situation ne peut plus durer. "Comment allons-nous faire pour promener nos touristes ou pour aller les chercher à l'aéroport, vu que nous n'aurons plus de carburant". Mais il n'y a pas que ça : "Nous prenons notre eau à Tahiti. Nous ne pouvons pas les mettre par avion, ça nous reviendrait trop cher et en plus c'est trop lourd", regrette Eléonore.
Conscient de ces différents problèmes, le P-dg de la société Tuhaa Pae fait de son mieux pour résoudre la situation. Et ce jeudi, les rumeurs allaient bon train. On entendait dire que le Mareva Nui devrait partir aux Australes dès mercredi prochain. Mais il n'en sera rien. "Nous avons du fret aussi à livrer aux Tuamotu, la semaine prochaine", explique Turia Richmond, fille de l'armateur. "Nous avons proposé de partir pour les Australes le 27 septembre. Nous attendons la réponse du Tuhaa Pae", poursuit-elle.
Une configuration qui inquiète les habitants des Australes. Reste à savoir si le Pays agira pour rétablir la situation. "On se sent pris en otage", s'écrie Hana, habitante de Tubuai. "Voilà les inconvénients quand on donne la gestion des transports à une société. Nous sommes à la merci d'un armateur", conclut Frédéric Riveta.
Narii Tuaneinei
Maire de Rapa
"Nous avons l'habitude de ne pas avoir de bateau tout le temps"
"Pour l'alimentation, nous n'avons pas réellement de problème puisque ma population n'est pas une grande consommatrice de viande. C'est vrai que dans certains foyers, il y a des problèmes de gaz. Mais ce n'est pas primordial. Nos familles devraient réapprendre à chauffer leur eau, comme on le faisait à l'époque. C'est un bel exemple à donner à nos jeunes, afin qu'ils aient les moyens nécessaires pour sortir des problèmes de ce genre. Pour l'électricité, nous pouvons tenir 3 mois. Pour les carburants, notre station peut tenir aussi trois mois. De toute façon, nous avons l'habitude de ne pas avoir de bateau tout le temps."
Maire de Rapa
"Nous avons l'habitude de ne pas avoir de bateau tout le temps"
"Pour l'alimentation, nous n'avons pas réellement de problème puisque ma population n'est pas une grande consommatrice de viande. C'est vrai que dans certains foyers, il y a des problèmes de gaz. Mais ce n'est pas primordial. Nos familles devraient réapprendre à chauffer leur eau, comme on le faisait à l'époque. C'est un bel exemple à donner à nos jeunes, afin qu'ils aient les moyens nécessaires pour sortir des problèmes de ce genre. Pour l'électricité, nous pouvons tenir 3 mois. Pour les carburants, notre station peut tenir aussi trois mois. De toute façon, nous avons l'habitude de ne pas avoir de bateau tout le temps."