Les techniciens en identification criminelle ont relevé des projections de sang un peu partout dans le salon, où le meurtrier s'est acharné sur ses victimes avant de se livrer aux gendarmes.
PAPEETE, le 10 septembre 2015 - Raiarii Tihupe-Faana, 25 ans, est jugé depuis ce jeudi aux assises pour avoir tué sa mère de 48 ans et sa sœur de 14 ans en août 2013 à Tubuai, dans l'archipel des Australes. Les premiers mots de l'accusé ont été pour sa famille. Des regrets. Mais aucune explication rationnelle à son geste : "Je ne sais pas expliquer, c'est comme si j'étais possédé".
"Comprendre l'incompréhensible". La formule sort de la bouche même de l'avocate de l'accusé, Me Myriam Toudji. Comprendre comment Raiarii Tihupe-Faana, jeune homme de 23 ans sans histoires jusque-là, a basculé dans l'horreur la plus absolue en assassinant froidement sa mère et sa sœur de dizaines de coups de couteau au cou et au thorax, les surprenant dans leur sommeil, autour de minuit dans la nuit du 30 au 31 août 2013 à Tubuai.
"Accusé levez-vous", lance la présidente de la cour Isabelle Pinet-Uriot, à l'heure d'ouvrir les débats hier matin. La magistrate vient de donner lecture d'un résumé de l'affaire. "Qu'avez-vous à déclarer ?". "Je regrette ce que j'ai fait, je m'excuse auprès de la famille".
Son père et une de ses sœurs attendent des explications sur le banc des parties civiles. "Je ne sais pas expliquer mon acte", poursuit le jeune homme, plutôt beau garçon, propre sur lui dans une petite chemisette sombre à manches courtes et s'exprimant dans un français parfait. "Ce dont je me rappelle c'est que je n'étais pas dans mon état normal à ce moment-là. C'est comme si j'étais possédé".
La veille au soir tout allait bien
Au petit matin après son double crime, Raiarii s'était présenté de lui-même à la gendarmerie, les deux couteaux qu'il avait utilisés encore ensanglantés dans les mains, pour avouer son crime. Il avait même pris deux clichés de la scène avec son vini pour, avait-il dit aux enquêteurs, prouver de façon certaine qu'il était bien l'auteur de ce massacre. "Il était calme, réveillé, normal, il a livré un récit très détaillé des meurtres", se souvient le directeur d'enquête appelé à témoigner à la barre. "La veille au soir tout allait bien, la famille avait dîné ensemble".
Aucune volonté de s'enfuir, des constatations sordides mais relativement simples pour les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie, reste une grande inconnue et pas des moindres : le mobile. Un mystère depuis le premier jour et qui n'a pas été levé lors de cette première journée d'audience. "C'est tout l'enjeu de ce dossier, savoir ce qu'il est passé par la tête de ce jeune homme et comment il en est arrivé là", répète inlassablement son avocate.
Une seule certitude : Raiarii avait changé depuis quelques mois, ont raconté ses proches de façon quasi unanime. "Il faisait peur parfois", lâche son beau-frère. "Il parlait tout seul mais semblait s'adresser à quelqu'un. Il lui arrivait de prendre son coupe-coupe et d'aller se défouler sur des bananiers. Une fois, sans que je comprenne de quoi il parlait, il m'a dit au détour d'une conversation qu'il avait envie de tuer. Il n'y a que lui qui sait ce qu'il a fait".
Un peu plus tôt, les jurés avaient pu se rendre compte "de ce qu'il a fait" avec la projection sur écran des photos de la scène de crime, prises à chaud par les gendarmes. Les deux couteaux, placés sous scellés, passent de mains en mains. Histoire de matérialiser un peu plus le drame.
Seul, il entend des voix, maltraite des animaux
Le défilé des témoins continue. Cette fois ce sont les copains. Ceux avec lesquels Raiarii avait l'habitude de fumer le paka en s'enivrant à la bière, un peu de komo aussi. Tous tiennent le même discours : "Je n'ai pas compris pourquoi il a fait ça… Il ne parlait pas beaucoup, il garde les choses en lui". Un autre raconte l'avoir entendu dire qu'il "voyait les morts", "parlait aux archanges", sortait la nuit sur son cheval en criant.
Autre comportement pour le moins étrange, le jeune homme se montrait depuis quelques temps violent avec les animaux, chiens, chats, chevaux, cochons. Un comportement étrange, mais le lien avec les victimes et la sauvagerie de ces assassinats est dur à faire.
Décrit comme le chouchou de sa maman, une femme "directe" mais travailleuse, très impliquée dans la religion avec les témoins de Jéhovah, Raiarii aurait-il finalement mal vécu les remontrances régulières qu'elle lui adressait depuis quelques temps, critiquant son oisiveté au foyer, ses penchants pour l'alcool et la fumette, lui interdisant de prendre la voiture pour sortir ? La présence de cette petite sœur aussi, plus jeune, lui a-t-elle fait craindre de perdre sa place protégée de petit dernier de la fratrie ? Raiarii avait aussi été "éloigné" peu de temps auparavant du fare principal de la famille, contraint de s'installer dans un petit fare du grand-père à une cinquantaine de mètres de là.
Autant de pistes que les jurés devront explorer jusqu'à vendredi soir avant de rendre leur jugement. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
"Comprendre l'incompréhensible". La formule sort de la bouche même de l'avocate de l'accusé, Me Myriam Toudji. Comprendre comment Raiarii Tihupe-Faana, jeune homme de 23 ans sans histoires jusque-là, a basculé dans l'horreur la plus absolue en assassinant froidement sa mère et sa sœur de dizaines de coups de couteau au cou et au thorax, les surprenant dans leur sommeil, autour de minuit dans la nuit du 30 au 31 août 2013 à Tubuai.
"Accusé levez-vous", lance la présidente de la cour Isabelle Pinet-Uriot, à l'heure d'ouvrir les débats hier matin. La magistrate vient de donner lecture d'un résumé de l'affaire. "Qu'avez-vous à déclarer ?". "Je regrette ce que j'ai fait, je m'excuse auprès de la famille".
Son père et une de ses sœurs attendent des explications sur le banc des parties civiles. "Je ne sais pas expliquer mon acte", poursuit le jeune homme, plutôt beau garçon, propre sur lui dans une petite chemisette sombre à manches courtes et s'exprimant dans un français parfait. "Ce dont je me rappelle c'est que je n'étais pas dans mon état normal à ce moment-là. C'est comme si j'étais possédé".
La veille au soir tout allait bien
Au petit matin après son double crime, Raiarii s'était présenté de lui-même à la gendarmerie, les deux couteaux qu'il avait utilisés encore ensanglantés dans les mains, pour avouer son crime. Il avait même pris deux clichés de la scène avec son vini pour, avait-il dit aux enquêteurs, prouver de façon certaine qu'il était bien l'auteur de ce massacre. "Il était calme, réveillé, normal, il a livré un récit très détaillé des meurtres", se souvient le directeur d'enquête appelé à témoigner à la barre. "La veille au soir tout allait bien, la famille avait dîné ensemble".
Aucune volonté de s'enfuir, des constatations sordides mais relativement simples pour les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie, reste une grande inconnue et pas des moindres : le mobile. Un mystère depuis le premier jour et qui n'a pas été levé lors de cette première journée d'audience. "C'est tout l'enjeu de ce dossier, savoir ce qu'il est passé par la tête de ce jeune homme et comment il en est arrivé là", répète inlassablement son avocate.
Une seule certitude : Raiarii avait changé depuis quelques mois, ont raconté ses proches de façon quasi unanime. "Il faisait peur parfois", lâche son beau-frère. "Il parlait tout seul mais semblait s'adresser à quelqu'un. Il lui arrivait de prendre son coupe-coupe et d'aller se défouler sur des bananiers. Une fois, sans que je comprenne de quoi il parlait, il m'a dit au détour d'une conversation qu'il avait envie de tuer. Il n'y a que lui qui sait ce qu'il a fait".
Un peu plus tôt, les jurés avaient pu se rendre compte "de ce qu'il a fait" avec la projection sur écran des photos de la scène de crime, prises à chaud par les gendarmes. Les deux couteaux, placés sous scellés, passent de mains en mains. Histoire de matérialiser un peu plus le drame.
Seul, il entend des voix, maltraite des animaux
Le défilé des témoins continue. Cette fois ce sont les copains. Ceux avec lesquels Raiarii avait l'habitude de fumer le paka en s'enivrant à la bière, un peu de komo aussi. Tous tiennent le même discours : "Je n'ai pas compris pourquoi il a fait ça… Il ne parlait pas beaucoup, il garde les choses en lui". Un autre raconte l'avoir entendu dire qu'il "voyait les morts", "parlait aux archanges", sortait la nuit sur son cheval en criant.
Autre comportement pour le moins étrange, le jeune homme se montrait depuis quelques temps violent avec les animaux, chiens, chats, chevaux, cochons. Un comportement étrange, mais le lien avec les victimes et la sauvagerie de ces assassinats est dur à faire.
Décrit comme le chouchou de sa maman, une femme "directe" mais travailleuse, très impliquée dans la religion avec les témoins de Jéhovah, Raiarii aurait-il finalement mal vécu les remontrances régulières qu'elle lui adressait depuis quelques temps, critiquant son oisiveté au foyer, ses penchants pour l'alcool et la fumette, lui interdisant de prendre la voiture pour sortir ? La présence de cette petite sœur aussi, plus jeune, lui a-t-elle fait craindre de perdre sa place protégée de petit dernier de la fratrie ? Raiarii avait aussi été "éloigné" peu de temps auparavant du fare principal de la famille, contraint de s'installer dans un petit fare du grand-père à une cinquantaine de mètres de là.
Autant de pistes que les jurés devront explorer jusqu'à vendredi soir avant de rendre leur jugement. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
28 plaies au couteau ont été relevées sur la jeune sœur, une dizaine sur la maman, à chaque fois autour de la gorge.