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Tuarii Le Caill à la tête de l'hôtel Le Taha'a


Taha’a, le 5 octobre 2022 – Le nouveau directeur général de l’hôtel Le Taha'a by Pearl resorts, Tuarii Le Caill, a pris ses fonctions le mois dernier. L’enfant du fenua compte bien mettre à profit tout ce qu’il a appris durant ses années de carrière à l’international, et aimerait y intégrer plus d’éléments de la culture.
 
Le mois dernier, l’hôtel 5 étoiles Relais & Châteaux Le Taha'a by Pearl Resorts accueillait son nouveau directeur général. L’hôtel de 60 chambres est désormais dirigé par Tuarii Le Caill. Tahiti Infos est allé à sa rencontre pour en apprendre plus sur son parcours à l’international, et son retour au fenua pour devenir le premier directeur général polynésien du groupe Pearl Resorts.
 
En préambule, Tuarii a tenu à revenir sur l’hôtel qu’il dirige désormais : “À mon avis c’est une destination spéciale car les visiteurs qui viennent à Taha’a font des recherches pour y venir. C’est en dehors du circuit classique Tahiti-Bora Bora et Tuamotu pour la plongée. Cela fait donc preuve d’un intérêt personnel du voyageur. Mais du coup, l’attente est plus haute.” Et il compte bien mettre sa touche personnelle pour apporter sa pierre à l’édifice. Une des premières idées qu’il a décidé de mettre en place est le ahimā'a une fois par semaine : “Nous travaillons dessus, car quelqu’un qui vient jusqu’ici et qui peut assister à l’ouverture du ahimā'a, c’est exceptionnel, c’est de l’émotion. Et puis c’est un des piliers de notre culture. C’est important de partager ça. L’idée serait d’intégrer une journée culturelle complète autour, avec par exemple une initiation au va’a. Même vis-à-vis des équipes, c’est une fierté de faire soi-même son ahimā'a et de partager sa culture.” La centaine d’employés de l’hôtel est majoritairement locale, comme le rappelle le directeur : “Le chef de la réception, Jimmy, vient de Papeete ; le chef de la plage, Lionel, est de Taha’a ; et beaucoup viennent de Taha’a et ont leur mère ou père qui travaille aussi ici. C’est plutôt familial.”

Tuarii a aussi à cœur de mettre en avant ses équipes. L’hôtel a par exemple fêté la semaine internationale du housekeeping, pour mettre en valeur ce département, avec des concours de décoration du plus beau chariot et de décoration de lits pour les lunes de miel. Il explique avoir une politique de la porte ouverte : “Dans beaucoup d’hôtels où j’ai travaillé, on avait plutôt tendance à cacher les problèmes. J’essaie d’intégrer le fait que si les clients ont des soucis, c’est normal. Le principal est ensuite d’analyser ceux de la veille au meeting du matin, pour essayer d’améliorer et rectifier. Ça fait partie du métier.”
 
Parcours international
 
Après une scolarité à Pirae, et un baccalauréat ES en poche, Tuarii a embarqué pour la Suisse en 1997. Il y a intégré L’École hôtelière de Glion à Montreux. À sa sortie, il a été recruté par le Sheraton de San Diego en 2001. Suite aux attentats du 11-Septembre, des changements ont été opéré dans l’hôtel. Il a en conséquence alternativement occupé les postes de superviseur des petits-déjeuners à runner, puis de manager du restaurant. Après 5 ans d’activité, il a ouvert un établissement à San Diego avec des investisseurs américains. En 2008, il est parti travailler au W de San Fransisco en tant que directeur des restaurants et des bars : “Je travaillais. Ma vie était bien. Je n’avais pas forcément pour objectif de revenir. C’était le voyage, la découverte du métier, les rencontres avec les professionnels du métier. Et puis étant à coté de Napa, et passionné de sommellerie, j’ai passé des concours. Et j’y ai intégré la Cour des maîtres sommeliers.” Il a ensuite quitté l'Amérique pour un retour en Suisse afin de travailler à l’Hôtel du Rhône en tant directeur des banquets. C’étaient des banquets d’affaires, de conférences bancaires, d’horlogerie et diplomatiques avec les Nations-Unies. C’était très protocolaire et confidentiel.” Il a ensuite décidé de retourner aux États-Unis, à Boston, au sein de la chaîne Mandarin Oriental, pour la réouverture d’un restaurant d’hôtel avec le chef français Daniel Boulud. En 2013, Tuarii a été témoin de l’attentat du marathon de Boston. C’était spécial à vivre, en matière de gestion du stress, des gens, du personnel. L’hôtel était sur l’arrivée du marathon ce jour-là. Ce fut un des jours les plus busy de ma carrière : des gens du monde entier étaient là. C’était un jour férié, le Patriot’s Day, qui se fête en famille.”
 
Respect et écoute de l'autre
 
En 2015, direction Kuala Lumpur en Malaisie pour superviser l’ouverture de restaurants, après avoir travaillé à l’élaboration des concepts, géré l’embauche et la construction. C’est une destination où l’islam est la première religion, et il y a un mix de cultures entre les Malais, les Chinois, les Hindous. Il y a par exemple l’Afternoon tea de 14 heures à 17 heurs, très présent en Asie, qui est hérité de la colonisation anglaise ; le ramadan ; le jour de l’an chinois ; la fête des lumières en septembre... C’est très différent, mais c’était une belle expérience.” Il a ensuite travaillé dans le resort One & Only à l’Île Maurice, dans l’Océan Indien, mais la crise sanitaire et la fermeture de l'hôtel l'ont fait rentrer au fenua, où il a d’abord rejoint Le Conrad à Bora Bora, en tant que directeur de la restauration, avant de prendre la tête du Taha'a.
 
Interrogé sur sa riche expérience internationale, le directeur confie qu’avoir été au contact des cultures aide beaucoup à développer le respect et l’écoute de l’autre. Et quand tu travailles en Asie, aux États-Unis, en Suisse, tu acquiers l’expérience et les techniques du métier, évidement.”
 
S’il s’est orienté à l’origine vers la restauration, c’est avant tout grâce à sa famille qui était passionnée de cuisine. Je trouvais intéressant tout le programme à réaliser pour réunir les gens autour d’une table. Pour faire notre ahimā'a par exemple, ça commençait le mercredi chez nous ! On allait chercher les chevrettes des rivières pour taper le taioro, faire le mitihue, le fafaru, aller chercher le bois pour la cuisson… Tout ça pour un repas de midi à 15 heures le dimanche ! "

Tuarii Le Caill, directeur général de l'hôtel Le Taha'a by Pearl resorts : “La chose la plus importante est d’être dédié”

"Pour les jeunes qui veulent faire de métier, la chose la plus importante est d’être dédié. C’est un métier où il ne faut pas compter ses heures. J’ai fait des stages à Paris où je commençais le matin à 8 heures et je finissais à 22 heures. Maintenant je peux parfois rentrer à minuit, 2 heures du matin. Ça ne m’affecte plus. Parce que c’est le métier. Il faut constamment avoir du recul aussi, par rapport aux problèmes des clients, des équipes. Il ne faut pas rentrer chez soi avec, vivre avec ce stress. Ça peut vite peser. Et au fur et à mesure des années, je me suis aussi rendu compte que la troisième chose la plus importante, ce sont les équipes. À 60% de ma journée, je fais l’effort de les accompagner, de les motiver et d’être à leur écoute. C’est eux le pilier fort de l’hôtellerie."

Rédigé par V.Leroi le Mercredi 5 Octobre 2022 à 17:31 | Lu 8327 fois