Washington, Etats-Unis | AFP | mardi 11/04/2017 - Depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump il y a plus de 11 semaines, le conflit idéologique entre son gendre Jared Kushner et son conseiller stratégique Stephen Bannon n'a fait qu'enfler, une bataille qui menace la cohérence du mandat du président américain.
Tout semblait paisible lundi dans la roseraie de la Maison Blanche. Les principaux collaborateurs de Donald Trump bavardaient sous le soleil, en attendant le début de la prestation de serment de Neil Gorsuch, tout juste confirmé par le Sénat comme neuvième juge de la Cour suprême.
"On dit toujours que le pouvoir le plus important du président est le pouvoir de nomination", déclare le président. "Et on l'a fait dans les 100 premiers jours".
Mais la confirmation du juge Gorsuch est l'une des rares victoires politiques de ces 100 premiers jours, dont l'horizon se profile déjà, fin avril. A l'intérieur de la West Wing, les collaborateurs sont essorés, ballottés entre des directions divergentes, épuisés par les rumeurs, les fuites... et les remaniements.
Le premier conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, a été forcé de démissionner. La secrétaire générale adjointe, Katie Walsh, est partie.
Sans calmer les luttes intestines, qui avaient été mises entre parenthèses face à l'ennemie commune Hillary Clinton mais ont refait surface.
- Nationalistes contre libéraux -
D'un côté, il y a la faction Bannon. L'ancien patron du site d'information pro-Trump Breitbart.com, âgé de 63 ans, a dirigé la fin de campagne de Donald Trump jusqu'à la victoire surprise de novembre.
Promu conseiller stratégique, il s'est vanté en privé d'avoir pratiquement formé lui-même le premier gouvernement Trump. Fait exceptionnel pour une conseiller politique, il faisait formellement partie du conseil de sécurité nationale, où généraux et ministres régaliens tranchent les grandes questions de défense et de politique étrangère.
Mais il en a été écarté récemment, marquant pour lui un affaiblissement.
Dans les caricatures, il est représenté comme la Faucheuse. Dans des quartiers de Washington, bastion démocrate, des affiches appellent à la destitution du "président Bannon".
Nationaliste et protectionniste, Stephen Bannon a orchestré le premier décret anti-immigration signé par Donald Trump, suspendu par la justice, parle de la presse comme du "parti d'opposition", et a annoncé que l'un des piliers de la présidence Trump était la "déconstruction de l'Etat administratif".
De l'autre côté, on trouve le camp Kushner, considéré comme plus modéré et plus favorable à la mondialisation.
Jared Kushner, 36 ans, est marié à la fille aînée du milliardaire, Ivanka. Nommé assistant du président, il semble détenir le portefeuille diplomatique.
Son clan inclut l'ancien patron de la banque d'affaires Goldman Sachs, Gary Cohn, conseiller économique, et leur influence transparaît dans les tergiversations de Donald Trump pour appliquer ses promesses protectionnistes, notamment la renégociation du traité de libre-échange nord-américain ou l'imposition de tarifs douaniers punitifs contre la Chine.
Pour les partisans de Stephen Bannon, les "Kushneriens" sont une espèce invasive de "démocrates" au sein du gouvernement républicain, qui empêcheraient le président de concrétiser ses promesses aux classes populaires.
- La loi du plus fort -
Les dissensions sont autant tactiques que stratégiques, et chaque semaine leurs échos se répandent dans la presse, donnant l'impression d'une Maison Blanche à la dérive.
Donald Trump a décidé récemment qu'il en avait assez, intimant l'ordre à Bannon et Kushner de faire la paix, selon des responsables. Les deux hommes se sont rencontrés la semaine dernière.
Mais leur rivalité est accentuée par leurs partisans à l'extérieur du gouvernement. Le site Breitbart écrit article après article critiquant Jared Kushner pour ses conflits d'intérêts supposés et pour "son mince CV diplomatique".
Les pro-Bannon accusent, eux, le trentenaire de faire fuiter des informations dans la presse contre lui.
La guerre est si intense que le porte-parole de la Maison Blanche ne tente même pas d'en nier l'existence.
"La raison pour laquelle le président a constitué cette équipe est qu'il souhaite obtenir des points de vue différents", a déclaré Sean Spicer. "Il ne veut pas d'un processus de pensée monolithique à la Maison Blanche.
Donald Trump le promoteur immobilier a toujours encouragé ce type de concurrence interne au sein de ses entreprises, une sorte de loi du plus fort.
Mais si le dirigeant républicain ne parvenait pas à faire travailler tout le monde ensemble de façon cohérente, les belles journées de la roseraie de la Maison Blanche pourraient se faire de plus en plus rares.
arb/ico/are
Tout semblait paisible lundi dans la roseraie de la Maison Blanche. Les principaux collaborateurs de Donald Trump bavardaient sous le soleil, en attendant le début de la prestation de serment de Neil Gorsuch, tout juste confirmé par le Sénat comme neuvième juge de la Cour suprême.
"On dit toujours que le pouvoir le plus important du président est le pouvoir de nomination", déclare le président. "Et on l'a fait dans les 100 premiers jours".
Mais la confirmation du juge Gorsuch est l'une des rares victoires politiques de ces 100 premiers jours, dont l'horizon se profile déjà, fin avril. A l'intérieur de la West Wing, les collaborateurs sont essorés, ballottés entre des directions divergentes, épuisés par les rumeurs, les fuites... et les remaniements.
Le premier conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, a été forcé de démissionner. La secrétaire générale adjointe, Katie Walsh, est partie.
Sans calmer les luttes intestines, qui avaient été mises entre parenthèses face à l'ennemie commune Hillary Clinton mais ont refait surface.
- Nationalistes contre libéraux -
D'un côté, il y a la faction Bannon. L'ancien patron du site d'information pro-Trump Breitbart.com, âgé de 63 ans, a dirigé la fin de campagne de Donald Trump jusqu'à la victoire surprise de novembre.
Promu conseiller stratégique, il s'est vanté en privé d'avoir pratiquement formé lui-même le premier gouvernement Trump. Fait exceptionnel pour une conseiller politique, il faisait formellement partie du conseil de sécurité nationale, où généraux et ministres régaliens tranchent les grandes questions de défense et de politique étrangère.
Mais il en a été écarté récemment, marquant pour lui un affaiblissement.
Dans les caricatures, il est représenté comme la Faucheuse. Dans des quartiers de Washington, bastion démocrate, des affiches appellent à la destitution du "président Bannon".
Nationaliste et protectionniste, Stephen Bannon a orchestré le premier décret anti-immigration signé par Donald Trump, suspendu par la justice, parle de la presse comme du "parti d'opposition", et a annoncé que l'un des piliers de la présidence Trump était la "déconstruction de l'Etat administratif".
De l'autre côté, on trouve le camp Kushner, considéré comme plus modéré et plus favorable à la mondialisation.
Jared Kushner, 36 ans, est marié à la fille aînée du milliardaire, Ivanka. Nommé assistant du président, il semble détenir le portefeuille diplomatique.
Son clan inclut l'ancien patron de la banque d'affaires Goldman Sachs, Gary Cohn, conseiller économique, et leur influence transparaît dans les tergiversations de Donald Trump pour appliquer ses promesses protectionnistes, notamment la renégociation du traité de libre-échange nord-américain ou l'imposition de tarifs douaniers punitifs contre la Chine.
Pour les partisans de Stephen Bannon, les "Kushneriens" sont une espèce invasive de "démocrates" au sein du gouvernement républicain, qui empêcheraient le président de concrétiser ses promesses aux classes populaires.
- La loi du plus fort -
Les dissensions sont autant tactiques que stratégiques, et chaque semaine leurs échos se répandent dans la presse, donnant l'impression d'une Maison Blanche à la dérive.
Donald Trump a décidé récemment qu'il en avait assez, intimant l'ordre à Bannon et Kushner de faire la paix, selon des responsables. Les deux hommes se sont rencontrés la semaine dernière.
Mais leur rivalité est accentuée par leurs partisans à l'extérieur du gouvernement. Le site Breitbart écrit article après article critiquant Jared Kushner pour ses conflits d'intérêts supposés et pour "son mince CV diplomatique".
Les pro-Bannon accusent, eux, le trentenaire de faire fuiter des informations dans la presse contre lui.
La guerre est si intense que le porte-parole de la Maison Blanche ne tente même pas d'en nier l'existence.
"La raison pour laquelle le président a constitué cette équipe est qu'il souhaite obtenir des points de vue différents", a déclaré Sean Spicer. "Il ne veut pas d'un processus de pensée monolithique à la Maison Blanche.
Donald Trump le promoteur immobilier a toujours encouragé ce type de concurrence interne au sein de ses entreprises, une sorte de loi du plus fort.
Mais si le dirigeant républicain ne parvenait pas à faire travailler tout le monde ensemble de façon cohérente, les belles journées de la roseraie de la Maison Blanche pourraient se faire de plus en plus rares.
arb/ico/are