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Trois ans ferme pour le “prédateur” nocturne


Tahiti, le 29 août 2024 – Déjà condamné en 2015 pour une agression sexuelle, un trentenaire a de nouveau été jugé, jeudi en comparution immédiate, pour répondre de nouvelles agressions commises sur des femmes vivant seules. L’individu, un “prédateur” qui prenait le soin de repérer ses victimes, a écopé de cinq ans de prison dont deux avec sursis.
 
Le tribunal correctionnel a jugé, jeudi en comparution immédiate, un homme de 38 ans qui était poursuivi pour avoir agressé deux femmes et pour avoir commis des vols au sein de plusieurs maisons qu’il avait “visitées”. Ce célibataire, employé à tout faire dans une pension, a été interpellé le 28 juin dernier alors qu’il venait de s’introduire dans une maison où résidaient une femme et ses deux enfants. Après avoir été réveillée par la présence de l’individu qui tentait de lui retirer “délicatement” son bas de pyjama – en présence des mineurs qui dormaient donc dans le même lit -, la mère de famille avait fait fuir son agresseur.
 
Après l’interpellation du trentenaire, les enquêteurs avaient établi que ce dernier n’en était pas à son coup d’essai. Entre 2022 et mai dernier, il s’était rendu à plusieurs reprises au domicile d’une femme vivant, elle aussi, seule. Un soir, il lui avait même fait subir des attouchements avant de prendre la fuite. Lors de l’enquête, les gendarmes avaient également déterminé que le prévenu avait commis des vols dans des maisons où vivaient, là encore, des femmes seules.
 
Nuits de pleine lune
 
Tout comme lors de sa garde à vue, le prévenu a intégralement reconnu les faits à la barre du tribunal jeudi en confirmant qu’il repérait les habitations où il n’y avait pas d’hommes car “ça m’excite d’aller voir dans les maisons et si je vois que la femme est seule, j’y vais”. L’homme a également confirmé qu’il avait une préférence pour les “popa’ā” plutôt que pour les “vahine” et qu’il agissait souvent durant les nuits de pleine lune car “on voit mieux”. Entendue à son tour, la victime à laquelle il avait fait subir des attouchements a expliqué au tribunal qu’elle était traumatisée, qu’elle était désormais en “arrêt maladie” et lui a demandé d’“enfermer” le trentenaire afin qu’il ne “ressorte plus”.
 
Par la voix de son avocate, la seconde victime, qui avait été agressée alors qu’elle se trouvait avec ses enfants, a, elle aussi, fait état de son traumatisme et de son grand sentiment d’“insécurité” alors qu’elle se trouve déjà dans une situation personnelle et familiale douloureuse. Le président du tribunal a ensuite abordé la personnalité du trentenaire, un homme déjà condamné à deux ans de prison ferme en 2015 pour une première agression sexuelle.
 
Perversité
 
Au regard des infractions commises sur des femmes qui avaient été “préalablement repérées”, le procureur de la République a qualifié le prévenu de “prédateur”. “Il s’amuse, à la nuit tombée, et part à la chasse. C’est comme un sport pour lui et c’est un pervers car cela semble l’amuser”, a-t-il ainsi asséné avant de demander au tribunal, “à l’évidence”, de rentrer en voie de condamnation. Alors qu’il encourait cinq ans de prison ferme, le représentant du ministère public a requis cinq ans de prison dont quatre ans ferme assortis d’un sursis probatoire pendant trois ans à son encontre.
 
Pour la défense du récidiviste, Me Marion Bertin a tenu à rappeler, en préambule de sa plaidoirie, que son client, avait “tout reconnu” et qu’il avait “honte” d’avoir commis ces faits. Elle a ensuite évoqué son enfance, marquée par une importante surdité qui a impacté son parcours de vie tant sur le plan professionnel que social. Reprenant les affirmations de l’intéressé selon lesquelles il avait consommé de l’ice lors de la commission des faits, Me Bertin a insisté sur “l’addiction” à cette drogue “particulièrement pernicieuse” qui désinhibe ses consommateurs.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné le trentenaire à cinq ans de prison dont deux avec sursis assortis du maintien en détention. Il devra verser 1,5 million de francs à la femme chez laquelle il s’était rendu à plusieurs reprises et 500 000 francs à la seconde victime.
 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 29 Août 2024 à 16:55 | Lu 2494 fois