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Trafic de paka à la Presqu'île : pas de mandats de dépôt


"Dieu vous a préservé de la prison, mais ne vous a pas lavé de vos péchés", a lancé aux prévenus un pasteur venu soutenir ces familles, qu'il connaît bien, à l'issue du procès.
"Dieu vous a préservé de la prison, mais ne vous a pas lavé de vos péchés", a lancé aux prévenus un pasteur venu soutenir ces familles, qu'il connaît bien, à l'issue du procès.
PAPEETE, le 3 mai 2017 - Le tribunal correctionnel a prononcé des peines de 4 ans de prison dont 2 ans ferme, pour les plus lourdes, contre deux des vingt prévenus jugés depuis mardi pour leur implication dans un trafic de pakalolo organisé depuis la Presqu'île de Tahiti, entre 2007 et 2012. Mais ces peines sont aménageables.


Les sacs de linge et les oreillers étaient déjà prêts pour certains, posés sur les bancs de la salle des pas perdus du palais de justice de Papeete, dans l'attente que le jugement tombe. Mais aucun des vingt prévenus dans l'affaire des producteurs de pakalolo de la Presqu'île n'aura eu besoin de son paquetage pour Nuutania ce mercredi soir. Le procureur de la République avait requis jusqu'à 5 ans de prison ferme et 5 millions de francs d'amende contre les deux producteurs de Vairao et du Fenua Aihere, soupçonnés selon les calculs des enquêteurs d'avoir écoulé pas moins de 14 000 pieds de pakalolo entre 2007 et 2012, pour 110 millions de francs de revenus générés. Le tribunal s'est montré plus mesuré en condamnant les deux hommes, un oncle et son neveu, à 4 ans de prison dont 2 années avec sursis et 1 million de francs d'amende.

"Une peine d'avertissement", leur a expliqué le président de l'audience correctionnelle, précisant qu'il ne décernait pas de mandat de dépôt, synonyme d'incarcération immédiate. Leurs compagnes respectives, actives sur les plantations et qui convoyaient de temps à autre la marchandise chez les grossistes, ont chacune écopé de 2 ans de prison dont 1 an ferme. Là encore, des peines aménageables. L'association de malfaiteurs n'a pas été retenue par le tribunal dans ce trafic familial malgré le nombre de prévenus. Les casiers judiciaires des uns et des autres, vierges de condamnations pour trafic de stupéfiants, ont également du peser dans la balance.

Les quantités contestées

Les prévenus ont contesté pendant les deux jours d'audience l'ampleur du trafic tel qu'en a rendu compte le travail des enquêteurs. Près de 3 000 pieds de pakalolo avaient pourtant été comptabilisés par les gendarmes pour les seules perquisitions menées en 2012 chez les deux producteurs, à l'heure de décapiter le trafic. Les témoignages de jardiniers, clients, grossistes, avaient aussi fait état de plusieurs récoltes par an, entre trois et quatre, portant sur des quantités de 800 pieds à chaque fois. Ce que les intéressés ont contesté à la barre, reconnaissant du bout des lèvres traficoter de temps à autre mais jamais sur des cultures de plus de 200 à 300 pieds. Des peines de quelques mois de prison, certaines ferme et d'autres avec sursis, mais aussi deux relaxes ont été prononcées contre le reste de la bande en fonction de leur degré d'implication dans le dispositif.

"Dieu vous a préservé de la prison, mais ne vous a pas lavé de vos péchés", a lancé aux prévenus un pasteur venu soutenir ces familles, qu'il connaît bien, dans un prêche improvisé aux portes de la salle d'audience.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mercredi 3 Mai 2017 à 17:32 | Lu 6158 fois