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Trafic d'ice : Coco Médéric condamné à dix ans de prison


Tahiti, le 9 juin 2021 -- Le “parrain du trafic” de méthamphétamine en Polynésie française, ses importateurs et d’autres membres de son réseau ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Papeete pour des faits remontant pour certains à 2010. Le président a notamment retenu que Médéric Tavaearii avait blanchi des sommes importantes et remis de l’argent à des élus.
 
Le tribunal a condamné plus sévèrement la tête de réseau, les importateurs et un éminent vendeur d’ice sur Tahiti et Moorea, que le quantum annoncé dans le réquisitoire du procureur. Contrairement à ce qu’avait pu affirmer le “parrain de l’ice” à Tahiti, en parlant d’un bénéfice de 20 millions de Fcfp (porté plus tard à 40 millions, au fil des débats), le ministère public est parti sur une estimation de 1,6 kilo d’ice importé des États-Unis par Médéric Tavaearii : “Il utilise des individus comme garde du corps, dont son codétenu à Nuutania. Et son fils, comme intermédiaire”. Envers ce dernier, Manuarii, le parquet a retenu deux éléments. Son âge, d’abord, car le jeune homme s’est impliqué dans le trafic à 18 ans, mais également sa “situation de soumission à un père tyrannique”.

Son fils comme intermédiaire

Neuf ans de prison ferme assortis d’un mandat de dépôt ont été requis à l’encontre de Coco Médéric, tandis que le tribunal l’a condamné à une peine de dix ans d’emprisonnement. Avec les crédits de réduction de peine et sa détention provisoire, le restant de la peine qu’il purgera à Nuutania ne sera cependant pas aussi important. Les magistrats du siège ont suivi le parquet pour la condamnation de son fils Manuarii, à deux ans avec sursis simple. “Il n’y a aucune prise d’initiative de sa part, il a mis de l’ice dans des boîtes de bonbon de cinq kilos. En échange, il récupérait des mandats cash qu’il déposait au greffe de la prison pour son père, ou versait à des gens. C’est un intermédiaire qui servait d’exécutant”, avait déclaré son avocat, plaidant une réduction de son sursis : “Oui, il a fait le choix de se lancer dans le trafic. Il a été condamné dans l’affaire Sarah Nui, mais c’est Tamatoa Alfonsi qui a cherché à prendre contact avec son père. Il a déjà passé sept mois en détention provisoire, et attend un aménagement de peine.”

Heiarii Tepea, principal importateur déjà détenu pour autre cause dans un autre dossier, est condamné à six ans de prison ferme en attendant son second jugement. Hei Tiare Bonnet, premier échelon entre Médéric Tavaerarii et les grossistes, écope de cinq ans dont un avec sursis simple. Il comparaissait libre, tout comme Raphaël Mao Che, mais un mandat de dépôt a été décerné à son encontre. Il a quant à lui été condamné à une peine mixte de trois ans dont un avec sursis. Le tribunal a pris en compte le nombre de revendeurs qu’il a recruté, les quantités importantes d’ice écoulées et les profits générés. L’avocat de son fils Hermann, âgé de 27 ans au moment des faits, souligne que son client aurait pu éviter le procès en passant par la procédure allégée de CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité). Il ne purgera cependant pas sa peine, son temps passé en détention provisoire étant équivalent à la durée de sa condamnation ferme. Il devra également se soumettre à une autorisation du juge d’application des peines s’il souhaite se rendre aux États-Unis.

“Une personnalité significative du stup”

Un mandat d’arrêt a été émis à l’encontre d’Annabella Tepea et Arthur Brotherson, jugés en leur absence et condamnés à trois ans et deux ans de prison ferme. Milton Mu Wang, le blanchisseur, écope de quatre ans de prison dont deux avec sursis et pourra aménager sa peine. Il avait acquis quatre véhicules alors que les analyses comptables de ses entreprises montraient des difficultés financières. Le dépôt de 51 sommes en espèces avait été constaté, soit plus de 100 millions de Fcfp provenant de la fortune personnelle de Médéric Tavaearii. Le président du tribunal n’a pas oublié de rappeler que la tête du réseau était “une personnalité significative du trafic de stupéfiants en Polynésie”, qui avait recouru aussi bien à l’injection de sommes importantes dans le légal qu’à la remise d’argent à des élus, dont le maire de Tumaraa Cyril Tetuanui et sa femme Lana Tetuanui, actuelle sénatrice du groupe Union Centriste, alors qu’elle était représentante Tahoera’a huiratiraa à l’Assemblée de la Polynésie française.
 

Rédigé par Valentin Guelet le Mercredi 9 Juin 2021 à 18:03 | Lu 11395 fois