Tahiti Infos

Tokyo renonce à inviter le Contre-amiral fidjien Bainimarama


Tokyo renonce à inviter le Contre-amiral fidjien Bainimarama
TOKYO, vendredi 18 mai 2012 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement japonais, qui avait en début de semaine souligné sa volonté de maintenir un dialogue soutenu avec le gouvernement fidjien post-putsch du Contre-amiral Bainimarama, a finalement renoncé à l’inviter en personne à l’occasion de la sixième édition de son sommet Japon-Océanie, qui doit avoir lieu fin mai 2012 sur l’île d’Okinawa.
Cette décision, qui a été notifiée aux autorités fidjiennes, est assortie d’une invitation destine cette fois-ci au ministre des affaires étrangères Ratu Inoke Kubuabola.
La décision nippone aurait été prise à l’issue de « consultations très, très approfondies avec l’Australie », a indiqué jeudi un responsable du ministère japonais des affaires étrangères, cité par le quotidien The Australian.
Ce dernier a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne serait pas en mesure de se rendre à cette réunion en raison de son emploi du temps et le gouvernement fidjien n’a pas indiqué depuis qu’il avait l’intention d’envoyer qui que ce soit à Okinawa.
Cette décision intervient alors que le ministre australien des affaires étrangères, Bob Carr, vient d’effectuer, du 16 au 18 mai 2012, un déplacement officiel à Tokyo, où il a rencontré son homologue nippon Koichiro Gemba.
Au menu des discussions : la signature d’un accord de coopération portant sur le partage de renseignements en matière de sécurité et de sûreté, dans le cadre plus général de l’alliance de ces deux pays avec les États-Unis.
L’Australie et le Japon accueillent désormais tous deux des troupes américaines sur leur sol, sur fonds de montée en puissance de la Chine dans la région Pacifique.
Mais au cours de ces entretiens, la question des îles Fidji a aussi tenu une place de choix.
M. Carr aurait ainsi fait valoir sa conviction selon laquelle une position trop directement engagée avec le Contre-amiral Premier ministre fidjien ne serait pas immédiatement souhaitable, même si le régime de Suva a annoncé, début janvier 2012, la levée des mesures d’exception et le lancement d’un processus consultatif en vue de l’élaboration d’une nouvelle Constitution, pour en finale la tenue d’élections législatives toujours annoncées pour septembre 2014.
M. Carr se trouvait début mai 2012 à Suva dans le cadre d’une mission ministérielle de contact du Forum des Îles du Pacifique (FIP), organisation régionale dont l’archipel est exclu depuis mai 2009.
À l’issue de cette visite, M. Carr avait toutefois estimé en substance que les annonces faites par Suva étaient encourageantes, mais devraient être suivies d’actes tangibles et d’une véritable levée de toute restriction concernant la liberté d’expression et de réunion.
« Notre point de vue, c’est de maintenir notre position concernant Fidji tant que nous ne sommes pas convaincus que le processus de consultations constitutionnelles est véritablement engagé (…) Il y a eu des signes encourageants à Fidji, mais le processus de consultations concernant la nouvelle Constitution a encore du chemin à faire. Il ne devrait pas y avoir d’affaiblissement de notre position tant que les normes démocratiques n’ont pas été rétablies », a déclaré M. Carr à l’issue de ses entretiens avec son homologue Koichiro Gemba.
Les relations entre le gouvernement actuel fidjien et celui du Japon ont été perçues, ces dernières années, comme très cordiales, tout comme celles avec la Chine, où se trouvait M. Carr du 13 au 15 mai 2012.

« dilemme de l’Oncle Sam et du Panda ».

Le chef de la diplomatie australienne a dû, à plusieurs reprises et au plus haut niveau, s’expliquer sur le récent accord militaire passé avec les États-Unis concernant une montée en puissance, au cours des dix années à venir, de la présence de soldats américains sur une base australienne de Darwin (extrême Nord du pays), pour atteindre quelque 2.500 G.I.s.
Entre les lignes, M. Carr a aussi entendu de la part de ses hôtes chinois une injonction lancée à l’Australie, qui devrait faire son choix entre son alliance avec Washington et ses relations (notamment économiques) florissantes avec la Chine.
Cette situation n’est pas nouvelle : elle a depuis longtemps été qualifiée par les divers analystes et géopolitologues de « dilemme de l’Oncle Sam et du Panda ».
2012 marque aussi le quarantième anniversaire d l’établissement de relations diplomatiques entre l’Australie et la Chine, a voulu rappeler cette semaine le chef de la diplomatie australienne.
« Nous travaillons de manière constructive avec la Chine, au plan bilatéral et à travers les institutions régionales, en vue de poursuivre nos intérêts communs n matière de stabilité et de prospérité régionales », estimait cette semaine M. Carr, qui rappelle aussi que le volume d’échanges économiques entre l’Australie et la Chine était évalué en 2011 à quelque 121 milliards de dollars australiens (94,5 milliards d’euros).

Avant le sommet Japon-Océanie, Tokyo invoque le « kizuna »… et tend la main à Fidji

À quelques jours de la tenue à Okinawa de la sixième édition du sommet Japon-Océanie réunissant, en mode multilatéral, le pays hôte et les dirigeants des pays insulaires du Pacifique, Yoshihiko Noda, Premier ministre nippon, s’est fendu d’un message adressé à la région et soulignant les liens d’amitié forts et anciens cette région et cette puissance riveraine.
Le 6ème sommet Japon-Océanie, qui se tient tous les trois ans, est prévu pour avoir lieu les 25 et 26 mai 2012, dans une ville choisie pour ses « caractéristiques similaires avec celles des pays du Pacifique ».
Dans un communiqué largement diffusé dans les pays océaniens, M. Noda rend hommage aux témoignages de solidarité manifestés par les pays océaniens après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.
Il trace aussi les grandes lignes des thèmes qui devraient être abordés au cours de ce prochain sommet d’Okinawa, à savoir les questions de réponse à des situations de catastrophes naturelles, de changements climatiques, de développement durable et des « questions maritimes ».
« Ces problèmes ont une importance vitale pour le bien-être des peuples de notre région. Ce sont des domaines dans lesquels le Japon et les pays insulaires du Pacifique peuvent collaborer et contribuer aux efforts de la communauté internationale », souligne le chef de l’exécutif nippon.

Évoquant ces circonstances difficiles et les « énormes défis » auxquels son pays a été confronté ces derniers mois, M. Noda estime qu’elles ont été propices l’émergence d’un « kizuna », expression qu’il définit comme traduisant la force d’un lien d’amitié né de l’adversité ou de circonstances exceptionnelles.

Main tendue à Fidji

« Ce ‘kizuna’ entre le Japon et les pays insulaires du Pacifique prend sa racine dans le fait que nous avons en partage le même Océan Pacifique et le même esprit îlien né de ce grand Océan. Ce ‘kizuna’ ‘étend bien sûr aussi à Fidji, dont le processus en cours en vue de construire une démocratie avec des bases solides est d’une grande importance pour la stabilité et la prospérité de cette région », a-t-il poursuivi.
« À cet égard, le message du Japon est clair et cohérent. Nous sommes tout autant les amis du peuple fidjien que nous le sommes des autres pays insulaires du Pacifique. Nous formulons l’espoir que Fidji continuera à prendre des mesures concrètes en vue de la tenue d’élections libres et justes pas plus tard que 2014 et, à cette fin, nous avons l’intention de poursuivre un dialogue étroit avec le gouvernement de Fidji », ajoute le Premier ministre japonais.
Le gouvernement fidjien issu du putsch du 5 décembre 2006 annonce depuis juillet 2009 un retour à la démocratie par voie d’élections annoncées pour le dernier trimestre 2014.
Avant cela, le Premier ministre Contre-amiral Franck Bainimarama entend toiletter la Constitution et les institutions afin de les débarrasser de toute notion ethnique clivante, principalement entre les deux principales communautés en présence, à savoir les Fidjiens indigènes et les citoyens d’origine indienne, amenés dans cet archipel (alors colonie britannique) à la fin du dix neuvième siècle pour y cultiver la canne à sucre.
Un processus de consultation, supervisé par une commission constitutionnelle, devrait avoir lieu au cours des prochaines semaines, jusqu’en juillet 2012, date prévue de la remise d’un rapport contenant recommandations en vue de l’élaboration d’une nouvelle Constitution.
Depuis avril 2012, plusieurs organismes régionaux et internationaux, le Forum des Îles du Pacifique (FIP) et le Commonwealth, mais aussi l’ONU, ont conduit des missions de contact à Fidji, en appelant aussi de leurs vœux le respect des échéances annoncées en matière de feuille de route pour un retour à la démocratie.
Fidji a été suspendu de son statut de membre plein du FIP en mai 2009, et du Commonwealth fin septembre de la même année.
L’archipel fait toujours l’objet de sanctions de la part des deux grands voisins régionaux, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.


pad

Rédigé par AFP le Vendredi 18 Mai 2012 à 05:41 | Lu 631 fois