Valentina Cross, conseillère municipale d'opposition à Teva i Uta et ancienne tavana a écrit un long courrier pour alerter les élus des quatre communes du sud de Tahiti sur la situation de Secosud.
MATAIEA, le 29 mars 2016. Dans une lettre ouverte, adressée aux administrateurs du syndicat intercommunal Secosud, l'ancienne tavana de Teva i Uta s'insurge de la main mise du Pays sur cette entité communale regroupant le sud de Tahiti pour la fourniture d'électricité. Valentina Cross estime que les règles du jeu ont été manipulées pour permettre au groupe EDT Engie de remporter la mise.
Décidément, la production et la distribution de l'énergie électrique sont des missions de service public plus que juteuses à Tahiti dont les enjeux financiers et techniques sont d'une telle complexité qu'ils peuvent échapper à la vigilance de ceux qui doivent prendre des décisions au nom de l'intérêt général. C'est avec ce leitmotiv en tête que Valentina Cross, conseillère municipale d'opposition à Teva i Uta a pris sa plume en fin de semaine dernière. Dans un courrier, daté du 24 mars, et présenté comme une lettre ouverte de trois pages aux maires, maires délégués et membres du conseil municiopal des communes de Hitia'a O Te Ra, Taiarapu Est, Taiarapu Ouest et Teva i Uta, l'ancienne tavana met en garde les administrateurs du syndicat Secosud sur les prochaines décisions qu'ils ont à prendre. L'objet du courrier est écrit en en-tête de la lettre ouverte : "défense des intérêts des quatre communes du Secosud". Un courrier que l'élue municipale a fait remettre à l'ouverture du conseil d'administration de Secosud qui se réunissait jeudi dernier pour le vote de son budget 2016.
Valentina Cross rappelle tout d'abord le contexte. Avec un retard de plus de deux ans, le syndicat intercommunal Secosud en charge de l'électrification des quatre communes du sud de Tahiti, doit choisir un nouveau délégataire de service public pour la fourniture et la distribution de l'électricité. En août 2015, un appel d'offres a donc été lancé pour renouveler, pour les 17 prochaines années, la concession de service public de la distribution d'énergie électrique. Trois candidats ont été pré-selectionnés : la société Cégélec, un groupement représenté par Teva Sylvain président du Syndicat des professionnels des énergies renouvelables (Sper) et le groupe EDT Engie. Or, il ne resterait en lice aujourd'hui plus que le groupe EDT. Selon nos informations, Cégélec s'est retiré de ce marché de concession pour diverses raisons techniques qui ont été explicitées en interne uniquement à Secosud. Quant au groupement de Teva Sylvain, "certains membres se sont désistés pour rendre la candidature de celui-ci non crédible" explique Tina Cross dans sa lettre ouverte. Au final, il ne reste donc plus que le groupe EDT Engie qui va "pouvoir répondre aux conditions qui lui conviennent, et ce, sans véritable concurrence" écrit la conseillère municipale de Teva i Uta.
INTÉRÊT GÉNÉRAL
Dans son courrier, Valentina Cross précise que les conditions idéales offertes à EDT Engie résultent de l'avenant 17 à la convention de distribution électrique de Tahiti signé le 29 décembre dernier par le président du Pays, Edouard Fritch et le groupe EDT. L'article 12 bis B de cet avenant précise les conditions de la vente d'électricité hors du périmètre de la concession. C'est là qu'apparaissent, à plusieurs reprises, des mentions faites au syndicat Secosud qui rachète de l'électricité à EDT pour la fournir ensuite à ses administrés. Or, le syndicat intercommunal Secosud est la seule entité à être compétente en matière de fourniture électrique sur les quatre communes de Tahiti. Il ne devrait donc pas apparaître directement dans la concession du nord de l'île, organisée entre le Pays et le groupe EDT. C'est cette main mise du Pays dans les affaires de Secosud qui interpelle en tout premier lieu l'ancienne tavana de Teva i Uta qui avait tenté, dès 2010, de sortir de la dépendance avec EDT. "J'en appelle aux tavana des quatre communes qui ont la légitimité au travers de Secosud pour agir directement et défendre l'intérêt général de nos communes. Le Pays n'a rien à faire dans les affaires du Secosud. Le syndicat est compétent à lui seul et je ne comprends pas pourquoi le Pays s'immisce là-dedans" indique l'élue à Tahiti Infos.
D'autant que cette ingérence se traduit ensuite pour la conseillère municipale par des coûts importants. En achetant le mix électrique d'EDT comprenant de l'hydroélectricité et de la production thermique, les quatre communes du sud de Tahiti qui ont toutes les installations de barrages de Marama Nui sur leur territoire, se retrouvent à payer le tarif de 22 Fcfp le kWh alors qu'il n'est que de 12 Fcfp selon l'élue quand il ne s'agit que d'hydroélectricité. Elle fixe donc à 500 millions de Fcfp par an le surcoût. "Une somme qui ne serait pas de trop dans les budgets de nos quatre communes" commente encore Valentina Cross. Elle poursuit ses calculs en ajoutant une somme de 900 millions de Fcfp qui résulte de la prestation complète actuelle d'EDT pour fournir et distribuer l'électricité aux habitants des quatre communes du sud de l'île (à raison d'un coût moyen payé par les usagers d'environ 40 Fcfp le kWh). "Messieurs les maires, nos populations nous ont élus afin de garantir la défense du service public au nom de l'intérêt général. Vous avez aujourd'hui l'opportunité d'une véritable remise en concurrence". La conseillère municipale propose ainsi de déclarer infructueux le dernier appel public à candidatures. Secosud pourrait alors acheter directement de l'hydroélectricité à la société Marama Nui, au prix de 12 Fcfp le kWh : il ne resterait plus qu'à déléguer la distribution de cette électricité, par le biais d'un nouvel appel d'offres limité à cette seule mission "où même EDT, compte tenu de son expérience, pourra participer avec toute chance de l'obtenir si ses prix sont compétitifs".
Décidément, la production et la distribution de l'énergie électrique sont des missions de service public plus que juteuses à Tahiti dont les enjeux financiers et techniques sont d'une telle complexité qu'ils peuvent échapper à la vigilance de ceux qui doivent prendre des décisions au nom de l'intérêt général. C'est avec ce leitmotiv en tête que Valentina Cross, conseillère municipale d'opposition à Teva i Uta a pris sa plume en fin de semaine dernière. Dans un courrier, daté du 24 mars, et présenté comme une lettre ouverte de trois pages aux maires, maires délégués et membres du conseil municiopal des communes de Hitia'a O Te Ra, Taiarapu Est, Taiarapu Ouest et Teva i Uta, l'ancienne tavana met en garde les administrateurs du syndicat Secosud sur les prochaines décisions qu'ils ont à prendre. L'objet du courrier est écrit en en-tête de la lettre ouverte : "défense des intérêts des quatre communes du Secosud". Un courrier que l'élue municipale a fait remettre à l'ouverture du conseil d'administration de Secosud qui se réunissait jeudi dernier pour le vote de son budget 2016.
Valentina Cross rappelle tout d'abord le contexte. Avec un retard de plus de deux ans, le syndicat intercommunal Secosud en charge de l'électrification des quatre communes du sud de Tahiti, doit choisir un nouveau délégataire de service public pour la fourniture et la distribution de l'électricité. En août 2015, un appel d'offres a donc été lancé pour renouveler, pour les 17 prochaines années, la concession de service public de la distribution d'énergie électrique. Trois candidats ont été pré-selectionnés : la société Cégélec, un groupement représenté par Teva Sylvain président du Syndicat des professionnels des énergies renouvelables (Sper) et le groupe EDT Engie. Or, il ne resterait en lice aujourd'hui plus que le groupe EDT. Selon nos informations, Cégélec s'est retiré de ce marché de concession pour diverses raisons techniques qui ont été explicitées en interne uniquement à Secosud. Quant au groupement de Teva Sylvain, "certains membres se sont désistés pour rendre la candidature de celui-ci non crédible" explique Tina Cross dans sa lettre ouverte. Au final, il ne reste donc plus que le groupe EDT Engie qui va "pouvoir répondre aux conditions qui lui conviennent, et ce, sans véritable concurrence" écrit la conseillère municipale de Teva i Uta.
INTÉRÊT GÉNÉRAL
Dans son courrier, Valentina Cross précise que les conditions idéales offertes à EDT Engie résultent de l'avenant 17 à la convention de distribution électrique de Tahiti signé le 29 décembre dernier par le président du Pays, Edouard Fritch et le groupe EDT. L'article 12 bis B de cet avenant précise les conditions de la vente d'électricité hors du périmètre de la concession. C'est là qu'apparaissent, à plusieurs reprises, des mentions faites au syndicat Secosud qui rachète de l'électricité à EDT pour la fournir ensuite à ses administrés. Or, le syndicat intercommunal Secosud est la seule entité à être compétente en matière de fourniture électrique sur les quatre communes de Tahiti. Il ne devrait donc pas apparaître directement dans la concession du nord de l'île, organisée entre le Pays et le groupe EDT. C'est cette main mise du Pays dans les affaires de Secosud qui interpelle en tout premier lieu l'ancienne tavana de Teva i Uta qui avait tenté, dès 2010, de sortir de la dépendance avec EDT. "J'en appelle aux tavana des quatre communes qui ont la légitimité au travers de Secosud pour agir directement et défendre l'intérêt général de nos communes. Le Pays n'a rien à faire dans les affaires du Secosud. Le syndicat est compétent à lui seul et je ne comprends pas pourquoi le Pays s'immisce là-dedans" indique l'élue à Tahiti Infos.
D'autant que cette ingérence se traduit ensuite pour la conseillère municipale par des coûts importants. En achetant le mix électrique d'EDT comprenant de l'hydroélectricité et de la production thermique, les quatre communes du sud de Tahiti qui ont toutes les installations de barrages de Marama Nui sur leur territoire, se retrouvent à payer le tarif de 22 Fcfp le kWh alors qu'il n'est que de 12 Fcfp selon l'élue quand il ne s'agit que d'hydroélectricité. Elle fixe donc à 500 millions de Fcfp par an le surcoût. "Une somme qui ne serait pas de trop dans les budgets de nos quatre communes" commente encore Valentina Cross. Elle poursuit ses calculs en ajoutant une somme de 900 millions de Fcfp qui résulte de la prestation complète actuelle d'EDT pour fournir et distribuer l'électricité aux habitants des quatre communes du sud de l'île (à raison d'un coût moyen payé par les usagers d'environ 40 Fcfp le kWh). "Messieurs les maires, nos populations nous ont élus afin de garantir la défense du service public au nom de l'intérêt général. Vous avez aujourd'hui l'opportunité d'une véritable remise en concurrence". La conseillère municipale propose ainsi de déclarer infructueux le dernier appel public à candidatures. Secosud pourrait alors acheter directement de l'hydroélectricité à la société Marama Nui, au prix de 12 Fcfp le kWh : il ne resterait plus qu'à déléguer la distribution de cette électricité, par le biais d'un nouvel appel d'offres limité à cette seule mission "où même EDT, compte tenu de son expérience, pourra participer avec toute chance de l'obtenir si ses prix sont compétitifs".
Une ingérence du Pays ?
Dans sa lettre ouverte, la conseillère municipale de Teva i Uta dénonce ainsi une ingérence du Pays dans les affaires du Secosud qui ne concernent pourtant que les quatre communes du sud de Tahiti. En novembre dernier, lors de la présentation du plan de transition énergétique de la Polynésie française le ministre en charge des énergies, Nuihau Laurey avait évoqué la situation de Secosud. Tahiti Infos avait alors interrogé le ministre sur cette allusion alors que Secosud est hors de la compétence du Pays. Nuihau Laurey avait alors répondu que Secosud est effectivement une autorité référente, comme le Pays, "mais compte tenu de leurs faiblesses de moyens, le Pays souhaite accompagner Secosud pour son ouverture à une plus grande concurrence. La fin de la concession est fixée au 31 décembre 2015, je n'ai pas le sentiment que Secosud soit en capacité de choisir dans les deux mois" avait commenté le ministre. De fait, c'est effectivement le cas. Nuihau Laurey avait conclu en soulignant qu'il n'y avait pas volonté de "se substituer mais d'accompagner Secosud".
Dans sa lettre ouverte, la conseillère municipale de Teva i Uta dénonce ainsi une ingérence du Pays dans les affaires du Secosud qui ne concernent pourtant que les quatre communes du sud de Tahiti. En novembre dernier, lors de la présentation du plan de transition énergétique de la Polynésie française le ministre en charge des énergies, Nuihau Laurey avait évoqué la situation de Secosud. Tahiti Infos avait alors interrogé le ministre sur cette allusion alors que Secosud est hors de la compétence du Pays. Nuihau Laurey avait alors répondu que Secosud est effectivement une autorité référente, comme le Pays, "mais compte tenu de leurs faiblesses de moyens, le Pays souhaite accompagner Secosud pour son ouverture à une plus grande concurrence. La fin de la concession est fixée au 31 décembre 2015, je n'ai pas le sentiment que Secosud soit en capacité de choisir dans les deux mois" avait commenté le ministre. De fait, c'est effectivement le cas. Nuihau Laurey avait conclu en soulignant qu'il n'y avait pas volonté de "se substituer mais d'accompagner Secosud".
Secosud concerne quatre communes
Le syndicat pour l’électrification des communes de Polynésie (Secosud) est un syndicat intercommunal à vocation unique (Sivu) qui regroupe Taiarapu Est, Taiarapu Ouest, Hitia'a O Te Ra et Teva I Uta. Créé par l’arrêté n° 663/BAC du 10 février 1975. Il est compétent pour la construction, l’exploitation des installations de production et de distribution de l’énergie électrique et notamment de la construction de l’éclairage public. Son siège est basé à la mairie de Taiarapu Est.
Le syndicat pour l’électrification des communes de Polynésie (Secosud) est un syndicat intercommunal à vocation unique (Sivu) qui regroupe Taiarapu Est, Taiarapu Ouest, Hitia'a O Te Ra et Teva I Uta. Créé par l’arrêté n° 663/BAC du 10 février 1975. Il est compétent pour la construction, l’exploitation des installations de production et de distribution de l’énergie électrique et notamment de la construction de l’éclairage public. Son siège est basé à la mairie de Taiarapu Est.