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Tiki, statuette anthropomorphe "janiforme"


Tiki, statuette anthropomorphe janiforme Basalte. H. 15,8 cm, L. 11,1 cm, Ép. 9,4 cm Collection MTI – TFM © Danee Hazama
Tiki, statuette anthropomorphe janiforme Basalte. H. 15,8 cm, L. 11,1 cm, Ép. 9,4 cm Collection MTI – TFM © Danee Hazama
Aux îles Marquises, les sculptures anthropomorphes appelées tiki sont les substituts des défunts, les avatars des âmes des ancêtres déifiés.D’après une tradition orale marquisienne, les hommes commencèrent à sculpter des statues en mémoire de leur créateur, Tiki. Mais depuis longtemps, les tiki ne représentent plus ce lointain ancêtre. Entités protectrices d’un lieu et de ses hôtes, on leur faisait des offrandes humaines et animales en retour de leur bienveillance et de leur protection. Leur mana, pouvoir magique constituait un danger pour toutes personnes en dehors des prêtres et des chefs. le commun des mortels d'un clan évitait soigneusement d'approcher les me'ae ou vahi tapu (lieux sacrés) dans lesquels étaient placés les tiki. Depuis la fin du 19ème siècle et la fin des croyances ancestrales, les tiki continuent à inspirer la crainte et sont encore considérés comme des objets qui peuvent porter malheur à ceux qui s'en emparent. Les tiki apparaissaient sous de multiples tailles et matériaux. En bois et en pierre volcanique,ils pouvaient avoir une dizaine de centimètres, mais aussi pour les plus grands être monumentaux et atteindre plus de deux mètres de hauteur. Des petits tiki en os humain appelés po'o possédaient des dimensions encore plus modestes et étaient enfilés sur des objets appartenant aux personnages de haut rang ou encore portés dans la chevelure.

Texte : Tara Hiquily


Cette petite statue anthropomorphe, de forme dite "janiforme" représente deux tiki dos-à-dos. Nous retrouvons cette forme surtout aux Marquises, mais aussi à Tahiti, aux îles Australes et aux îles Cook, plus rarement chez les maoris de Nouvelle-Zélande. L’association de deux corps, deux têtes, la fusion de deux éléments n’en formant qu’un peut illustrer l’idée d’union et de filiation, l’alliance de deux êtres et, à travers elle, de familles ou de clans. Elle peut aussi figurer une forme de dédoublement, un don d’ubiquité et la capacité de tout voir, comme le dieu Janus chez les Romains représenté avec deux têtes. Ces statuettes de moins d’une vingtaine de centimètres étaient fabriqués par des spécialistes, des tuhuna haatiki, généreusement rémunérés en écaille de tortue et en porcs, notamment. Il semble qu'elles aient été utilisées dans des rituels liés à la pêche à la tortue, qui était l'offrande faite aux dieux et la nourriture exclusivement consommée par les prêtres et les chefs. Handy et Rollin évoquent également leurs utilisations par les tāuà « sorciers-médecins » afin de guérir certaines maladies.

D’après des textes de Pierre Ottino et Tara Hiquily

Source : Musée de Tahiti et des îles
Crédit photo : collection Musée de Tahiti et des îles / Danee Hazama
N.B. : les légendes explicatives des objets d'art suivent la graphie marquisienne

Infos pratiques

Du 15 septembre 2016 au 19 mars 2017
Musée de Tahiti et des îles, Punaauia
Ouvert tous les jours (sauf le lundi), de 9 à 17 heures
Entrée libre pour les étudiants et les moins de 18 ans
Tarifs : 800 Fcfp/pers. pour l'exposition "Tiki" ; 1 000 Fcfp pour l'entrée "all access" (exposition "Tiki" + collections du Musée de Tahiti et des îles)
Groupes à partir de dix personnes : 700 Fcfp/pers. ; 900 Fcfp pour l'entrée "all access"
Contact : 40 54 84 35
Site : www.museetahiti.pf
Facebook : Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha


Rédigé par Dominique Schmitt le Lundi 31 Octobre 2016 à 09:37 | Lu 1924 fois