Patricia Molié, Gérald Ascargorta et Emilie Chauprade les trois comédiens de Papa Upu sur scène lors de la première représentation le vendredi 4 octobre au Petit Théâtre.
PAPEETE, le 7 octobre 2014. L'adaptation de la pièce Ubu Roi d'Alfred Jarry par Patricia Molié est réussie. Avec trois personnages seulement on y retrouve la dénonciation du pouvoir et ses dérives sur les hommes qui l'incarnent. Les adaptations immiscées par Patricia Molié dans son "Papa Upu" ne dénaturent pas le texte original d'Ubu Roi. Les mots d'Alfred Jarry sont bien là avec juste un zeste de relocalisation d'abord pour correspondre à une interprétation à trois personnages seulement, ensuite pour suggérer une universalité du message. Papa Upu comme Ubu Roi va s'emparer du pouvoir et avec un plaisir morbide va devenir un tyran allant jusqu'à tout contrôler, régenter, imaginer des règles de vie absurdes et même avoir la main sur la vie et la mort de ses ennemis comme de ses proches. On y trouve un Papa Upu tyrannique mais issu de la manipulation de mama Upu, qui dans l'ombre fomente cette prise de pouvoir absolue et en justifie les crimes pour son seul bien être et la jouissance des richesses et privilèges. "Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence" pourrait-on ajouter en sous-titre de ce Papa Upu, car il a comme un air de déjà vu cet homme qui s'accroche au pouvoir et ne veut pas en laisser une seule miette pour les autres.
A trois comédiens seulement en scène, Patricia Molié, Gérald Ascargorta et Emilie Chauprade réussissent à rendre réels les fracas des batailles, les exécutions sommaires, les fastes de la cour et les courbettes de courtisans. C'est la magie de la mise en scène où un simple kakémono de couleurs suffit à signifier le changement de régime et où les intermèdes chorégraphiques d'Emilie Chauprade, professeur de danse au Centre André Tschan, viennent rythmer les affres de la culpabilité ou de la peur devant le cynisme grandissant d'un maître absolu du pouvoir.
Le public appréciera aussi, en lever de rideau, la fraîcheur d'interprétation des adolescents qui suivent les cours de théâtre de Patricia Molié depuis quelques semaines, dans une saynète aux jeux de mots absurdes. Ces apprentis comédiens sans trac ni prise de tête passent sur les planches avec un enthousiasme palpable. Au final, une soirée culturelle très riche et complète pour 1h30 de spectacle. A recommander chaudement pour les deux représentations restantes en fin de cette semaine au Petit Théâtre de la Maison de la culture.
En lever de rideau, les adolescents du cours de théâtre de Patricia Molié.