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Teva i uta : les forces vives se mobilisent pour la création d’entreprise


Teva i uta : les forces vives se mobilisent pour la création d’entreprise
Le projet de prison a réuni mardi à Teva i uta l’Etat, le Pays, les communes, et les sociétés civiles ( Medef, CCISM, ADIE) autour du développement économique de la Presqu’île. Une convention de partenariat en faveur de l'emploi et le développement local dans le cadre du futur centre de détention de la Polynésie française a été signé à cette occasion.
Le forum “Crée ton avenir : crée ton job et monte ta boîte !” instigué par la cellule emploi, un regroupement de différents organismes de l’Etat et du Territoire, a remporté un véritable succès. La population jeune de la presqu’île a répondu en nombre à l’appel de leur commune. Preuve que l’économie et l’emploi sont au cœur de leur préoccupation.

La construction future du centre pénitentiaire de Teva i Uta est le point de départ de ce forum. Un forum placé sous le signe de la création d’entreprise en parallèle du projet. L’arrivée massive d’entreprises pour tous les travaux, puis plus tard de personnels administratifs sera synonyme de besoins. Le décapage (préparation aux coulages de ciment) du site retenu (à Tatutu) va démarrer au second semestre de cette année. Dès cette première phase, des besoins en termes de nourriture, de fournitures et autres se feront ressentir. Le comité de pilotage qui existe déjà depuis le décembre 2011 va définir le mode d’attribution des marchés, les conditions ainsi que leur facilité d’accès. L’idée étant de permettre au plus grand nombre d’entreprises de la presqu’île, voire de susciter la création de jeunes entreprises qui pourront bénéficier des retombées directes et indirectes de ce projet dont la première pierre devrait être posée vers la fin de l’année.

"Madame le maire (ndlr : Valentina Cross) a tenu bon et elle a bien fait !", a souligné le haut-commissaire de la république, Jean-Pierre Laflaquière lors du premier forum sur la création d’entreprise de la presqu’île. Une allusion faite aux critiques, voire refus auxquelles la tāvana s’est vue confrontée durant la période de consultation de l’avis de la population sur le projet de construction du futur centre pénitentiaire.

Dans son discours, Valentina Cross a cédé à l’émotion. Ce projet, elle l’a toujours soutenue depuis le début afin "de permettre à ma commune de donner du travail à ses jeunes.", a-t-elle dit, les yeux embués. En effet, il faut dire que depuis sa prise de position en faveur du projet, une partie de la population n’a pas caché sa désapprobation. L’annonce de la construction du centre pénitencier avait eu l’effet d’une bombe : contestations, craintes en tous genres et scepticisme. Il semblerait, au vu de la forte affluence constatée lors de ce forum, premier du nom dans cette partie de Tahiti, que les avis aient évolué.


Teva i uta : les forces vives se mobilisent pour la création d’entreprise
Venus pour chercher un emploi, ils ressortent les idées plein la tête

Vanina nous vient de Papeari même. Deux enfants de bas âge et en concubinage, elle nous donne son avis : "Oui, c’est vrai que moi aussi, j’étais contre ce projet, mais peu à peu, je me suis renseignée et j’ai vu que c’était un bon projet. (…) le travail que va engendrer la présence de la future prison est une grande opportunité pour moi. Je suis couturière et mon compagnon est pêcheur. On nous a dit que nous avions notre place."

Teina est originaire de Papara. Il est venu au forum pour chercher un emploi, mais c’est l’inverse qui s’est passé. Au fil des visites dans les divers stands, il a eu envie de créer sa petite entreprise. "J’ai assisté aux explications des agents de l’AD.I.E et j’ai vu que je pouvais monter ma boîte en faisant un petit prêt. En plus, ils nous accompagnent dans la formation. Du coup, je me suis dit « pourquoi pas ? » Je suis courageux et j’aime la maçonnerie. Peut-être que je peux prendre une patente."

Yvette habite Taravao. 22 ans. Le BAC en poche, elle sait exactement ce qu’elle veut : "j’ai envie de monter mon snack car il faudra bien faire à manger pour tous ces gens-là" dit-elle avec humour. "En fait, je sais où je vais. Je veux d’abord apprendre à gérer une entreprise. Pour cela, j’ai assisté aux explications données par la CAGEST (dirigée par Nelson Tapare-Pin) et je crois que je vais m’inscrire. Cela va me permettre de d’être organisée et surtout consciencieuse dans la tenue de caisse."

Henere, lui, est agriculteur sur les hauteurs de To’ahotu. Pour l’instant, il vend ses petites productions directement aux particuliers, mais avec les possibilités qu’offrira le projet d’aménagement de la future prison de Papeari, il ambitionne d’agrandir son exploitation. "Je ne sais pas encore gérer comme il faut, mais j’arrive quand même à m’en sortir. Heureusement que j’ai bien écouté les conseils donnés par la CAGEST. Je veux me former et apprendre à rentabiliser mon affaire, puis la développer."

Lors du discours de bienvenu, des témoignages de deux soldats du GSMA et de trois chefs d’entreprises de la société civile ont été très appréciés par l’auditoire. L’un des deux militaires a expliqué son parcours et a mis l’accent sur les avantages qu’offre un service effectué au sein de cette armée de métier. "Grâce au GSMA, j’ai pu passer mon permis et je suis actuellement en train de passer celui de la catégorie poids lourd "

Autre témoignage poignant, celui de Kauehi, mère d’un petit garçon. La vie ne lui a pas fait de cadeau. Elle le concède elle-même."On ma mis à la porte ! (son ex concubin) et il fallait bien nourrir mon bébé. C’est comme cela que je me suis mise à l’artisanat." Aujourd’hui, la jeune femme a pris une patente. L’A.D.I.E va la soutenir et le bouche-à-oreille commence à porter ses fruits.


Un avenir économique prometteur

Rappelons que le centre pénitencier va générer la création de 300 postes administratifs et opérationnels (gestion générale et surveillants). Pour accueillir tout ce personnel, il faudra des locaux et des pièces dédiées. Leur construction se fera par de nombreuses entreprises locales. D’ailleurs, 80 % des travaux seront sous-traités par des sociétés privées. Du travail en perspective donc pendant toute la durée du chantier (2012 à 2016). Outre les entreprises citées plus haut, ce sera plus de 2500 employés indirects qui seront créés.

Le forum a mis l’accent sur l’initiative, l’esprit d’entreprise. Il s’agit de démontrer que travailler chez soi est accessible. Tous les ateliers phares de l’événement n’ont pas désempli de 15 à 16 heures. Succès partout.


Signature d’une convention multipartite

Le second temps fort de cette journée fut sans aucun doute la signature de la convention d'engagement partenarial pour l'emploi et le développement local destinée à accompagner la construction du centre pénitentiaire de la Polynésie française.
Le but de cette convention est de créer une synergie autour des signataires (Etat, Pays, partenaires privés et monde associatif) Objectif : permettre aux demandeurs d’emploi de la presqu’île, qui seront formés pendant le chantier et au-delà, d’obtenir une promesse d’emploi. Cette convention s’étendra aux détenus dans le cadre d’insertion dans l'environnement économique de Teva i Uta et des communes voisines. Les entrepreneurs privés, porteurs de projets, seront aidés par l'accès à des formations. Ils bénéficieront également de financements dédiés au soutien du développement économique de l’ensemble de la Presqu'île.
La convention qui fait l’objet d’une attention particulière de la part des 14 membres composant le comité de pilotage permet de mettre en exergue cinq points primordiaux : le lancement d’un programme de formation des jeunes de Teva i Uta, la rénovation du CJA de Papeari, l’identification des projets de développement local lié à la construction du centre, la mise en place d’un forum du développement local et de la micro-entreprise et de la promotion du projet par le biais d’une newsletter « flash info » émanant de l’A.P.I.J ( Administration Publique pour l’Immobilier de la Justice). Ce projet fédérateur permettra à chaque entité signataire de la convention, de mutualiser leurs moyens afin de réussir ce pari économique grandiose. Tous attendent le jour-J désormais.
Teva i uta : les forces vives se mobilisent pour la création d’entreprise

Rédigé par TP le Mercredi 23 Janvier 2013 à 15:54 | Lu 1425 fois