Tahiti, le 8 décembre 2019 - A la veille de l’examen du budget 2020 par l’assemblée de la Polynésie française, le vice-président en charge de l’Economie et des Finances, Teva Rohfritsch, a accordé une interview à Tahiti Infos pour revenir en détails sur la politique économique du gouvernement. « Il a fallu d’abord redresser les comptes publics (…) et maintenant, depuis 2019 et 2020, en investissements notamment c’est le temps de la redistribution et de l’accompagnement social des populations qui n’ont pas encore bénéficié de ce redressement économique », jauge le Grand Argentier du Pays.
Quels sont les grands axes politiques qui ont présidé à la préparation de ce budget pour 2020 ?
« Une phrase du président lors du débat d’orientation budgétaire résume bien l’esprit dans lequel on a construit ce budget : ‘Une Polynésie bienveillante et toujours plus solidaire, dans laquelle chacun trouve sa place et s’épanouit dans un environnement économique, social et culturel sécurisant à préserver’. Et c’est précisément ce qui a guidé nos pas. Il s’agit donc bien évidemment de poursuivre la maîtrise des dépenses de fonctionnement courant, c’est-à-dire de maîtriser le train de vie de l’administration, pour pouvoir continuer de dégager des marges d’intervention et d’accompagnement des acteurs économiques à la création d’entreprise et à la création d’activité, mais aussi pour pouvoir faire de la redistribution, de l’accompagnement social et de la solidarité au travers des emplois aidés, des mesures d’aides sociales et notamment du logement social. (…). Il s’agit également de dégager, par le même biais, une capacité d’autofinancement importante –et ce sera le cas pour le troisième exercice consécutif– de manière à pouvoir financer nous-même une partie de notre budget d’investissements. Ce qui nous permet d’avoir un recours modéré à l’emprunt et c’est pour cela qu’en quelques années, nous avons réduit de 14 milliards l’encourt global de l’emprunt de la Polynésie. »
La Polynésie continue donc sa politique de désendettement sans profiter des taux bas actuellement en vigueur ?
« Justement, il y a un petit changement sur ce point en 2020. C’est-à-dire que l’on garde une épargne nette constante, mais que nous avons un recours un peu plus important à l’emprunt puisqu’au lieu de solliciter une autorisation d’emprunt de l’assemblée de 8,5 milliards comme les années précédentes, on va monter à 13,8 milliards. Ceci parce qu’il y a en ce moment un contexte de taux très bas. C’est en gros un peu le moment d’emprunter. Mais attention, emprunter davantage ne veut pas dire engager davantage la Polynésie à long terme, puisque parallèlement nous sommes en train de renégocier les emprunts passés et notamment ceux qui sont à taux supérieurs à 3%. Ce qui fait qu’on poursuit quand même cette volonté de désendetter la Polynésie… Un chiffre parlant sur la dette : En 2014, le Pays consacrait 16% de ses recettes fiscales pour rembourser les emprunts. En 2018, on est tombé à 11%. »
Vous avez rencontré le représentant de l’agence de notation financière Moody’s ces derniers jours. Doit-on s’attendre à une évolution de la note financière de la Polynésie ?
« J’ai effectivement rencontré ce représentant de Moody’s en début de sa mission en Polynésie. C'est-à-dire que je ne connais pas ses conclusions. J’ai confirmé, de mon côté, que le Pays avait mis en place un certain nombre d’outils de gouvernance. Le sujet de la protection sociale a été évoqué et, en ce qui concerne les retraites en particulier, j’ai confirmé que le ministre de la Santé, Jacques Raynal, avait encore récemment communiqué en conseil des ministres sur l’avancement des réformes. On ne change pas de cap. Il n’y a pas une seule réforme. Ce sont plusieurs textes qui arrivent successivement. Je n’ai donc pas d’inquiétudes sur une éventuelle évolution de la note à la baisse et j’espère que sur les deux ou trois prochaines années nous pourrons même augmenter. »
Quels sont les grands axes politiques qui ont présidé à la préparation de ce budget pour 2020 ?
« Une phrase du président lors du débat d’orientation budgétaire résume bien l’esprit dans lequel on a construit ce budget : ‘Une Polynésie bienveillante et toujours plus solidaire, dans laquelle chacun trouve sa place et s’épanouit dans un environnement économique, social et culturel sécurisant à préserver’. Et c’est précisément ce qui a guidé nos pas. Il s’agit donc bien évidemment de poursuivre la maîtrise des dépenses de fonctionnement courant, c’est-à-dire de maîtriser le train de vie de l’administration, pour pouvoir continuer de dégager des marges d’intervention et d’accompagnement des acteurs économiques à la création d’entreprise et à la création d’activité, mais aussi pour pouvoir faire de la redistribution, de l’accompagnement social et de la solidarité au travers des emplois aidés, des mesures d’aides sociales et notamment du logement social. (…). Il s’agit également de dégager, par le même biais, une capacité d’autofinancement importante –et ce sera le cas pour le troisième exercice consécutif– de manière à pouvoir financer nous-même une partie de notre budget d’investissements. Ce qui nous permet d’avoir un recours modéré à l’emprunt et c’est pour cela qu’en quelques années, nous avons réduit de 14 milliards l’encourt global de l’emprunt de la Polynésie. »
La Polynésie continue donc sa politique de désendettement sans profiter des taux bas actuellement en vigueur ?
« Justement, il y a un petit changement sur ce point en 2020. C’est-à-dire que l’on garde une épargne nette constante, mais que nous avons un recours un peu plus important à l’emprunt puisqu’au lieu de solliciter une autorisation d’emprunt de l’assemblée de 8,5 milliards comme les années précédentes, on va monter à 13,8 milliards. Ceci parce qu’il y a en ce moment un contexte de taux très bas. C’est en gros un peu le moment d’emprunter. Mais attention, emprunter davantage ne veut pas dire engager davantage la Polynésie à long terme, puisque parallèlement nous sommes en train de renégocier les emprunts passés et notamment ceux qui sont à taux supérieurs à 3%. Ce qui fait qu’on poursuit quand même cette volonté de désendetter la Polynésie… Un chiffre parlant sur la dette : En 2014, le Pays consacrait 16% de ses recettes fiscales pour rembourser les emprunts. En 2018, on est tombé à 11%. »
Vous avez rencontré le représentant de l’agence de notation financière Moody’s ces derniers jours. Doit-on s’attendre à une évolution de la note financière de la Polynésie ?
« J’ai effectivement rencontré ce représentant de Moody’s en début de sa mission en Polynésie. C'est-à-dire que je ne connais pas ses conclusions. J’ai confirmé, de mon côté, que le Pays avait mis en place un certain nombre d’outils de gouvernance. Le sujet de la protection sociale a été évoqué et, en ce qui concerne les retraites en particulier, j’ai confirmé que le ministre de la Santé, Jacques Raynal, avait encore récemment communiqué en conseil des ministres sur l’avancement des réformes. On ne change pas de cap. Il n’y a pas une seule réforme. Ce sont plusieurs textes qui arrivent successivement. Je n’ai donc pas d’inquiétudes sur une éventuelle évolution de la note à la baisse et j’espère que sur les deux ou trois prochaines années nous pourrons même augmenter. »
"Jamais eu autant de budget en faveur des aides à l'emploi, des aides sociales et de la solidarité"
Vous expliquez que l’augmentation des recettes fiscales traduit une hausse de la consommation et une reprise de l’économie, mais dans le même temps vous incitez à la « prudence » pour la conjoncture économique en 2020. Pourquoi ?
« Être prudent, ça veut dire qu’on observe quand même l’évolution de l’économie internationale. L’évolution des conflits mondiaux, commerciaux ou armés. On observe la situation dans nos marchés émetteurs, parce que le tourisme reste notre principale source propre de recettes. Ça veut dire qu’on reste exposé à la situation économique qu’on peut voir aux Etats-Unis et en Europe. Donc on reste prudent, mais on table quand même sur une croissance de 2,5% l’année prochaine. Et puis, on restera attentif aussi à l’évolution des taux d’emprunts. (…) L’isolement de la Polynésie et sa dépendance assez relative aux capitaux étrangers fait qu’on est certes ici dans une sorte de bulle économique, mais on n’oublie pas qu’avec la crise des "subprime" en 2008, on a souffert. Donc c’est pour ça qu’on reste prudent. »
L’opposition a estimé lors du débat d’orientation budgétaire que votre politique économique était trop libérale et pas assez sociale. Que répondez-vous ?
« Ce que je rappelle souvent à l’opposition dans nos débats, c’est qu’on ne peut partager que la richesse qu’on a créée. Donc il faut créer de la richesse pour mieux la partager. Or ce gouvernement n’a jamais mis autant de budget en direct -et je dis bien ‘jamais’ depuis l’autonomie de la Polynésie française-, en faveur des emplois aidés, en faveur des aides sociales, et en faveur de cette solidarité globale. Parce qu’il fut un temps où les emplois aidés étaient montés à 4 ou 5 milliards, mais à cette époque c’était en utilisation partielle du fonds pour la reconversion financé par l’Etat. Nous, notre gouvernement, c’est ce que nous dégageons de la richesse créée en Polynésie par les Polynésiens que nous affectons, près de 5 milliards, sur les emplois aidés. Il suffit de prendre les chiffres. Aujourd’hui, le budget de fonctionnement ‘vie sociale’ augmente de 6,58% en 2020. Celui de la ‘santé’ augmente de 8,65%. Le développement des ‘ressources propres’, cher à certain de nos opposants, augmente de 21,5% en fonctionnement et je ne parle même pas de l’investissement. ‘L’enseignement’ augmente de 10,6%. Et dans le même temps, le budget de fonctionnement ‘économie générale’ baisse de 8,3%... Donc au contraire, ce gouvernement accompagne davantage directement tous ces postes. »
Et comment cela se traduit-il sur les investissements ?
« En matière d’investissements, le budget du développement des ‘ressources propres’ est la troisième dotation pour l’année prochaine. Le premier reste les ‘réseaux et équipements structurants’. Le second est ‘l’urbanisme, l’habitat et le foncier’ qui augmente de 26%. Aucun autre gouvernement n’a jamais mis autant de fonds propres publics dans le logement social que le nôtre. C’est devenu le deuxième budget d’investissement du Pays pour pouvoir lutter contre l’habitat indigne. Donc, non c’est un faux procès qui est fait. Mais c’est vrai qu’il a fallu d’abord redresser les comptes publics, relancer la machine économique, et maintenant, depuis 2019 et 2020, en investissements notamment, c’est le temps de la redistribution et de l’accompagnement social des populations qui n’ont pas encore bénéficié de ce redressement économique ».
« Être prudent, ça veut dire qu’on observe quand même l’évolution de l’économie internationale. L’évolution des conflits mondiaux, commerciaux ou armés. On observe la situation dans nos marchés émetteurs, parce que le tourisme reste notre principale source propre de recettes. Ça veut dire qu’on reste exposé à la situation économique qu’on peut voir aux Etats-Unis et en Europe. Donc on reste prudent, mais on table quand même sur une croissance de 2,5% l’année prochaine. Et puis, on restera attentif aussi à l’évolution des taux d’emprunts. (…) L’isolement de la Polynésie et sa dépendance assez relative aux capitaux étrangers fait qu’on est certes ici dans une sorte de bulle économique, mais on n’oublie pas qu’avec la crise des "subprime" en 2008, on a souffert. Donc c’est pour ça qu’on reste prudent. »
L’opposition a estimé lors du débat d’orientation budgétaire que votre politique économique était trop libérale et pas assez sociale. Que répondez-vous ?
« Ce que je rappelle souvent à l’opposition dans nos débats, c’est qu’on ne peut partager que la richesse qu’on a créée. Donc il faut créer de la richesse pour mieux la partager. Or ce gouvernement n’a jamais mis autant de budget en direct -et je dis bien ‘jamais’ depuis l’autonomie de la Polynésie française-, en faveur des emplois aidés, en faveur des aides sociales, et en faveur de cette solidarité globale. Parce qu’il fut un temps où les emplois aidés étaient montés à 4 ou 5 milliards, mais à cette époque c’était en utilisation partielle du fonds pour la reconversion financé par l’Etat. Nous, notre gouvernement, c’est ce que nous dégageons de la richesse créée en Polynésie par les Polynésiens que nous affectons, près de 5 milliards, sur les emplois aidés. Il suffit de prendre les chiffres. Aujourd’hui, le budget de fonctionnement ‘vie sociale’ augmente de 6,58% en 2020. Celui de la ‘santé’ augmente de 8,65%. Le développement des ‘ressources propres’, cher à certain de nos opposants, augmente de 21,5% en fonctionnement et je ne parle même pas de l’investissement. ‘L’enseignement’ augmente de 10,6%. Et dans le même temps, le budget de fonctionnement ‘économie générale’ baisse de 8,3%... Donc au contraire, ce gouvernement accompagne davantage directement tous ces postes. »
Et comment cela se traduit-il sur les investissements ?
« En matière d’investissements, le budget du développement des ‘ressources propres’ est la troisième dotation pour l’année prochaine. Le premier reste les ‘réseaux et équipements structurants’. Le second est ‘l’urbanisme, l’habitat et le foncier’ qui augmente de 26%. Aucun autre gouvernement n’a jamais mis autant de fonds propres publics dans le logement social que le nôtre. C’est devenu le deuxième budget d’investissement du Pays pour pouvoir lutter contre l’habitat indigne. Donc, non c’est un faux procès qui est fait. Mais c’est vrai qu’il a fallu d’abord redresser les comptes publics, relancer la machine économique, et maintenant, depuis 2019 et 2020, en investissements notamment, c’est le temps de la redistribution et de l’accompagnement social des populations qui n’ont pas encore bénéficié de ce redressement économique ».
"Pas parce que ça va mieux qu'on dépense à tout va"
Les dépenses de personnel sont tout de même en légère augmentation ?
« Il y a une légère augmentation cette année, mais on l’avait annoncée l’année dernière, parce qu’on va créer 86 postes. Quand habituellement, depuis trois à quatre ans, on en créait 25. Donc, il y a une augmentation en nombre de postes, mais ça reste très relatif par rapport à l’ensemble des postes de l’administration. La masse salariale reste maîtrisée. Il y a eu beaucoup, d’abord, de départs à la retraite avec la réforme. On a eu deux comportements d’ailleurs, au lendemain de cette réforme. D’abord ceux qui ont demandé à prolonger leur activité et puis ensuite ceux qui ont demandé à partir. Cela fait depuis 2013 qu’est engagé un régime très dur de non-remplacement des départs à la retraite, de gel de postes. Ce qui fait que dans certains services, on a atteint à mon sens des seuils au-delà desquels on ne peut pas aller. S’il n’y a plus qu’une personne ou deux dans une cellule, si l’une vient à prendre ses congés ou tomber malade, on a un problème de service public. Donc on vient créer 86 postes, essentiellement en A et B, pour aider de façon chirurgicale des cellules où l’action publique est déficitaire. Ce n’est pas parce que ça va mieux qu’on dépense à tout va, mais il faut quand même pouvoir redonner des capacités d’action et d’intervention aux pouvoirs publics. »
La dotation aux communes, via le FIP, augmente de façon conséquente avec l’augmentation des recettes fiscales. Une bonne nouvelle pour la majorité, notamment en année d’élections municipales ?
« Notez bien que cette augmentation est purement mécanique. Depuis 2005, 17% des recettes fiscales du Pays sont attribuées aux communes et ça ne peut pas être inférieur à 15% selon la loi organique. Donc quand les recettes fiscales augmentent, fruit de l’activité économique, la dotation au FIP augmente mécaniquement. Souvenez-vous, ce sujet est revenu sur la table il y a trois ou quatre ans lors d’un congrès du Syndicat pour la promotion des communes. À un moment où l’activité économique n’avait pas encore bien repris, les maires ont subi la baisse des dotations du FIP. Et c’est là qu’est venue la discussion sur la fiscalité communale et sur un transfert de fiscalité du Pays vers les communes. On n’y est pas opposés, bien sûr. C’est le président qui est compétent en la matière. Mais c’est un gros chantier à ouvrir. Et le message qu’on avait adressé aux maires à l’époque n’était pas une fin de non-recevoir. C’était de bien travailler sur le sujet, parce qu’il ne faut pas non plus remettre en cause la solidarité qui doit intervenir entre les grandes communes de l’agglomération de Papeete et les petites communes des îles où il n’y a pas de création de richesse fiscale. Le FIP, comme son nom l’indique, est cet outil de péréquation. Et donc, nous avions expliqué aux maires qu’il fallait d’abord qu’on relance la machine économique et que mécaniquement les dotations allaient augmenter. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Ça ne veut pas dire qu’on ferme le chantier de la fiscalité communale parce que les communes devraient pouvoir fixer leur taux d’impôt pour avoir des leviers d’intervention économique. Mais n’oublions pas non plus la fonction principale de l’impôt qui est d’avoir une solidarité entre les Polynésiens et entre les communes. »
Au sujet du financement de l’Etat au régime de solidarité, non inscrit au budget de l’Etat, avez-vous des garanties pour cette année ?
« Nous restons confiants. Cette année, nous avons perçu une dotation hors convention. Donc il y a quand même une confiance entre le gouvernement national et les Polynésiens. Nous n’avons pas d’inquiétudes particulières sur la conclusion d’une nouvelle convention. Mais c’est vrai que la précédente convention consistait à ce que l’Etat participe au financement du déficit du régime de protection sociale. Les réformes successives que nous avons menées ammènent ce régime à l’équilibre. Et c’était quelque part paradoxale d’asseoir une solidarité nationale sur un déficit. Alors que la bonne gestion veut qu’on arrive à l’équilibre. C’est pour ça qu’on discute depuis un an avec l’Etat sur un autre type de convention qui sera davantage assise sur de la prévention, et plus globalement sur la santé et la solidarité. Donc le support financier va changer mais la solidarité nationale doit s’exprimer en Polynésie. Et il n’y a pas de signes aujourd’hui, du côté de nos relations avec l’Etat, qui nous ammèneraient à penser que l’Etat ne nous financerait plus. L’idée est également de s’inscrire dans les objectifs nationaux de prévention, notamment sur les maladies non transmissibles, la lutte contre l’obésité, la lutte contre le traitement du cancer et les investissements à réaliser… Parce que l’Etat viendrait à la fois en subvention en fonctionnement et en accompagnement en investissement. Donc, c’est pour ça que ça n’est pas encore conclu et que la recette n’apparaît pas. Nous sommes en discussion actuellement avec Paris pour voir si, d’ici la fin de l’année, nous pourrions avoir des idées de montants prévisionnels. Ça nous semble difficile à ce stade. Si ça n’est pas le cas, je proposerai un amendement à l’assemblée pour ajuster. Parce que pour l’instant la recette prévisionnelle est inscrite. Et ensuite, par un collectif, nous viendrons entériner la future recette de l’Etat. »
« Il y a une légère augmentation cette année, mais on l’avait annoncée l’année dernière, parce qu’on va créer 86 postes. Quand habituellement, depuis trois à quatre ans, on en créait 25. Donc, il y a une augmentation en nombre de postes, mais ça reste très relatif par rapport à l’ensemble des postes de l’administration. La masse salariale reste maîtrisée. Il y a eu beaucoup, d’abord, de départs à la retraite avec la réforme. On a eu deux comportements d’ailleurs, au lendemain de cette réforme. D’abord ceux qui ont demandé à prolonger leur activité et puis ensuite ceux qui ont demandé à partir. Cela fait depuis 2013 qu’est engagé un régime très dur de non-remplacement des départs à la retraite, de gel de postes. Ce qui fait que dans certains services, on a atteint à mon sens des seuils au-delà desquels on ne peut pas aller. S’il n’y a plus qu’une personne ou deux dans une cellule, si l’une vient à prendre ses congés ou tomber malade, on a un problème de service public. Donc on vient créer 86 postes, essentiellement en A et B, pour aider de façon chirurgicale des cellules où l’action publique est déficitaire. Ce n’est pas parce que ça va mieux qu’on dépense à tout va, mais il faut quand même pouvoir redonner des capacités d’action et d’intervention aux pouvoirs publics. »
La dotation aux communes, via le FIP, augmente de façon conséquente avec l’augmentation des recettes fiscales. Une bonne nouvelle pour la majorité, notamment en année d’élections municipales ?
« Notez bien que cette augmentation est purement mécanique. Depuis 2005, 17% des recettes fiscales du Pays sont attribuées aux communes et ça ne peut pas être inférieur à 15% selon la loi organique. Donc quand les recettes fiscales augmentent, fruit de l’activité économique, la dotation au FIP augmente mécaniquement. Souvenez-vous, ce sujet est revenu sur la table il y a trois ou quatre ans lors d’un congrès du Syndicat pour la promotion des communes. À un moment où l’activité économique n’avait pas encore bien repris, les maires ont subi la baisse des dotations du FIP. Et c’est là qu’est venue la discussion sur la fiscalité communale et sur un transfert de fiscalité du Pays vers les communes. On n’y est pas opposés, bien sûr. C’est le président qui est compétent en la matière. Mais c’est un gros chantier à ouvrir. Et le message qu’on avait adressé aux maires à l’époque n’était pas une fin de non-recevoir. C’était de bien travailler sur le sujet, parce qu’il ne faut pas non plus remettre en cause la solidarité qui doit intervenir entre les grandes communes de l’agglomération de Papeete et les petites communes des îles où il n’y a pas de création de richesse fiscale. Le FIP, comme son nom l’indique, est cet outil de péréquation. Et donc, nous avions expliqué aux maires qu’il fallait d’abord qu’on relance la machine économique et que mécaniquement les dotations allaient augmenter. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Ça ne veut pas dire qu’on ferme le chantier de la fiscalité communale parce que les communes devraient pouvoir fixer leur taux d’impôt pour avoir des leviers d’intervention économique. Mais n’oublions pas non plus la fonction principale de l’impôt qui est d’avoir une solidarité entre les Polynésiens et entre les communes. »
Au sujet du financement de l’Etat au régime de solidarité, non inscrit au budget de l’Etat, avez-vous des garanties pour cette année ?
« Nous restons confiants. Cette année, nous avons perçu une dotation hors convention. Donc il y a quand même une confiance entre le gouvernement national et les Polynésiens. Nous n’avons pas d’inquiétudes particulières sur la conclusion d’une nouvelle convention. Mais c’est vrai que la précédente convention consistait à ce que l’Etat participe au financement du déficit du régime de protection sociale. Les réformes successives que nous avons menées ammènent ce régime à l’équilibre. Et c’était quelque part paradoxale d’asseoir une solidarité nationale sur un déficit. Alors que la bonne gestion veut qu’on arrive à l’équilibre. C’est pour ça qu’on discute depuis un an avec l’Etat sur un autre type de convention qui sera davantage assise sur de la prévention, et plus globalement sur la santé et la solidarité. Donc le support financier va changer mais la solidarité nationale doit s’exprimer en Polynésie. Et il n’y a pas de signes aujourd’hui, du côté de nos relations avec l’Etat, qui nous ammèneraient à penser que l’Etat ne nous financerait plus. L’idée est également de s’inscrire dans les objectifs nationaux de prévention, notamment sur les maladies non transmissibles, la lutte contre l’obésité, la lutte contre le traitement du cancer et les investissements à réaliser… Parce que l’Etat viendrait à la fois en subvention en fonctionnement et en accompagnement en investissement. Donc, c’est pour ça que ça n’est pas encore conclu et que la recette n’apparaît pas. Nous sommes en discussion actuellement avec Paris pour voir si, d’ici la fin de l’année, nous pourrions avoir des idées de montants prévisionnels. Ça nous semble difficile à ce stade. Si ça n’est pas le cas, je proposerai un amendement à l’assemblée pour ajuster. Parce que pour l’instant la recette prévisionnelle est inscrite. Et ensuite, par un collectif, nous viendrons entériner la future recette de l’Etat. »
Silence radio sur Punaauia
Interrogé à l’occasion de cette interview sur sa candidature aux municipales à Punaauia face au maire sortant, Simplicio Lissant, Teva Rohfritsch s’est strictement refusé à tout commentaire sur le sujet. « Je consacre aujourd’hui l’essentiel de mon temps à la préparation et à la présentation de ce budget et je ne souhaite pas mélanger les genres », a répondu l’intéressé.