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Test à domicile pour savoir si son ado se drogue: un miroir aux alouettes

PARIS, 14 avril 2010 (AFP) - Des tests urinaires à domicile pour dépister le cannabis chez son ado, en vente sur Internet et censés aider les parents à surveiller leurs enfants, sont controversés parmi les spécialistes dont certains dénoncent le marketing de la peur, utilisé pour leur promotion.


"Mon ado se drogue-t-il ?". Pour les parents anxieux guettant le moindre signe chez leur enfant en pleine évolution, qui reniflent leurs vêtements et fouillent leur chambre, des sociétés vantent les mérites de tests rapides de dépistage anti-drogue "juste pour contrôler" la prise de drogue, bien sûr après en avoir averti l'intéressé.

Des tests de salive, de sueur, d'urine et même sur les surfaces de contact: on trouve de tout sur Internet. Quant à leur fiabilité, c'est une autre affaire, remarquent les spécialistes.

A côté de ces tests qui répondent oui ou non, c'est à présent un test baptisé Narcocheck qui surfe sur la vague. Déjà sur Internet, il jauge le niveau de consommation en trois paliers - au niveau 1, il fume de temps en temps au niveau 3, c'est un consommateur régulier.

Le permier test sert d'avertissement, ensuite le jeune est prévenu qu'il sera contrôlé, "on joue carte sur table", explique Frédéric Rodzynek, le gérant de sa diffusion (www.testdrogues.fr), au magazine PsychoEnfants. Cet outil permet de savoir que son enfant a un problème avec la drogue avant même que cela ne soit visible par un changement de comportement (irritabilité, perte de motivation...), promet-il.

"On en a déjà écoulé plusieurs milliers, c'est normal, il répond à un besoin criant", affirme-t-il dans Le Parisien de mercredi. Il a en tout cas pris rendez-vous avec les autorités sanitaires en vue de commercialiser son "auto test" éventuellement en pharmacie, selon ces dernières.

"Près de la moitié des jeunes en Ile-de-France a fumé au moins une fois, heureusement ils ne sont pas tous malades !", lance le Dr Marc Valleur du centre Marmottan.

"Un jeune qui se met à fumer trop, c'est parce qu'il a des problèmes. Il faut privilégier la capacité d'écoute des parents, la confiance et qu'ils consultent quand leur enfant ne va pas bien", souligne-t-il.

Le Dr Valleur "craint que le marketing des tests anti-drogue n'induise une paranoïa tout à fait inutile, les gens ont déjà assez peur des drogues".

"Je ne leur vois qu'une utilité : pour des gens qui vont avoir un examen médical d'embauche et qui sont désireux de savoir s'ils n'ont plus aucune trace dans leurs urines", ajoute le psychiatre.

"Pour avoir une certitude, mieux vaut recourir aux dosages (urines, sang) réalisés en laboratoire d'analyses" médicales, avertit Michel Laspougeas de l'Ordre des Pharmaciens .

"Ce n'est pas une bonne façon de procéder que les parents deviennent des policiers dans la famille", estime le Dr Michel Mallaret, président de la commission nationale des stupéfiants (Afssaps). "Globalement ces tests sont décevants car il y a des faux positifs et des faux négatifs" et "ils ne détectent pas le spice (cannabinoïde de synthèse)", prévient-il. Ils peuvent cependant contribuer au "débrouillage" dans certaines situations, selon lui.

Ils peuvent servir à la prévention : en Australie, par exemple, les policiers peuvent les utiliser à la sortie des boîtes et conseiller aux jeunes de ne pas prendre le volant, indique le Dr Malleret.

Rédigé par Par Brigitte CASTELNAU le Mercredi 14 Avril 2010 à 07:11 | Lu 461 fois