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Tereva David, un passionné au service du surf


Tereva David lors de la Tahiti Pro avec Courtney Conlogue et Brisa Hennessy.
Tereva David lors de la Tahiti Pro avec Courtney Conlogue et Brisa Hennessy.
Tahiti, le 14 février 2025 - Membre d’une famille iconique du surf polynésien, Tereva David a su trouver sa voie et créer sa propre histoire. Athlète de haut niveau toujours en activité, Tereva a toujours voulu transmettre ce qu’on lui avait donné. C’est ainsi que son chemin vers l’entraînement s’est dessiné, tout d’abord avec les jeunes du Fenua, puis avec les surfeurs internationaux. Tereva prouve au quotidien que la Polynésie peut, elle aussi, avoir les compétences nécessaires pour emmener nos sportifs vers les sommets.
 
Forcément, le nom David résonne sur les spots polynésiens, mais aussi à travers le monde du surf. Vetea, Moana, Tefana sont la première génération de David. Les enfants ont suivi les traces de leurs aînés et Tereva s’est rapidement fait un nom dans les compétitions. Très doué dans les vagues, il enchaîne les compétitions et les bons résultats.
 
Mais une autre passion que le ride se déclenche très tôt chez lui : transmettre aux jeunes surfeurs et surfeuses sa passion pour ce sport et le bien-être qu’il peut apporter. “Le fait d’être issu d’une grande famille m’a aidé à être entouré d’enfants et à pouvoir leur transmettre mon savoir. J’ai eu la chance de bénéficier des conseils et surtout de l’accompagnement de mes oncles et de mon père, et je veux redonner cet encadrement aux jeunes de nos îles.”
 
C’est donc logiquement, mais non sans difficultés, que Tereva est parti en 2012 en France pour passer son diplôme d’entraîneur. “Je suis parti pendant dix mois pour bien me former. C’était la première fois que j’allais en France. Ça m’a fait beaucoup de bien personnellement, mais aussi à mon surf, car j’ai pu surfer dans des conditions difficiles et vraiment différentes de celles auxquelles j’étais habitué.”
 
Création de Tahiti Surf Experience
 
À son retour, le nouveau diplômé ne tarde pas à être sollicité. Entre la création de ses stages pendant les vacances, sa carrière en WQS (World Qualifying Series, la troisième division du surf mondial) et son coaching personnel, le surfeur de Punaauia est sur tous les fronts. “Dès mon retour en 2013, j’ai été contacté par les parents d’un jeune surfeur qui devait participer à la King of the Groms, une compétition qui regroupe les meilleurs U16 du monde, et j’ai tout de suite compris qu’entraîner allait être une aventure fabuleuse.”
 
Une aventure qui s’est poursuivie avec la création de son école de surf, “Tahiti Surf Experience”, et qui n’a cessé de s’enrichir au fil du temps. “Dès que je rentrais des étapes du WQS, j’organisais des surf camps pendant les vacances, car je me suis vite aperçu que nos jeunes n’avaient pas beaucoup d’opportunités d’aller surfer les différentes vagues de notre île. Je voulais vraiment qu’ils puissent profiter de tous les avantages que nous avons ici. J’ai fait beaucoup de démarches pour obtenir des aides, avec lesquelles j’ai pu acheter, par exemple, un bateau pour pouvoir les emmener à Teahupo’o. On va aussi à Papeno’o ou à Taapuna. Il y a toujours une vague à surfer, il faut juste savoir où elle est.”
 
“Identifier les futurs Michel Bourez et Vetea David”
 
Mais le doux rêve de Tereva est de donner l’envie à ses petits prodiges d’aller le plus haut possible. “J’aimerais réussir à identifier les futurs Michel Bourez et Vetea David, et leur donner les moyens d’atteindre l’international.”
 
“Quand on voit les talents que l’on a ici, il faut les aider à réaliser leurs rêves. Les jeunes regardent John John Florence ou Gabriel Medina et aimeraient faire comme eux, mais c’est vrai que tu dois voyager très jeune, et c’est difficile pour nous, les Tahitiens, qui sommes proches de nos familles. Et c’est le rôle de mes surf camps, de les habituer à vivre sans leurs parents et à vivre en communauté. Comme ça, quand ils partiront pour les compétitions internationales, ils seront autonomes et prendront un maximum de plaisir à partir et à vivre avec leurs copains.”
 
Une mission à laquelle Tereva se voue corps et âme, animé par une passion infinie pour son sport. Avec sa faim d’entraîner, Tereva s’est lancé de nombreux défis. Grâce à son travail, les jeunes surfeurs et surfeuses du monde entier ont été curieux de découvrir son apprentissage. C’est le cas d’Erin Brooks. À 17 ans, la jeune Canadienne, actuellement l’une des meilleures surfeuses du WCT, était venue au Fenua pour bénéficier des conseils du coach. “Erin est venue à l’âge de 11 ans pendant un mois. Elle est revenue à 13 ans pour passer encore quelques semaines avec moi. On s’est entraînés tous les jours, on a pu aller surfer à Teahupo’o, elle a participé au Papara Pro. C’était une superbe expérience. J’ai gardé contact avec elle et elle aimerait que je la coache pour l’épreuve de la Tahiti Pro cette saison.”
 
“On va voir de plus en plus de nos jeunes à l’international”
 
Cette venue d’athlètes étrangers permet une émulation qui va faire progresser notre surf. La preuve en est que cette saison, de nombreuses compétitions internationales vont être organisées à Tahiti. Une reconnaissance internationale pour le surf tahitien qui ne fait que croître pour le plus grand bonheur de Tereva. “J’ai envie de voir tous nos jeunes s’éclater sur les plus beaux spots de la planète. Le travail effectué par la Fédération tahitienne de surf est sur la bonne voie. Avec la complicité de la Fédération française, on va voir de plus en plus de nos jeunes à l’international. C’est un juste retour des choses, car le surf est né chez nous.”
 
Avec toutes ces expériences accumulées, l’enfant de Taapuna a pu continuer à distiller ses conseils auprès d’athlètes étrangers. C’est le cas avec la surfeuse californienne Courtney Conlogue. Toujours classée parmi les dix meilleures du WCT féminin, l’Américaine, maintenant à la retraite, a créé un lien très particulier avec Tereva, et en 2022, le duo a fait ses preuves lors de la Tahiti Pro. “On a été très fusionnels tous les deux durant la compétition. On avait déjà passé deux fois un mois à s’entraîner ensemble, et ça nous a beaucoup aidés. Elle gagne la compétition cette année-là, et j’ai pu apprendre beaucoup d’elle. Ça a été très riche en émotions.”
 
Sollicité pour les JO
 
Boosté par cet excellent résultat, Tereva a continué de coacher des surfeurs demandeurs de son expérience et de sa méthode. L’année dernière, la talentueuse Brisa Hennessy a sollicité ses services pour finir finaliste de la Tahiti Pro face à la grande gagnante Vanine Fierro. “Après, j’ai été contacté par l’ISA (International Surfing Association) pour organiser deux training camps. En vue des Jeux olympiques de Paris 2024, des athlètes déjà sélectionnés ou en cours d’acquisition de leur ticket pour participer aux JO sont venus pour apprivoiser Teahupo’o. Ils venaient du Pérou, du Salvador, du Nicaragua, de la Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas. On s’est régalés, on s’est tous entraidés, ça n’a pas été simple, mais ils ont beaucoup appris, et moi aussi.”
 
Ensuite sont venues la team Canada, celle de Nouvelle-Zélande et surtout l’équipe du Japon. “J’ai été sollicité pour entraîner plusieurs délégations pour les JO, mais j’ai choisi l’équipe du Japon. J’ai tellement été touché par le respect qu’ils ont pour les autres, pour la vague, ça m’a énormément touché. Ils ont une telle mentalité extraordinaire pour le travail et l’abnégation que j’ai voulu vivre l’aventure à leurs côtés.”
 
Les résultats ont suivi puisque l’équipe a réussi à classer ses athlètes dans les dix meilleurs de la compétition. Avec un Réo Inaba, qui n’avait jamais surfé Teahupo’o et qui finit 5e, c’est une sacrée performance. Avec de telles compétences et un état d’esprit aussi professionnel, les jeunes prodiges du surf polynésien sont entre de bonnes mains.

Les heureux stagiaires des surf camps.
Les heureux stagiaires des surf camps.

Tereva et l’équipe japonaise de surf lors des JO 2024.
Tereva et l’équipe japonaise de surf lors des JO 2024.

Rédigé par Manu Rodor le Lundi 17 Février 2025 à 09:32 | Lu 1509 fois