
Le comité de gestion du rāhui de Teahupo’o s’est réuni pour faire un nouveau point d’étape (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 11 février 2025 – Le rāhui de Teahupo’o s'étend sur 767 hectares au Fenua ‘Aihere. Dix ans après l’instauration de cet espace maritime protégé, comment se porte l’environnement ? Un “bilan de santé” a été présenté au comité de gestion, ce mardi.
Quand le comité de gestion du rāhui de Teahupo’o se réunit, la salle est souvent pleine. C’était le cas mardi matin, à la mairie de Vairao, avec une trentaine de personnes autour de la table entre les élus de Taiarapu-Ouest, les agents de la Direction de l’environnement (Diren) et de la Direction des ressources marines (DRM), et les résidents représentant différents secteurs d’activité.
Pour rappel, le rāhui de Teahupo’o s’étend sur 767 hectares au Fenua ‘Aihere. Après consultation de la population, cet espace maritime a été classé “aire protégée de ressources naturelles gérées” par l’arrêté n°864 CM du 6 juin 2014, correspondant à la catégorie VI du code de l’Environnement. Dix ans plus tard, comment se porte le milieu ?
Quand le comité de gestion du rāhui de Teahupo’o se réunit, la salle est souvent pleine. C’était le cas mardi matin, à la mairie de Vairao, avec une trentaine de personnes autour de la table entre les élus de Taiarapu-Ouest, les agents de la Direction de l’environnement (Diren) et de la Direction des ressources marines (DRM), et les résidents représentant différents secteurs d’activité.
Pour rappel, le rāhui de Teahupo’o s’étend sur 767 hectares au Fenua ‘Aihere. Après consultation de la population, cet espace maritime a été classé “aire protégée de ressources naturelles gérées” par l’arrêté n°864 CM du 6 juin 2014, correspondant à la catégorie VI du code de l’Environnement. Dix ans plus tard, comment se porte le milieu ?

Des observations ont été menées jusqu’à 150 mètres de profondeur à l’aide d’un petit robot sous-marin (Crédit : PTPU).
Mesures et comptages
Pour tenter de répondre à cette question, des études scientifiques y sont menées régulièrement. Financée par la Diren, une nouvelle étude a été confiée l’an dernier à Pae Tai Pae Uta (PTPU) pour évaluer “l’état de santé” du rāhui. Des sondes ont permis de mesurer la température, la turbidité et la présence de “chlorophylle a”, en tant que base alimentaire. Ces mesures ponctuelles ont été complétées par un suivi écologique par habitat, en croisant les données de 2019 à 2024. La biodiversité étudiée concernait le corail, les algues et les poissons sur la base de 26 stations, avec un “petit robot sous-marin, ou ROV” pour les sites les plus profonds, jusqu’à 150 mètres.
Les premières conclusions ont été présentées avec “une bonne santé” sur le récif frangeant et les récifs enclavés, voire “une très bonne santé” sur le platier et sur la pente externe. La croissance d’algues brunes appelle toutefois une “surveillance”. Concernant les poissons, le comptage d’espèces ciblées a été réalisé par trois observateurs matin, midi et soir pendant dix minutes. La moyenne globale a été établie à 3 kg de poissons pour 100 m2, en sachant que certains sites se sont avérés beaucoup plus fournis que d’autres. Autre point notable : les poissons-perroquets dominent par leur présence, tandis que les rougets (‘ī’ihi) se font rares.
Les chercheurs du Rāhui Center et du Criobe dressent le même constat avec trois comptages opérés sur une quarantaines de stations, quelques mois plus tôt : il y a “plus de poissons dans le rāhui qu’en dehors” et ils sont “plus gros”. En revanche, les bénéfices ne sont pas aussi nets pour les bénitiers, contrairement à ce qui a été observé dans le rāhui voisin de Tautira, mais aussi sur d’autres zones non protégées à Teahupo’o.
Des questions en suspens
Pour éclairer au mieux les futures décisions du comité de gestion du rāhui de Teahupo’o, le suivi doit être assuré sur la durée. D’autres questions restent effectivement en suspens, telles que les effets du “débordement” des espèces vers l’extérieur du rāhui, l’impact de la saisonnalité et des variations entre le jour et la nuit, ou encore la nécessité d’ajouter les crustacés et d’autres invertébrés aux recherches.
Le comité de gestion se réunira à nouveau début mars pour étudier d’autres points stratégiques, comme la surveillance ou encore l’ouverture à la pêche, ponctuelle et encadrée. Une perspective jamais concrétisée, qui divise les membres du comité : certains y sont favorables, tandis que d’autres y sont radicalement opposés pour continuer à protéger cet espace sur la durée.
Charles Egretaud, directeur du bureau d’études PTPU : “Un rāhui qui joue son rôle”
“C’est un rāhui qui joue son rôle. On observe des retours de poissons, plus gros et plus nombreux. On a pu observer pour la première fois des reproductions de perroquets, notamment. Cependant, ça reste très hétérogène. Il y a des endroits avec beaucoup de poissons et d’autres qui sont beaucoup plus pauvres. Si le platier est très riche, cette richesse ne déborde pas vers les petits récifs et le platier frangeant. C’est un lieu qui reste fragile. Ça démontre que les conséquences d’une surpêche ou d’une dégradation sont parfois très longues à compenser. Je crois qu’il faut continuer dans cette démarche de préservation.”
Les balises exposées à la houle et au vandalisme
Une autre étude confiée à Creocean a permis de dresser un diagnostic de l’état du balisage. Installées en 2015, les quatre bouées marines ont connu plusieurs interventions entre 2016 et 2020, fixées par des cordes, puis des câbles mixtes et enfin des chaînes ; en vain, puisqu’une seule balise jaune est toujours en place dans le lagon, mais prête à céder face aux conditions parfois “extrêmes” de houle. Quant aux deux espars (poteaux) terrestres, un acte de vandalisme pourrait être à l’origine de leur démontage, car aucun vestige de leur présence n’a été retrouvé. Il a donc été recommandé de renforcer la fixation à terre et de redimensionner les ancrages maritimes, avec un entretien annuel. Des solutions forcément plus coûteuses : l’investissement est estimé à au moins 5 millions de francs.