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"Te ao uri nō te-ara-hiti" nous donnera sa vision du Mātāari'i


Près de 100 éléments composent cette troupe.
Près de 100 éléments composent cette troupe.
PAPEETE, le 3 juillet 2018 - Selon l'auteure de ce groupe de danse, le nom donné à la fête de l'abondance chez les Mā'ohi, n'est pas Mātāari'i, mais "Te mata 'aru'aru o te aru" (l'éveil de la nature). Dans leur spectacle, Te ao uri nō te-ara-hiti reviendra sur cette grande manifestation culturelle qui a vu le jour à Te Pari.

Ils viennent d'Outumaoro, de Paea et de Tautira, près de 100 personnes composent ce groupe de danse qui porte un nom assez original : "Le triangle polynésien était composé de deux parties : Te ao uri et Te ao tea. Te ao tea, c'est de Hawaii jusqu'aux maori, Rapa Nui jusqu'à Hawaii, c'est Te ao uri. Tahiti fait partie de Te ao uri", explique Vaihei Paepaetaata, auteure du groupe Te ao uri nō te-ara-hiti.

Cette troupe a vu le jour en 2016 avec des jeunes de Tautira. Mais l'an dernier, Vaihei et son mari ont été appelés à la rescousse par une des responsables du quartier d'Outumaoro. "On nous a demandés de participer au Ta'urua i Punaauia avec les jeunes de ce quartier, ce que nous avons accepté", raconte Vaihei Paepaetaata.

Une expérience qui marquera cette jeunesse d'Outumaoro, puisque le groupe Te ao uri nō te-ara-hiti repartira avec plusieurs premiers prix en poche. Suite à cela, les jeunes d'Outumaoro ont voulu "passer au niveau supérieur". Un challenge de taille pour Vaihei et son mari. Mais le plus important pour ce jeune couple –originaire de Tautira - est de mettre en valeur cette jeunesse, parce qu'on "parle souvent d'eux de manière péjorative, que ce soit à la radio ou à la télé, alors que ce n'est pas le cas."


MĀTĀARI'I SOUS TOUTES SES FORMES

Trois tableaux représenteront leur thème "Mātāari'i : te mata 'aru'aru o te aru.
Trois tableaux représenteront leur thème "Mātāari'i : te mata 'aru'aru o te aru.
Pour leur première participation au Heiva i Tahiti, la troupe présentera un spectacle basé sur Mātāari'i, la période d'abondance en Polynésie. Elle décortiquera les sens cachés de ce mot. "Le thème est Mataarii : Te mata 'aru'aru o te aru. Dans mes recherches, et pour avoir transcris plusieurs documents au service des archives, j'ai constaté qu'il y avait des documents qui étaient mal écrits. J'ai donc compris le sens du Mātāari'i, d'ailleurs, la retranscription est fausse. C'est mata aru, comme mātāmua, mātāmeha'i, le début, le commencement. Et "aru" représente la nature. Ça parle des prémices de la terre", prévient Vaihei Paepaetaata.

Dans leur spectacle, Te ao uri nō te-ara-hiti développera l'aspect cérémonial de cet événement. "Selon nos connaissances et nos recherches, cette cérémonie se déroule à Tautira, au Pari, avec l'arrivée des va'a, qui venaient de tout le triangle polynésien, à Mau'oro. Ils ont été guidés par leur foi envers Ta'aroa. Dans leurs pirogues, ils étaient à genoux, et vu que leur foi était forte, ce sont donc les éléments qui les ont guidés jusqu'au pied de la montagne Mau'oro, à Te Pari. À cet endroit, les voyageurs ont été accueillis par Pere, la déesse de la terre-mère", détaille l'auteure.

Les invités se sont ensuite rendus à Vai'umete pour la cérémonie des offrandes afin de demander au Dieu Ta'aroa de bénir les six prochains mois d'abondance.


TROIS TABLEAUX DANS LE SPECTACLE

Ces jeunes viennent d'Outumaoro, de Paea et de Tautira.
Ces jeunes viennent d'Outumaoro, de Paea et de Tautira.
Pour représenter au mieux leur spectacle sur la scène de To'atā, la troupe a préparé trois tableaux. "Le premier parlera de l'arrivée des hiva et nous développerons ce terme. Le second tableau décrira la cérémonie à Vai'umete. Enfin, le dernier tableau racontera cette période d'abondance, Mātāari'i, te mata 'aru'aru o te aru."

"Pour le premier tableau, nous serons en noir. Déjà, par rapport au nom de notre groupe, mais aussi pour représenter les trois nuits de cérémonie, où les voyageurs ont prié sans cesse dans leurs va'a", expose Vaihei Paepaetaata. C'est dans ce premier tableau que la troupe a choisi de mettre en lumière leur grand costume qui se composera d'éléments reflétant la montagne de Mau'oro.

"Le deuxième tableau sera en rouge. Cela représente, pour nous, la vie." Le costume qui sera en pāreu représentera le labeur de la terre.

"Et enfin, le dernier tableau sera très coloré. Chaque danseur mettra ce qu'il voudra. Nous leur donnerons quelques plantes, mais ce sera à eux d'agencer comme ils voudront", décrit Vaihei Paepaetaata. Cette dernière partie du spectacle se fera en tenue végétale. L'idée est de faire refléter l'abondance de la terre.

À la veille de leur passage sur To'atā, la troupe est plus soudée que jamais. Le plus important pour Vaihei et son mari est d'emmener cette jeunesse au Heiva i Tahiti, surtout que beaucoup d'entre eux ont perdu leur estime. "Quand on leur parle du thème, ils ont des frissons. Ça ne se voit pas, mais ils n'ont pas confiance en eux. Aujourd'hui, ils revivent. Mais, nous avons mis du temps à en arriver là, parce qu'on les a tellement dévalorisés", regrette-t-elle.

Te ao uri nō te-ara-hiti concourra dans la catégorie Hura Ava Tau. Un spectacle à découvrir jeudi soir, sur la scène de To'atā.


LA PAROLE À

Vaihei Paepaetaata
Auteure de "Te Ao uri no-te-ara-hiti"

"Après le Heiva, nous avons d'autres projets avec ces jeunes d'Outumaoro"


"En 2016, avec des personnes de Tautira, nous avions emmené la légende de Vaitoto sur To'atā, et on devait continuer cette année. Mais, suite à l'appel des jeunes d'Outumaoro, nous avons rencontré tāvana Tumahai qui nous a demandés de mettre en valeur aussi les jeunes d'Outumaoro, parce que si on parle de Vaitoto, ce serait injuste pour cette jeunesse. Nous avons donc choisi le thème "Mātāari'i : te mata 'aru'aru o te aru", surtout que nous sommes en accord avec l'inscription du marae de Taputapuātea, au patrimoine mondial de l'Unesco. Et nous avons fait comprendre au maire de Punaauia qu'auparavant, il n'y avait pas de frontières et nous ne faisions qu'un. Il y avait juste des aati avec un oiseau comme totem pour chacun. Tāvana Tumahai nous a donc soutenus. Après le Heiva, nous avons d'autres projets avec ces jeunes d'Outumaoro. Nous envisageons de nous rendre à Huahine ou dans les îles de Pacifique, pour rencontrer les communautés du Te Ao Uri et du Te Ao Tea."




le Mardi 3 Juillet 2018 à 15:33 | Lu 364 fois