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Taravao, pôle de convergence économique


Tahiti, le 13 décembre 2023 - Suite à la visite du gouvernement la semaine dernière à la communauté de communes Terehēamanu, le haut-commissaire a voulu à son tour se rendre à Taravao, ce mardi matin, afin de prendre connaissance des ambitions des cinq communes regroupées, en matière de projets de développement économique, social et culturel. La convergence vers Afaahiti semble avoir été retenue pour la création d’un nouveau pôle d’activités au bénéfice des 55 000 habitants.
 
La communauté de communes Terehēamanu regroupe cinq communes et couvre plus des deux tiers de la surface de l’île de Tahiti, s’étalant de Papara à Teahupo’o et de Papeno’o à Tautira. Avec près de 55 000 habitants, elle se doit aujourd’hui de concentrer ses efforts pour construire un avenir innovant pour la transformation et les transitions économiques, environnementales, énergétiques, démographiques et sociétales. C’est dans ce contexte que le haut-commissaire Éric Spitz s’est rendu à Taravao, mardi matin, afin de découvrir les ambitions de Terehēamanu, comme l’avait fait la semaine dernière le gouvernement.
 
Au centre de Terehēamanu, se trouve la ville de Afaahiti plus connue sous le nom de Taravao, où sont centralisées toutes les structures administratives, sanitaires, commerciales et d’enseignement, un point de concentration de plus en plus dense fréquenté quotidiennement par plus de 22 000 personnes. C’est dans ce contexte, et en réponse à Anthony Jamet, maire de Taiarapu-Est, qui avait soulevé l’éventuelle création d’un Contrat urbain de cohésion sociale (Cucs) à l’image de celui de Papeete, que le président de la communauté de communes, Tearii Alpha, a insisté sur la nécessité pour chaque commune d’adopter une nouvelle stratégie, la convergence vers Afaahiti. “On ne veut pas être intégré dans le Cucs de Papeete, ce n’est pas la logique de Terehēamanu de toujours regarder dans la direction de Papeete. On ne veut pas non plus lui tourner le dos. Si nous nous sommes mis volontairement ensemble, c’est pour regarder dans une direction qui s’appelle Afaahiti”, a-t-il rappelé aux élus présents, devant un haut-commissaire très attentif à cette nouvelle démarche.
 
Pour le représentant des communes, “c’est une logique de pôle de convergence autour de Afaahiti”, de type CRTE (Contrat de relance et de transition écologique), en précisant “qu’il faut créer la ruralité de développement puisque, évidemment, on est plus rural que ville, en prenant en compte nos spécificités en termes de sécurité publique, de délinquance rurale, de solidarité, de vie de quartiers”. Sur la forme, le CRTE polynésien préconisé par Tearii Alpha devra “intégrer le Pays pour être sûr que les actions qui seront menées soient concordantes avec les compétences qui ne sont pas les nôtres, mais celles du Pays”. Le haut-commissaire a toutefois rappelé que “le Cucs n’existe plus et a été remplacé par le contrat de ville”, en précisant que “tous les territoires volontaires pour cette démarche ont des contrats de relance et de transition écologique qui sont fortement soutenus et financés avec non seulement des crédits spécifiques mais aussi de droit commun”. Les communes n’ont donc plus qu’à monter les dossiers, “car qui ne demande rien n’a rien” comme l’a souligné Tearii Alpha en s’adressant aux élus voisins en leur précisant que “la communauté de communes sera là pour les accompagner dans ces démarches”.
 
Un port international à Hitia’a
 
La communauté de communes Terehēamanu a également identifié les zones de développement prioritaires à fort potentiel que compte son territoire : la zone industrielle de Papara, le domaine Atimaono, le motu Ovini et la vallée de Titaaviri à Papearii, la baie de Phaëton, le plateau de Puunui à Vairao, le Fenua aihere, mais surtout la marina de Hitia’a qui accueillera le futur port international d’agro-transformation. Il s’agira d’un port de logistique et de transformation des pêcheries internationales qui captera le potentiel des flottilles étrangères opérant à l’extérieur de la ZEE de Polynésie. D’après la présentation de Terehēamanu, “ce port labellisé répondra aussi à un objectif de traçabilité et de préférence d’origine par une fiscalité préférentielle pour le marché européen”.
 
En avant pour le numérique
 
Le président de la communauté de communes, également maire de Teva i Uta, croit fortement au développement des activités de l’économie numérique. Il a d’ailleurs annoncé “qu’on va être partenaire de la création d’une école numérique, afin de préparer les nouvelles générations vers les métiers du numérique, pas uniquement pour les bac +5, mais aussi pour une cohorte de jeunes qui n’ont pas forcément de diplôme et qui ont une appétence pour le numérique”. À ce propos, le tāvana Alpha a précisé qu’un partenariat allait être signé avec l’École supérieure des technologies industrielles avancées de Biarritz (ESTIA), la CCISM de Polynésie et la CCI du Pays basque. “Nous allons donc organiser cette nouvelle activité et construire une économie numérique à travers des générations qui vont être formées à devenir des concepteurs de logiciels mais aussi des maçons numériques.”
 
Sur un plan stratégique, la Polynésie est considérée de nos jours comme le hub du Pacifique sur les axes de géo-économies maritimes, aériennes et numériques, avec notamment neuf pays du G20 qui ont une façade maritime sur l’océan Pacifique. Afin de se positionner sur cet axe, le président de Terehēamanu a suggéré que la baie de Phaëton soit le point d’arrivée du câble Google qui reliera les États-Unis et l’Australie à la Polynésie française.
 
Des hirondelles à Taravao
 
Autre point abordé lors de la rencontre de mardi matin, le réseau routier du centre de Taravao qui se dégrade de plus en plus et la saison des pluies ne va pas arranger pas les choses. Pendant près de cinquante ans, c’est la commune de Taiarapu-Est qui avait à sa charge les travaux de rénovation qui se traduisaient par “des rebouchages de nids d’hirondelles, selon la convergence des lunettes” d’après le tāvana Anthony Jamet. Des opérations que les usagers pouvaient apprécier deux à trois fois dans l’année. Depuis sa création en 2021, la communauté Terehēamanu a récupéré les compétences sur les voiries communales, la collecte et le traitement des eaux usées et pluviales. Si dans la plupart des communes associées, il ne s’agit que de courtes portions de route à usages domestiques des riverains ou pour se rendre sur un stade de foot, au centre de Taravao, il s’agit plus d’un quadrillage de traversières utilisées au quotidien par tous les usagers voulant se déplacer de part et d’autre de la ville. Mais pas sûr que ce quadrillage réponde aux critères des voiries d’intérêt communautaire fixés par Terehēamanu : desserte des lieux à forts enjeux économiques et touristiques, désenclavement de quartiers et maillage avec d’autres voies, desserte de zones stratégiques de développement prioritaire et de revitalisation d’activités économiques, renforcement de la fonction de pôle de convergence de Afaahiti. Difficile en effet, à l’heure actuelle, d’attribuer ces critères aux traversières de Taravao. Les hirondelles du tāvana ont encore de beaux jours devant elles.

Rédigé par Paora’i Raveino le Mercredi 13 Décembre 2023 à 15:27 | Lu 2000 fois