LORIENT, 31 mars 2012 (AFP) - Après 938 jours d'expédition sur les océans à la découverte du monde invisible de la mer et des écosystèmes planctoniques, la goélette océanographique Tara et son équipage de marins et scientifiques a fait un retour triomphal samedi à son port d'attache de Lorient (ouest).
La déesse bouddhiste tibétaine Tàrà, "qui libère des peurs et du danger", a veillé jusqu'à la dernière minute sur son homonyme aventurière et hauturière, lui offrant les lumières et la chaleur de l'été pour entrer dans le port breton sous les applaudissements de milliers de personnes et le vrombissement des cornes de brume.
Tara, qui avait fait une dernière escale matinale à l'Ile de Groix, a parcouru jusqu'à Lorient les 5 derniers milles de son périple de 120.000 km (3 fois le tour de la Terre), accompagnée et fêtée par une impressionnante flottille de plusieurs centaines d'embarcations à voile et à moteur.
Le port de Lorient avait connu les mêmes scènes de liesse à l'endroit de l'emblématique deux mâts quand, en 2008, Tara avait rejoint son havre après une historique dérive sur la banquise arctique entre la Sibérie et l'archipel du Svalbard au Nord de la Norvège.
Samedi, Etienne Bourgois, le patron de l'expédition Tara-Océans, a insisté sur le "caractère international de cette mission d'intérêt général qui a rassemblé 126 scientifiques de 35 pays et 21 laboratoires qui se sont succédé sur le voilier pendant 2 ans et demi pour mener à bien cette première étude planétaire intégrée des micro-organismes marins et leur évolution sous l'impact du réchauffement climatique".
Il s'est également félicité de "l'association public/privé qui a permis le financement de cette mission en dépit de la crise, et de la mener à son terme".
40.000 échantillons de planctons
La collecte planétaire de quelque 40.000 échantillons de phytoplanctons et zooplanctons, dont les premiers résultats ont d'ores et déjà révélé l'existence de centaines de milliers d'organismes microscopiques aux génomes inconnus jusqu'alors, va permettre l'élaboration d'une banque de données mondiale en biologie marine, inexistante à ce jour.
Les travaux d'analyse en laboratoires de ce contenu vont durer une dizaine d'années. Ils sont, selon les biologistes marins, "prometteurs d'applications révolutionnaires dans le domaine des bio ressources, technologiques ou médicales".
Samedi, à la proue de Tara, aux côtés des responsables scientifiques et des marins, se tenait la styliste Agnès b., principale mécène privée des expéditions de la goélette.
"L'engagement, au côté du secteur public, des entrepreneurs privés dans ce type de mission scientifique et écologique d'intérêt général, est essentiel", a souligné la styliste.
"Le XXIe siècle devra être celui du partage. Il faudra tout partager: les matières premières, le savoir, l'argent, l'eau... Il n'y a pas assez de philanthropes dans le monde", a-t-elle estimé.
La première voile de Tara à entrer dans le port de Lorient fut la trinquette, hissée à la proue de la goélette. Une toile couverte de messages des écoliers qui ont suivi l'expédition:
"Tara a défié les vents et les océans et revient pour nous conter tout ce que cette immensité gardait profondément", "Tara-Océans, c'est géant !", pouvait-on lire sur la voile.
La déesse bouddhiste tibétaine Tàrà, "qui libère des peurs et du danger", a veillé jusqu'à la dernière minute sur son homonyme aventurière et hauturière, lui offrant les lumières et la chaleur de l'été pour entrer dans le port breton sous les applaudissements de milliers de personnes et le vrombissement des cornes de brume.
Tara, qui avait fait une dernière escale matinale à l'Ile de Groix, a parcouru jusqu'à Lorient les 5 derniers milles de son périple de 120.000 km (3 fois le tour de la Terre), accompagnée et fêtée par une impressionnante flottille de plusieurs centaines d'embarcations à voile et à moteur.
Le port de Lorient avait connu les mêmes scènes de liesse à l'endroit de l'emblématique deux mâts quand, en 2008, Tara avait rejoint son havre après une historique dérive sur la banquise arctique entre la Sibérie et l'archipel du Svalbard au Nord de la Norvège.
Samedi, Etienne Bourgois, le patron de l'expédition Tara-Océans, a insisté sur le "caractère international de cette mission d'intérêt général qui a rassemblé 126 scientifiques de 35 pays et 21 laboratoires qui se sont succédé sur le voilier pendant 2 ans et demi pour mener à bien cette première étude planétaire intégrée des micro-organismes marins et leur évolution sous l'impact du réchauffement climatique".
Il s'est également félicité de "l'association public/privé qui a permis le financement de cette mission en dépit de la crise, et de la mener à son terme".
40.000 échantillons de planctons
La collecte planétaire de quelque 40.000 échantillons de phytoplanctons et zooplanctons, dont les premiers résultats ont d'ores et déjà révélé l'existence de centaines de milliers d'organismes microscopiques aux génomes inconnus jusqu'alors, va permettre l'élaboration d'une banque de données mondiale en biologie marine, inexistante à ce jour.
Les travaux d'analyse en laboratoires de ce contenu vont durer une dizaine d'années. Ils sont, selon les biologistes marins, "prometteurs d'applications révolutionnaires dans le domaine des bio ressources, technologiques ou médicales".
Samedi, à la proue de Tara, aux côtés des responsables scientifiques et des marins, se tenait la styliste Agnès b., principale mécène privée des expéditions de la goélette.
"L'engagement, au côté du secteur public, des entrepreneurs privés dans ce type de mission scientifique et écologique d'intérêt général, est essentiel", a souligné la styliste.
"Le XXIe siècle devra être celui du partage. Il faudra tout partager: les matières premières, le savoir, l'argent, l'eau... Il n'y a pas assez de philanthropes dans le monde", a-t-elle estimé.
La première voile de Tara à entrer dans le port de Lorient fut la trinquette, hissée à la proue de la goélette. Une toile couverte de messages des écoliers qui ont suivi l'expédition:
"Tara a défié les vents et les océans et revient pour nous conter tout ce que cette immensité gardait profondément", "Tara-Océans, c'est géant !", pouvait-on lire sur la voile.
La goélette Tara repartira en mai 2013 pour une 8e expédition, autour de l'océan glacial Arctique, pour une étude intégrée du plancton dans les très hautes latitudes, a indiqué samedi à l'AFP le Directeur de Tara-Expéditions Etienne Bourgois.
Q: Tara vient de rentrer à Lorient après une circumnavigation de 938 jours consacrée à la première étude intégrée de l'écosystème planctonique planétaire. La goélette va-t-elle repartir vers de nouvelles aventures?
R: "L'aventure va continuer. La goélette va d'abord rejoindre Paris et le Pont Alexandre III sur la Seine de septembre à janvier 2013 avec une exposition sur l'expédition Tara-Océans. Mais c'est en juin 2013 que nous reprendrons la mer pour un tour complet (20.000 km) de l'océan Arctique -avec franchissement des passages du Nord-Ouest et du Nord-Est-, afin d'y parachever notre étude des écosystèmes planctoniques dans les hautes latitudes. Nous procéderons aussi à une évaluation de la pollution au plastique dans le cercle polaire (comme nous l'avons fait en Antarctique), ainsi qu'à un inventaire de la faune et de la flore dans le sud du Groenland avec le Groupe de Recherche en Ecologie Arctique".
Q: Avez-vous d'autres projets à plus long terme?
R: "Oui ! Après l'Arctique, Tara rejoindra les mers chaudes et se tournera de nouveau vers l'étude des massifs coralliens, cette fois de grande profondeur, au coeur de la biodiversité en Indonésie, dans le Pacifique et l'Asie du Sud-Est jusqu'à Hong Kong. Nous réfléchissons aussi à une nouvelle dérive sur la banquise arctique à partir du détroit de Béring, une dizaine d'années après celle que nous avons réussie de 2006 à 2008 dans le cadre de l'Année polaire internationale."
Q: Depuis les célèbres expéditions de la Calypso du commandant Jacques-Yves Cousteau dans les années 60 et 70, Tara est le premier bateau français à reprendre le flambeau de "passeur de science et de découverte marine" auprès du grand public. La goélette Tara est-elle la Calypso du début du XXIe siècle?
R: "Tara s'attache aux missions internationales d'intérêt général et se veut très proche du plus large public à qui, avec des films, une large couverture médiatique et des livres, nous expliquons les enjeux écologiques et climatiques de demain pour la préservation de notre planète. Avec ses scientifiques, ses marins, mais aussi les journalistes, les réalisateurs et les artistes, c'est la société civile qui vient à bord de Tara, qui témoigne et qui interpelle sur l'état de la mer dont elle défend les intérêts auprès des instances dirigeantes internationales. Ce fut le sens de la venue à bord à New-York du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, ainsi que celui de notre prochaine participation au sommet de la Terre à Rio en Juin."
Propos recueillis par Patrick FILLEUX
Q: Tara vient de rentrer à Lorient après une circumnavigation de 938 jours consacrée à la première étude intégrée de l'écosystème planctonique planétaire. La goélette va-t-elle repartir vers de nouvelles aventures?
R: "L'aventure va continuer. La goélette va d'abord rejoindre Paris et le Pont Alexandre III sur la Seine de septembre à janvier 2013 avec une exposition sur l'expédition Tara-Océans. Mais c'est en juin 2013 que nous reprendrons la mer pour un tour complet (20.000 km) de l'océan Arctique -avec franchissement des passages du Nord-Ouest et du Nord-Est-, afin d'y parachever notre étude des écosystèmes planctoniques dans les hautes latitudes. Nous procéderons aussi à une évaluation de la pollution au plastique dans le cercle polaire (comme nous l'avons fait en Antarctique), ainsi qu'à un inventaire de la faune et de la flore dans le sud du Groenland avec le Groupe de Recherche en Ecologie Arctique".
Q: Avez-vous d'autres projets à plus long terme?
R: "Oui ! Après l'Arctique, Tara rejoindra les mers chaudes et se tournera de nouveau vers l'étude des massifs coralliens, cette fois de grande profondeur, au coeur de la biodiversité en Indonésie, dans le Pacifique et l'Asie du Sud-Est jusqu'à Hong Kong. Nous réfléchissons aussi à une nouvelle dérive sur la banquise arctique à partir du détroit de Béring, une dizaine d'années après celle que nous avons réussie de 2006 à 2008 dans le cadre de l'Année polaire internationale."
Q: Depuis les célèbres expéditions de la Calypso du commandant Jacques-Yves Cousteau dans les années 60 et 70, Tara est le premier bateau français à reprendre le flambeau de "passeur de science et de découverte marine" auprès du grand public. La goélette Tara est-elle la Calypso du début du XXIe siècle?
R: "Tara s'attache aux missions internationales d'intérêt général et se veut très proche du plus large public à qui, avec des films, une large couverture médiatique et des livres, nous expliquons les enjeux écologiques et climatiques de demain pour la préservation de notre planète. Avec ses scientifiques, ses marins, mais aussi les journalistes, les réalisateurs et les artistes, c'est la société civile qui vient à bord de Tara, qui témoigne et qui interpelle sur l'état de la mer dont elle défend les intérêts auprès des instances dirigeantes internationales. Ce fut le sens de la venue à bord à New-York du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, ainsi que celui de notre prochaine participation au sommet de la Terre à Rio en Juin."
Propos recueillis par Patrick FILLEUX