TAHITI, le 7 novembre 2016. Nous continuons le tour de l’île de Tahiti avec quelques petites histoires et anciennes photos de Mataiea, que proposent Tahiti Heritage et Vahineitiara.
Mataiea, regarde le chemin
Mataiea s’appelait autrefois Vaiuriri du nom d’une source puis il s’est appelé Mataiea.
Ce nom vient d’une expression mata i te e’a qui signifie « regarde le chemin » ou « évite le chemin” et qui s’adressait spécialement à la dynastie des Pomare qui voulait dominer sur tous les territoires de la Polynésie. Ce qu’il faut savoir, c’est que le lieu où les Pomare posaient leurs pieds devenait leur propriété.
Ainsi le chef de Mataiea refusait l’entrée d’un monarque Pomare sur ses terres en lui disant « Vois le chemin et évite le ». Il avait placé des guerriers à chaque limite (Est et Ouest) pour empêcher toute intrusion de roi étranger. Ces guerriers étaient préparés sur la place de Mairipehe.
Pomare, arrivé à la limite de Mataiea, devait obligatoirement prendre une pirogue et dépasser le territoire par la mer.
Le chef de Mataiea, appelé Tetuaairoro qui signifie « le dieu qui mange le cerveau » , était un dictateur respecté ou craint par sa population, tant son nom était terrifiant. Il consultait toutefois un comité de sages composé de hina potea, personnes aux cheveux grisonnants donc d’un certain âge. C’était un homme impulsif, nerveux et coléreux. Il n’admettait aucune erreur dans son district et tout délit était passible d’une peine capitale.
On dit même que le peuple était aussi nerveux que son chef : les himene le chantent souvent Mataiea teie te riri vave noa (Mataiea est celui qui se fâche facilement et rapidement ). Aujourd’hui, ce tempérament n’a pas vraiment évolué.
Mataiea, regarde le chemin
Mataiea s’appelait autrefois Vaiuriri du nom d’une source puis il s’est appelé Mataiea.
Ce nom vient d’une expression mata i te e’a qui signifie « regarde le chemin » ou « évite le chemin” et qui s’adressait spécialement à la dynastie des Pomare qui voulait dominer sur tous les territoires de la Polynésie. Ce qu’il faut savoir, c’est que le lieu où les Pomare posaient leurs pieds devenait leur propriété.
Ainsi le chef de Mataiea refusait l’entrée d’un monarque Pomare sur ses terres en lui disant « Vois le chemin et évite le ». Il avait placé des guerriers à chaque limite (Est et Ouest) pour empêcher toute intrusion de roi étranger. Ces guerriers étaient préparés sur la place de Mairipehe.
Pomare, arrivé à la limite de Mataiea, devait obligatoirement prendre une pirogue et dépasser le territoire par la mer.
Le chef de Mataiea, appelé Tetuaairoro qui signifie « le dieu qui mange le cerveau » , était un dictateur respecté ou craint par sa population, tant son nom était terrifiant. Il consultait toutefois un comité de sages composé de hina potea, personnes aux cheveux grisonnants donc d’un certain âge. C’était un homme impulsif, nerveux et coléreux. Il n’admettait aucune erreur dans son district et tout délit était passible d’une peine capitale.
On dit même que le peuple était aussi nerveux que son chef : les himene le chantent souvent Mataiea teie te riri vave noa (Mataiea est celui qui se fâche facilement et rapidement ). Aujourd’hui, ce tempérament n’a pas vraiment évolué.
Le motu Matepi à Mataiea en 1950. Photo Mackenzie
La pointe Tehoro à Mataiea en 1956. Photo Hollande
Pèche au harpon à la rivière Vaima en 1908. Photo Bopp
L’appellation Vai uriri
Vai uriri ou pape uriri (Eau de l’oiseau Uriri) est le nom d’une source située sur la partie gauche de la pointe Oti’aroa à Mataiea sur la cote Ouest de Tahiti. Vaiuriri était l’ancien nom du district de Mataiea.
Le uriri est un oiseau (Chevalier errant) qui vit et se reproduit au Nord-Est de la Sibérie, en Alaska et au Nord-Ouest du Canada. Lorsque sévissent les grands froids dans l’hémisphère Nord, le uriri vient séjourner en Polynésie française de septembre à mai (été austral). Il est l’émanation des dieux de l’eau. Ces oiseaux se rassemblaient dans le petit lac de la source, ce qui expliquerait le toponyme. Lorsque le chant du uriri - un « oulili » répétés plusieurs fois de suite - se faisait entendre, les habitants de Mataiea savaient qu’une nouvelle leur parviendrait rapidement.
Vai uriri ou pape uriri (Eau de l’oiseau Uriri) est le nom d’une source située sur la partie gauche de la pointe Oti’aroa à Mataiea sur la cote Ouest de Tahiti. Vaiuriri était l’ancien nom du district de Mataiea.
Le uriri est un oiseau (Chevalier errant) qui vit et se reproduit au Nord-Est de la Sibérie, en Alaska et au Nord-Ouest du Canada. Lorsque sévissent les grands froids dans l’hémisphère Nord, le uriri vient séjourner en Polynésie française de septembre à mai (été austral). Il est l’émanation des dieux de l’eau. Ces oiseaux se rassemblaient dans le petit lac de la source, ce qui expliquerait le toponyme. Lorsque le chant du uriri - un « oulili » répétés plusieurs fois de suite - se faisait entendre, les habitants de Mataiea savaient qu’une nouvelle leur parviendrait rapidement.
La source Vaiuriri au PK 47,5 à Mataiea. Photo Tahiti Heritage
Uriri ou Chevalier errant. Photo SOP Manu / Thomas Ghestemme
Légende de l’anguille royale de la Vaihiria
Mataiea était réputée pour sa prospérité, Fa’aravai a nu’u l’anguille royale du lac Vaihiria, étant selon les récits anciens, la clé de cette richesse.
Ahu’ura de Mataiea et le dieu Tetua ‘airoro conçurent un enfant. Etant d’une haute lignée, le couple décida que l’enfant viendrait au monde sur la montagne Tera’iamano. Lorsque Ahu’ura accoucha, ce ne fut pas un être humain mais une anguille. Effrayée par cette naissance insolite, Ahu’ura tomba à la renverse, d’où l’appellation actuelle de la montagne de Mataiea : Tetufera (à la renverse).
Ahu’ura décida de déposer l’animal dans le lac de Vaihiria.
Un jour, Tauarii, aito de Mahina, alla dans la vallée et traversa une rivière. C’est alors qu’une anguille peu farouche s’enroula à son pied. Tauarii s’empara de cette dernière et l’emporta à Mahina, un acte qui provoqua rapidement la pénurie sur Mataiea, où la nourriture se fit de plus en plus rare.
Pour y remédier, Teaha, une merveilleuse danseuse, se chargea de ramener l’anguille. Elle se rendit à Mahina chez Tauarii où la fête bâtait son plein. Teaha se mit à danser, Tauarii fut charmé. Elle aperçut l’anguille mais dut imaginer un stratagème afin de la ramener sur Mataiea. Elle déclara alors à Tauarii qu’elle était enceinte de lui et qu’elle avait besoin de telle ou telle nourriture pour subvenir à ses envies. Celui-ci accepta tous ses caprices.
Un matin, elle lui demanda de lui ramener un poisson du large, Tauarii et ses amis partirent sur le champ lui en procurer.
C’est ainsi que Teaha s’empara de l’anguille et rentra sur Mataiea. Elle rencontra un tahua qui lui dit que l’animal devait être consacré sur un marae pour le fixer à Vaihiria. L’anguille fut appelée Fa’aravai a nu’u.
Une fois l’anguille réintégrée à Vaihiria, Mataiea retrouva l’abondance.
Mataiea était réputée pour sa prospérité, Fa’aravai a nu’u l’anguille royale du lac Vaihiria, étant selon les récits anciens, la clé de cette richesse.
Ahu’ura de Mataiea et le dieu Tetua ‘airoro conçurent un enfant. Etant d’une haute lignée, le couple décida que l’enfant viendrait au monde sur la montagne Tera’iamano. Lorsque Ahu’ura accoucha, ce ne fut pas un être humain mais une anguille. Effrayée par cette naissance insolite, Ahu’ura tomba à la renverse, d’où l’appellation actuelle de la montagne de Mataiea : Tetufera (à la renverse).
Ahu’ura décida de déposer l’animal dans le lac de Vaihiria.
Un jour, Tauarii, aito de Mahina, alla dans la vallée et traversa une rivière. C’est alors qu’une anguille peu farouche s’enroula à son pied. Tauarii s’empara de cette dernière et l’emporta à Mahina, un acte qui provoqua rapidement la pénurie sur Mataiea, où la nourriture se fit de plus en plus rare.
Pour y remédier, Teaha, une merveilleuse danseuse, se chargea de ramener l’anguille. Elle se rendit à Mahina chez Tauarii où la fête bâtait son plein. Teaha se mit à danser, Tauarii fut charmé. Elle aperçut l’anguille mais dut imaginer un stratagème afin de la ramener sur Mataiea. Elle déclara alors à Tauarii qu’elle était enceinte de lui et qu’elle avait besoin de telle ou telle nourriture pour subvenir à ses envies. Celui-ci accepta tous ses caprices.
Un matin, elle lui demanda de lui ramener un poisson du large, Tauarii et ses amis partirent sur le champ lui en procurer.
C’est ainsi que Teaha s’empara de l’anguille et rentra sur Mataiea. Elle rencontra un tahua qui lui dit que l’animal devait être consacré sur un marae pour le fixer à Vaihiria. L’anguille fut appelée Fa’aravai a nu’u.
Une fois l’anguille réintégrée à Vaihiria, Mataiea retrouva l’abondance.
Anguille à oreilles de la Vaihiria. Photo DN
Le lac de Vaihiria
Ce lac s’est formé à la suite de l’effondrement d’une masse importante de terrain provenant des côtés de la vallée et particulièrement du côté est dont les flancs rocheux et verticaux se sont trouvés mis à nu. D’énormes blocs se sont amoncelés au plus loin, du côté ouest, formant le chaos que l’on appelle Teraiputo (le ciel qui se tient dans la nuit). Un barrage naturel s’est ainsi formé occupe toute la largeur de la vallée sur une longueur de près de 800 mètres. La persistance du lac de Vaihiria est due à la formation d’un exutoire souterrain : le lac n’avait jamais débordé, ses eaux étant évacuées par infiltration dans la région chaotique du Teraitupo. Ainsi le barrage fortuit n’avait jamais été soumis à l’irrésistible épreuve du ruissèlement, en surface, des eaux de trop-plein.
Au début des années 80, un important programme d’hydroélectricité a été mis en place. L’énorme retenue d’eau naturelle a été transformée en barrage hydraulique, les parois ont été couvertes de bâches noires plastifiées, des conduites forcées et des centrales abritant les turbines ont été installées dans la vallée. En 1998, lors de pluies torrentielles importantes, le niveau du lac est monté soudainement et a faillit déborder car les déversoirs écrêteurs de crues n’étaient pas d’une taille suffisante. Il a fallut évacuer d’urgence les habitants, vaches et chevaux de la basse vallée.
Le lac est condamné et la sentence est en cours d’exécution : le lac se comble rapidement, il se transforme en plateau. Dans ces périodes de crue, le niveau du lac monte de 6 à 7 mètres au-dessus du niveau d’étiage, et sa longueur atteint alors 750 mètres au lieu de 400 mètres à l’étiage. La profondeur est de 25 mètres à l’étiage vers le milieu du lac.
Ce lac s’est formé à la suite de l’effondrement d’une masse importante de terrain provenant des côtés de la vallée et particulièrement du côté est dont les flancs rocheux et verticaux se sont trouvés mis à nu. D’énormes blocs se sont amoncelés au plus loin, du côté ouest, formant le chaos que l’on appelle Teraiputo (le ciel qui se tient dans la nuit). Un barrage naturel s’est ainsi formé occupe toute la largeur de la vallée sur une longueur de près de 800 mètres. La persistance du lac de Vaihiria est due à la formation d’un exutoire souterrain : le lac n’avait jamais débordé, ses eaux étant évacuées par infiltration dans la région chaotique du Teraitupo. Ainsi le barrage fortuit n’avait jamais été soumis à l’irrésistible épreuve du ruissèlement, en surface, des eaux de trop-plein.
Au début des années 80, un important programme d’hydroélectricité a été mis en place. L’énorme retenue d’eau naturelle a été transformée en barrage hydraulique, les parois ont été couvertes de bâches noires plastifiées, des conduites forcées et des centrales abritant les turbines ont été installées dans la vallée. En 1998, lors de pluies torrentielles importantes, le niveau du lac est monté soudainement et a faillit déborder car les déversoirs écrêteurs de crues n’étaient pas d’une taille suffisante. Il a fallut évacuer d’urgence les habitants, vaches et chevaux de la basse vallée.
Le lac est condamné et la sentence est en cours d’exécution : le lac se comble rapidement, il se transforme en plateau. Dans ces périodes de crue, le niveau du lac monte de 6 à 7 mètres au-dessus du niveau d’étiage, et sa longueur atteint alors 750 mètres au lieu de 400 mètres à l’étiage. La profondeur est de 25 mètres à l’étiage vers le milieu du lac.
Le lac Vaihiria en 1920. Photo Lucien Gauthier
Radeau sur le lac Vaihiria dans les années 50. Photo coll Raymond Tuhio.
A notre regretté manguier du temple de Mataiea
Un vieux manguier avec ses grosses racines se dressait le long de la route de ceinture en face du temple de Mataiea depuis fort longtemps. Les vieux paroissiens se souviennent : « Lors de la construction du temple en 1952, les manguiers étaient déjà grands et nous jouions souvent aux billes autour des racines. Le dimanche, en attendant le culte, nous allions nous asseoir à l’abri du soleil sur les racines qui faisaient office de siège. De petites plates-formes de trente centimètres de diamètre accueillaient confortablement nos postérieurs et nous avions sculpté les jeunes racines pour qu’elles nous servent d’accoudoirs. »
Une grande partie de la vie des habitants de Mataiea s’est déroulée à l’ombre de ces grandes branches.
« Sous ce manguier, nous regardions passer la caravane des courses de vélos du dimanche matin, et l’après midi nous jouions à la pétanque » se rappellent de nostalgiques matahiapo.
Les racines ont été tronçonnées début mai 2003 pour faire passer un grillage !!! et la tête a été coupé quelques semaines plus tard. « Pourquoi avoir sacrifié notre compagnon d’enfance » se demandent ils ?
Fallait-il l’abattre parce qu’il était vieux et pourri ? Mais alors faut-il également « couper la tête » de nos vieux copains aux membres gonflés par le diabète ou la goutte ?
Photos :
9 Le vieux manguier du temple de Mataiea en 2002. Photo Tahiti Heritage
10 et 11 Les racines du vieux manguier en 2002 et en 2003 lors des premières attaques à la tronçonneuse. Photo Tahiti Heritage
Un vieux manguier avec ses grosses racines se dressait le long de la route de ceinture en face du temple de Mataiea depuis fort longtemps. Les vieux paroissiens se souviennent : « Lors de la construction du temple en 1952, les manguiers étaient déjà grands et nous jouions souvent aux billes autour des racines. Le dimanche, en attendant le culte, nous allions nous asseoir à l’abri du soleil sur les racines qui faisaient office de siège. De petites plates-formes de trente centimètres de diamètre accueillaient confortablement nos postérieurs et nous avions sculpté les jeunes racines pour qu’elles nous servent d’accoudoirs. »
Une grande partie de la vie des habitants de Mataiea s’est déroulée à l’ombre de ces grandes branches.
« Sous ce manguier, nous regardions passer la caravane des courses de vélos du dimanche matin, et l’après midi nous jouions à la pétanque » se rappellent de nostalgiques matahiapo.
Les racines ont été tronçonnées début mai 2003 pour faire passer un grillage !!! et la tête a été coupé quelques semaines plus tard. « Pourquoi avoir sacrifié notre compagnon d’enfance » se demandent ils ?
Fallait-il l’abattre parce qu’il était vieux et pourri ? Mais alors faut-il également « couper la tête » de nos vieux copains aux membres gonflés par le diabète ou la goutte ?
Photos :
9 Le vieux manguier du temple de Mataiea en 2002. Photo Tahiti Heritage
10 et 11 Les racines du vieux manguier en 2002 et en 2003 lors des premières attaques à la tronçonneuse. Photo Tahiti Heritage
Le vieux manguier du temple de Mataiea en 2002. Photo Tahiti Heritage
Les racines du vieux manguier en 2002 et en 2003 lors des premières attaques à la tronçonneuse. Photo Tahiti Heritage
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