Le colonel Beaudoin, commandant du RIMaP-P, et Eric Noble, président de l'Amicale du Bataillon du Pacifique
PAPEETE, le 18 avril 2016 - Ce jeudi 21 avril dès 18h, des animations et une cérémonie commémorative seront organisées au Quai d'honneur, en face de Tahiti Tourisme sur le Port. C'est l'endroit où, il y a exactement 75 ans, 300 volontaires polynésiens quittaient leur île pour participer à la deuxième guerre mondiale.
Si la mémoire disparait, une partie de notre identité disparait. Garder intacts les souvenirs de leurs prédécesseurs est donc un devoir pour les descendants des soldats polynésiens partis libérer la France en 1941 et pour les soldats du RIMaP-P (le Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique-Polynésie) légataires de la tradition et des actes d'héroïsme du Bataillon du Pacifique.
Et cette année, justement, une date symbolique permet d'organiser une grande célébration de l'engagement de plus de mille Polynésiens aux côtés de la France Libre lors de la deuxième guerre mondiale. Ce jeudi 21 avril, nous fêterons le 75ème anniversaire de l'embarquement de 300 Tamarii Volontaires à bord du paquebot néo-zélandais Monowai, qui les a transportés en Nouvelle-Calédonie. Ils y ont rejoint les volontaires calédoniens et des Nouvelles-hébrides (aujourd'hui les Vanuatu), pour aller s'entrainer en Australie puis rejoindre les opérations en Europe.
LES POLYNÉSIENS PARMI LES SOLDATS AYANT LE PLUS COMBATTU LORS DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE
Le Colonel Beaudoin, commandant du RIMaP-P, explique que "chaque année, le 21 avril, nous célébrons le départ des Tamarii Volontaires avec une petite cérémonie. Mais cette année, pour les 75 ans, nous proposons à la population de se souvenir ou, pour les plus jeunes, de découvrir cette partie de leur histoire et le sacrifice de leurs aînés." D'où une cérémonie bien plus élaborée, réalisée avec l'aide de nombreux partenaires publics et privés, et où le grand public est invité.
Le Bataillon du Pacifique a été l'un de ceux qui a le plus combattu pendant la guerre, participant à la libération de l'Afrique du Nord, au débarquement en Italie puis à la libération de la France. Les soldats du RIMaP-P portent encore la "fourragère de la libération", une décoration collective accordée au Bataillon du Pacifique pour son courage, et arbore la Croix de Lorraine du Général de Gaulle dans son écusson, honneur accordé pour avoir été parmi les tout premiers à répondre à l'Appel du 18 juin.
Mille Polynésiens ont participé à la guerre, dans le Bataillon du Pacifique, les navires de guerre, les forces aériennes, parmi les commandos SAS anglais ou même dans la Résistance (comme les frères Michel et Gérard Coppenrath, en métropole pour leurs études en 1939). La population totale de la Polynésie avoisinait alors les 50 000 personnes, ce qui en fait l'un des taux de participation au conflit les plus élevés au monde, même à 20 000 km de l'Allemagne nazi. Un patriotisme fort, qui se marie bien à la "tradition guerrière des Polynésiens. Aujourd'hui encore, 200 volontaires sont recrutés par l'armée chaque année en Polynésie, soit autant que toute la région Île de France, qui compte 11 millions d'habitants…" note le colonel Beaudoin.
Si la mémoire disparait, une partie de notre identité disparait. Garder intacts les souvenirs de leurs prédécesseurs est donc un devoir pour les descendants des soldats polynésiens partis libérer la France en 1941 et pour les soldats du RIMaP-P (le Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique-Polynésie) légataires de la tradition et des actes d'héroïsme du Bataillon du Pacifique.
Et cette année, justement, une date symbolique permet d'organiser une grande célébration de l'engagement de plus de mille Polynésiens aux côtés de la France Libre lors de la deuxième guerre mondiale. Ce jeudi 21 avril, nous fêterons le 75ème anniversaire de l'embarquement de 300 Tamarii Volontaires à bord du paquebot néo-zélandais Monowai, qui les a transportés en Nouvelle-Calédonie. Ils y ont rejoint les volontaires calédoniens et des Nouvelles-hébrides (aujourd'hui les Vanuatu), pour aller s'entrainer en Australie puis rejoindre les opérations en Europe.
LES POLYNÉSIENS PARMI LES SOLDATS AYANT LE PLUS COMBATTU LORS DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE
Le Colonel Beaudoin, commandant du RIMaP-P, explique que "chaque année, le 21 avril, nous célébrons le départ des Tamarii Volontaires avec une petite cérémonie. Mais cette année, pour les 75 ans, nous proposons à la population de se souvenir ou, pour les plus jeunes, de découvrir cette partie de leur histoire et le sacrifice de leurs aînés." D'où une cérémonie bien plus élaborée, réalisée avec l'aide de nombreux partenaires publics et privés, et où le grand public est invité.
Le Bataillon du Pacifique a été l'un de ceux qui a le plus combattu pendant la guerre, participant à la libération de l'Afrique du Nord, au débarquement en Italie puis à la libération de la France. Les soldats du RIMaP-P portent encore la "fourragère de la libération", une décoration collective accordée au Bataillon du Pacifique pour son courage, et arbore la Croix de Lorraine du Général de Gaulle dans son écusson, honneur accordé pour avoir été parmi les tout premiers à répondre à l'Appel du 18 juin.
Mille Polynésiens ont participé à la guerre, dans le Bataillon du Pacifique, les navires de guerre, les forces aériennes, parmi les commandos SAS anglais ou même dans la Résistance (comme les frères Michel et Gérard Coppenrath, en métropole pour leurs études en 1939). La population totale de la Polynésie avoisinait alors les 50 000 personnes, ce qui en fait l'un des taux de participation au conflit les plus élevés au monde, même à 20 000 km de l'Allemagne nazi. Un patriotisme fort, qui se marie bien à la "tradition guerrière des Polynésiens. Aujourd'hui encore, 200 volontaires sont recrutés par l'armée chaque année en Polynésie, soit autant que toute la région Île de France, qui compte 11 millions d'habitants…" note le colonel Beaudoin.
Tableaux vivants et films d'époque ce jeudi 21 avril dès 18h au Quai d'honneur
Le public sera accueilli dès 18h au Port, au quai d'honneur en face de Tahiti Tourisme. La première demi-heure, les spectateurs pourront s'installer sur des tribunes installées pour l'occasion et profiter de films et documents d'époque diffusés sur écran géant.
Dès 18h30, la cérémonie commencera, entrecoupée de documents d'époque et de tableaux vivants recréant le départ des Tamarii Volontaires. Les soldats seront joués par les réservistes du RIMaP-P, tandis que la population sera jouée par la troupe de danses Tamariki Poerani de Makau Foster. Les volontaires finiront par embarquer sur le Monowai, un paquebot néo-zélandais depuis longtemps disparu, qui sera joué pour l'occasion par l'Arago, un navire prêté par la Marine Nationale pour l'événement.
Il reste encore quatre Tamarii Volontaires vivants, et l'un d'eux, Maxime Aubry (il s'était engagé dans les Forces Navales de la France Libre) sera présent lors des cérémonies de jeudi.
Le public sera accueilli dès 18h au Port, au quai d'honneur en face de Tahiti Tourisme. La première demi-heure, les spectateurs pourront s'installer sur des tribunes installées pour l'occasion et profiter de films et documents d'époque diffusés sur écran géant.
Dès 18h30, la cérémonie commencera, entrecoupée de documents d'époque et de tableaux vivants recréant le départ des Tamarii Volontaires. Les soldats seront joués par les réservistes du RIMaP-P, tandis que la population sera jouée par la troupe de danses Tamariki Poerani de Makau Foster. Les volontaires finiront par embarquer sur le Monowai, un paquebot néo-zélandais depuis longtemps disparu, qui sera joué pour l'occasion par l'Arago, un navire prêté par la Marine Nationale pour l'événement.
Il reste encore quatre Tamarii Volontaires vivants, et l'un d'eux, Maxime Aubry (il s'était engagé dans les Forces Navales de la France Libre) sera présent lors des cérémonies de jeudi.
L'histoire des Tamarii Volontaires
Eric Noble, descendant d'un Tamarii Volontaire, président de l'Amicale du Bataillon du Pacifique et du Monde Combattant de Polynésie
Max noble était l'un des volontaires du Bataillon du Pacifique. Pour en préserver la mémoire, il a créé l'Amicale dans les années soixante, qui gérait en particulier la Maison de la France Libre (quartier Vaininiore à Papeete). À sa mort en 1984, l'Amicale et sa Maison ont été délaissées. Mais un ancien compagnon d'armes de Max Noble a demandé à son fils Éric de reprendre le flambeau. Éric Noble, ancien combattant lui-même, ne pouvait refuser : il a repris les rênes. La Maison de la France Libre a été rénovée et inaugurée à nouveau en 2014, et devrait bientôt abriter des expositions permanentes et temporaires sur les anciens combattants polynésiens, ainsi qu'une salle de projection pour les films d'époque. Eric Noble nous raconte l'histoire des Tamarii Volontaires :
"En 1940, après la débâcle des armées françaises face à l'Allemagne nazi, le Général de Gaulle lance son fameux appel du 18 juin de Londres. Il a été entendu en Polynésie, quand même quelques semaines ou même mois après. Un certain nombre de personnalités du pays, dont le maire de Papeete, se sont alors regroupées pour constituer un comité de soutien à la France libre.
Le 2 septembre 1940, à la mairie de Papeete, un grand nombre de jeunes polynésiens sont venus s'inscrire, c'était une sorte de vote pour ou contre la France libre. Il y avait d'ailleurs, bien sûr, des pétainistes qui ont voté contre… Mais donc, entre le 2 septembre et le départ du bateau il a fallu attendre, puisqu'il n'a pu venir les récupérer que le 21 avril 1941.
Le Monowai a embarqué 300 volontaires, mais il y en avait 600 qui s'étaient inscrits. Le premier contingent est parti, mais l'autre a dû rester. Il a alors intégré la défense de l'île de Tahiti pendant les années du conflit. D'autant que la donne avait changé après Pearl Harbour en décembre 1941. Il fallait se défendre d'une éventuelle invasion des Japonais, qui patrouillaient dans le coin.
Mais quand on dit Tamarii Volontaire, aujourd'hui on parle de toutes les forces, terre, air, mer, et même la résistance. Beaucoup se sont débrouillés par leurs propres moyens pour rejoindre l'Angleterre et s'engager. Et certains qui habitaient en métropole sont entrés dans la résistance. En tout, un millier de Polynésiens se sont impliqués dans la guerre, au prorata de la population de l'époque c'était énorme, ça a été vraiment un engagement très fort."
Max noble était l'un des volontaires du Bataillon du Pacifique. Pour en préserver la mémoire, il a créé l'Amicale dans les années soixante, qui gérait en particulier la Maison de la France Libre (quartier Vaininiore à Papeete). À sa mort en 1984, l'Amicale et sa Maison ont été délaissées. Mais un ancien compagnon d'armes de Max Noble a demandé à son fils Éric de reprendre le flambeau. Éric Noble, ancien combattant lui-même, ne pouvait refuser : il a repris les rênes. La Maison de la France Libre a été rénovée et inaugurée à nouveau en 2014, et devrait bientôt abriter des expositions permanentes et temporaires sur les anciens combattants polynésiens, ainsi qu'une salle de projection pour les films d'époque. Eric Noble nous raconte l'histoire des Tamarii Volontaires :
"En 1940, après la débâcle des armées françaises face à l'Allemagne nazi, le Général de Gaulle lance son fameux appel du 18 juin de Londres. Il a été entendu en Polynésie, quand même quelques semaines ou même mois après. Un certain nombre de personnalités du pays, dont le maire de Papeete, se sont alors regroupées pour constituer un comité de soutien à la France libre.
Le 2 septembre 1940, à la mairie de Papeete, un grand nombre de jeunes polynésiens sont venus s'inscrire, c'était une sorte de vote pour ou contre la France libre. Il y avait d'ailleurs, bien sûr, des pétainistes qui ont voté contre… Mais donc, entre le 2 septembre et le départ du bateau il a fallu attendre, puisqu'il n'a pu venir les récupérer que le 21 avril 1941.
Le Monowai a embarqué 300 volontaires, mais il y en avait 600 qui s'étaient inscrits. Le premier contingent est parti, mais l'autre a dû rester. Il a alors intégré la défense de l'île de Tahiti pendant les années du conflit. D'autant que la donne avait changé après Pearl Harbour en décembre 1941. Il fallait se défendre d'une éventuelle invasion des Japonais, qui patrouillaient dans le coin.
Mais quand on dit Tamarii Volontaire, aujourd'hui on parle de toutes les forces, terre, air, mer, et même la résistance. Beaucoup se sont débrouillés par leurs propres moyens pour rejoindre l'Angleterre et s'engager. Et certains qui habitaient en métropole sont entrés dans la résistance. En tout, un millier de Polynésiens se sont impliqués dans la guerre, au prorata de la population de l'époque c'était énorme, ça a été vraiment un engagement très fort."