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Suspension de permis requise pour un homicide involontaire


Tahiti, le 7 juillet 2022 – Le procès en appel d'une femme de 25 ans, poursuivie pour un homicide involontaire, s'est ouvert en son absence jeudi devant la cour d'appel. Le 24 juillet 2021 à Huahine, la prévenue avait roulé sur un homme qui se trouvait ivre, étendu en plein milieu de la route. La victime était décédée des suites de ses blessures. Cinq mois de suspension de permis ont été requis contre la jeune femme qui avait été relaxée en première instance. La cour rendra sa décision le 4 août. 

Dix mois après que le tribunal de première instance a prononcé une relaxe à l'encontre d'une jeune femme de 25 ans poursuivie pour un homicide involontaire, le procès en appel de la prévenue s'est tenu jeudi en son absence. Le 24 juillet 2021 à Huahine, la jeune femme, architecte d'intérieur, avait roulé sur le corps d'un homme qui était étendu sur la route. La prévenue, qui transportait les clients de la pension de ses parents dans son véhicule, n'avait pas vu la victime qui était allongée par terre, non loin de son vélo garé contre un muret. Placée en garde à vue, la conductrice avait expliqué aux gendarmes qu'elle avait était éblouie par les phares d'un véhicule arrivant en face du sien. Si cette jeune femme n'avait ni bu, ni consommé de stupéfiants, les examens pratiqués sur le corps de l'homme avaient en revanche permis d'établir que ce dernier avait bu et fumé du paka. Les deux autres conducteurs présents sur la route, le soir du drame, avaient quant à eux expliqué que la chaussée n'était pas éclairée mais qu'ils avaient tout de même aperçu le corps de la victime sur la route. 

Le 16 septembre 2021, la prévenue avait été relaxée par le tribunal de première instance au motif qu'elle n'avait commis aucune faute. Une décision dont le parquet et les parties civiles avaient relevé appel, provoquant ainsi un nouveau procès qui s'est donc tenu jeudi matin en l'absence de la jeune femme, qui vit en métropole. 

“La faute à pas de chance”

La présidente de la cour d'appel ayant brièvement rappelé les faits –relativement simples– en début d'audience, la parole a ensuite été donnée à Me Teremoana Hellec, l'avocat de la famille de la victime. Après avoir déploré que l'on attribue le décès de la victime à “la faute à pas de chance”, l'avocat a tenu à rappeler les témoignages des deux conducteurs qui se trouvaient sur la route le soir du drame : “Ces deux personnes disent qu'elles ont vu quelque chose sur la route et elles ont pris leurs dispositions pour l'éviter. On nous parle d'une jeune femme pleine d'avenir et d'un mec bourré mais le fait de boire ne vaut pas une condamnation à mort.” Au terme de sa plaidoirie, Me Hellec a expliqué à la cour que ses clients souhaitaient juste qu'elle prononce une “déclaration de culpabilité” car cet accident était “évitable”.

Une opinion partagée par le procureur général qui a tenté, lors de ses réquisitions, de démontrer que la prévenue avait commis une faute d'inattention : “Lorsque l'on roule sur les routes en Polynésie, il est vrai qu'il y a de vraies difficultés dans les zones peu éclairées ; mais ces conditions obligent les conducteurs à faire particulièrement attention.” Tout comme l'avocat des parties civiles, le représentant du ministère public a rappelé les témoignages des deux conducteurs et notamment celui selon lequel la prévenue avait collé son véhicule, preuve d'une “vitesse inadaptée”. Cinq mois de suspension de permis ont ainsi été requis contre la jeune femme. 
 
Après avoir obtenu la relaxe de sa cliente en première instance, Me Isabelle Nougaro a de nouveau expliqué que l'accident était “inévitable”. Et d’insister à la barre sur le fait que sa cliente “n'a commis aucune violation du code de la route et aucune faute pénale ne peut être retenue à son encontre”. Évoquant la jeune femme, qui s'est “donnée la peine de réussir ses études et a fait un emprunt pour cela”, l'avocate a aussi affirmé que cette dernière était “toujours traumatisée” un an après les faits. L'affaire a été mise en délibéré au 4 août prochain. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 7 Juillet 2022 à 17:22 | Lu 2134 fois