Berlin, Allemagne | AFP | jeudi 07/03/2018 - Venise rembarre les paquebots, Barcelone serre la vis aux locations et Dubrovnik impose des quotas: l'hostilité croissante à l'égard du "surtourisme" inquiète le Salon du tourisme de Berlin (ITB), où les professionnels cherchent des solutions d'urgence.
"En 2030, il y aura 1,8 milliard de touristes dans le monde. Une chose est sûre: cette croissance infinie est impossible dans un espace qui est, lui, limité et il y a déjà de plus en plus de conflits visibles", constate Roland Conrady, directeur scientifique de l'ITB, la grand-messe annuelle des professionnels du tourisme.
De 1995 à 2016, le nombre de voyageurs internationaux est passé de 525 millions à plus de 1,2 milliard grâce notamment aux compagnies aériennes low-cost et aux vacanciers des marchés émergents comme la Chine, l'Inde et les pays du Golfe.
L'année 2017 a, elle, été marquée par une hausse record de 7% du nombre de touristes dans le monde et par des mouvements de rejet inédits du tourisme de masse, qui engorge, défigure ou parfois chasse les populations locales de leurs lieux de vie.
Et les premières mesures n'ont pas tardé: en Thaïlande, les coraux de la célèbre Maya Bay, décor paradisiaque du film "La Plage", n'ont pas survécu aux baigneurs et le site est menacé de fermeture partielle. Au Bhoutan, le gouvernement impose des quotas, quand le maire de Dubrovnik ne laisse pénétrer dans l’enceinte de sa Vieille ville que 8.000 visiteurs par jour.
"On parle beaucoup plus du +surtourisme+ aujourd'hui, car il s'est renforcé dans quelques destinations, principalement à cause des croisières", explique à l'AFP le professeur d'économie du tourisme Torsten Kirstges, citant le cas de Majorque où peuvent débarquer "cinq bateaux de 4.000 passagers qui accostent au même moment pour faire visiter la cathédrale".
Le secteur entrevoit au moins quatre pistes pour s'assurer que le tourisme ne s'autodétruira pas: la plus évidente, et la plus profitable aux économies locales, consiste à mieux répartir les flux de voyageurs.
Par exemple, Venise - 265.000 habitants pour 24 millions de visiteurs par an - limite l’accès de sa lagune aux immenses paquebots de croisière. La ville édite aussi un audacieux guide mensuel appelé "Détourisme", qui met en valeur les sites secondaires, dans l'espoir de dissuader les touristes de se masser aussi nombreux que les pigeons place Saint-Marc.
"C'est toujours les mêmes tours, toujours les mêmes sites... au Mexique, les gens n'en avaient que pour Cancun, mais on a finalement réussi à les amener sur la route des Mayas", explique à l'ITB Gloria Guevara, la présidente de la fédération internationale du tourisme (WTTC).
Elle rappelle que le tourisme représente 10% du PIB mondial, et que "le quartier envahi de l'un est la source de revenus de l'autre".
Autre solution, jouer sur les prix pour dissuader. La Tour Eiffel a ainsi financé ses travaux de rénovation en augmentant de moitié son billet d'entrée. Sa jumelle de Dubaï, l'immense tour Burj Khalifa, propose quatre tarifs différents selon l'heure de la journée, le plus cher étant au coucher du soleil.
La technologie permet aussi de réguler les flux, notamment à Amsterdam où un site internet informe en temps réel les visiteurs du temps de queue qui les attend. Bientôt une application leur dira quels sites éviter.
Mais Internet a aussi propulsé les locations saisonnières de type Airbnb, qui font grimper les prix de l'immobilier et amènent de nombreux fêtards, suscitant l'animosité extrême des locaux, comme à Barcelone. Le mouvement de "tourismophobie" a ensuite fait tache d'huile.
Selon la première étude sur le "surtourisme", menée par le cabinet McKinsey, 36% des habitants sondés dans des destinations en surchauffe considèrent que "les visiteurs internationaux mettent trop de pression sur leurs pays". Il y a six mois, ils n'étaient que 18%.
Enfin, de grands espoirs reposent sur les épaules des 18-35 ans. Plus aventureuse que celle des baby-boomers, cette génération "se dispersera d'avantage, par peur d'être déçue en pensant visiter un site unique, puis en réalisant que beaucoup trop d'autres personnes ont eu la même idée", assure la jeune analyste de chez McKinsey.
"En 2030, il y aura 1,8 milliard de touristes dans le monde. Une chose est sûre: cette croissance infinie est impossible dans un espace qui est, lui, limité et il y a déjà de plus en plus de conflits visibles", constate Roland Conrady, directeur scientifique de l'ITB, la grand-messe annuelle des professionnels du tourisme.
De 1995 à 2016, le nombre de voyageurs internationaux est passé de 525 millions à plus de 1,2 milliard grâce notamment aux compagnies aériennes low-cost et aux vacanciers des marchés émergents comme la Chine, l'Inde et les pays du Golfe.
L'année 2017 a, elle, été marquée par une hausse record de 7% du nombre de touristes dans le monde et par des mouvements de rejet inédits du tourisme de masse, qui engorge, défigure ou parfois chasse les populations locales de leurs lieux de vie.
Et les premières mesures n'ont pas tardé: en Thaïlande, les coraux de la célèbre Maya Bay, décor paradisiaque du film "La Plage", n'ont pas survécu aux baigneurs et le site est menacé de fermeture partielle. Au Bhoutan, le gouvernement impose des quotas, quand le maire de Dubrovnik ne laisse pénétrer dans l’enceinte de sa Vieille ville que 8.000 visiteurs par jour.
- 10% du PIB mondial -
"On parle beaucoup plus du +surtourisme+ aujourd'hui, car il s'est renforcé dans quelques destinations, principalement à cause des croisières", explique à l'AFP le professeur d'économie du tourisme Torsten Kirstges, citant le cas de Majorque où peuvent débarquer "cinq bateaux de 4.000 passagers qui accostent au même moment pour faire visiter la cathédrale".
Le secteur entrevoit au moins quatre pistes pour s'assurer que le tourisme ne s'autodétruira pas: la plus évidente, et la plus profitable aux économies locales, consiste à mieux répartir les flux de voyageurs.
Par exemple, Venise - 265.000 habitants pour 24 millions de visiteurs par an - limite l’accès de sa lagune aux immenses paquebots de croisière. La ville édite aussi un audacieux guide mensuel appelé "Détourisme", qui met en valeur les sites secondaires, dans l'espoir de dissuader les touristes de se masser aussi nombreux que les pigeons place Saint-Marc.
"C'est toujours les mêmes tours, toujours les mêmes sites... au Mexique, les gens n'en avaient que pour Cancun, mais on a finalement réussi à les amener sur la route des Mayas", explique à l'ITB Gloria Guevara, la présidente de la fédération internationale du tourisme (WTTC).
Elle rappelle que le tourisme représente 10% du PIB mondial, et que "le quartier envahi de l'un est la source de revenus de l'autre".
- Moins moutonniers? -
Autre solution, jouer sur les prix pour dissuader. La Tour Eiffel a ainsi financé ses travaux de rénovation en augmentant de moitié son billet d'entrée. Sa jumelle de Dubaï, l'immense tour Burj Khalifa, propose quatre tarifs différents selon l'heure de la journée, le plus cher étant au coucher du soleil.
La technologie permet aussi de réguler les flux, notamment à Amsterdam où un site internet informe en temps réel les visiteurs du temps de queue qui les attend. Bientôt une application leur dira quels sites éviter.
Mais Internet a aussi propulsé les locations saisonnières de type Airbnb, qui font grimper les prix de l'immobilier et amènent de nombreux fêtards, suscitant l'animosité extrême des locaux, comme à Barcelone. Le mouvement de "tourismophobie" a ensuite fait tache d'huile.
Selon la première étude sur le "surtourisme", menée par le cabinet McKinsey, 36% des habitants sondés dans des destinations en surchauffe considèrent que "les visiteurs internationaux mettent trop de pression sur leurs pays". Il y a six mois, ils n'étaient que 18%.
Enfin, de grands espoirs reposent sur les épaules des 18-35 ans. Plus aventureuse que celle des baby-boomers, cette génération "se dispersera d'avantage, par peur d'être déçue en pensant visiter un site unique, puis en réalisant que beaucoup trop d'autres personnes ont eu la même idée", assure la jeune analyste de chez McKinsey.