Bidart, France | AFP | vendredi 20/05/2021 - Comme un oiseau sur sa branche, Ludovic Dulou a trouvé son équilibre sur une planche. Enfant du terroir, il a glissé vers l'océan et signé des exploits en paddleboard pour calmer une grande souffrance.
A Bidart, bourgade du sud-ouest de la France, Ludovic Dulou commence sa journée par une virée dans l'Atlantique sur sa planche. Surfeur et maître nageur sauveteur, son truc, c'est surtout le paddleboard, un sport créé par les +life guards+ australiens dans les années 1990.
A presque cinquante ans, ce touche-à-tout n'a rien perdu de sa superbe: le champion fend l'eau avec force et élégance, allongé sur la planche en pagayant avec ses bras.
"Les surfeurs polynésiens que j’ai vu surfer et qui m'ont inspiré sont en harmonie totale, ils communient avec la vague et ça se voit du bord. Je m’en imprègne et j’essaie de le mettre en œuvre sur moi", raconte à l'AFP celui qui se dit "guide de l'océan".
Gascon de naissance, il a découvert les sports de glisse en voulant devenir le meilleur maître nageur sauveteur (MNS) possible. Et en 1997, il fait un voyage en Polynésie. "Il y a eu un avant et un après".
Avec sa compagne Karen, ils décident de s'installer dans le pays basque. "J'avais besoin de vivre quelque chose avec l'océan, mais je ne savais pas quoi".
Ludovic Dulou ne s'attendait pas à ce que ce soit d'abord une immense douleur.
Sa compagne est atteinte d'un cancer à un stade avancé.
Hawaii, la mythique
"Les médecins lui donnaient très peu à vivre. Au final, elle a tenu six ans. Au début, on n'écoutait pas, on était rebelles. Sa famille n'était pas là, ni la mienne, on était livrés à nous-mêmes", se souvient Dulou, qui a livré pour la première fois son histoire dans un film de 52 minutes, tourné durant cinq ans et intitulé "L'albatros" (Oxbow).
Dulou décide alors de se donner à fond dans le sport, pour avoir l'énergie de soutenir sa compagne.
"J’avais une raison forte de m'engager là-dedans, aller voir les psys, ça n'existait pas trop à ce moment-là. J'ai commencé à gagner des petites compétitions, j'ai regardé ce qui se faisait chez les maîtres nageurs sauveteurs à Hawaii et en Australie. J’ai appris sur eux et est venu ce rêve, cette course Molokai".
Molokai est une course mythique à Hawaii, un véritable championnat du monde qu'il gagnera cinq fois en paddleboard, ce sport qui consiste à faire glisser la planche au ras de l'eau, en pagayant avec ses bras comme en crawl allongé sur le ventre ou sur les genous en simultané. Le surfeur file en moyenne à 10 km/h.
"En 2004 nous sommes partis avec Karen à Hawaii vivre cette première traversée unique avec tous les meilleurs sauveteurs du monde et surfeurs. C’était un rêve absolu pour moi et pour elle. La maladie gagnait, on en avait conscience. Sans le savoir on a cultivé quelque chose de fort et au final, ça a renforcé notre lien mais ça a aussi accentué la souffrance une fois qu’elle est décédée, je m’en suis rendu compte après", dit-il.
Chevalier
"J’avais sous estimé l’après", poursuit-il. "Je pensais qu'il fallait tenir pour l'aider à aller au bout du chemin. Je pensais que je faisais ma mission de chevalier, je me retrouvais dans mon rôle de sauveteur finalement, et je pensais qu'après… Je ne sais pas d'ailleurs. Après, j'ai accusé le coup. Je ne vais pas vous faire pleurer mais la réalité a été dure. Je me suis rattaché à ce que je pouvais, et la liane, c'est le paddleboard".
Le surfeur s'est alors engagé comme jamais dans ce sport extrêmement physique, repoussant sans cesse les limites. Des victoires à foison et des records comme celui signé sur la plus longue course au monde, soit 65 km en 6 heures 41 minutes.
Durant plusieurs années, il aura l'ultra performance comme thérapie. Désormais, apaisé, il se dit heureux et chanceux, aux côtés de sa compagne Aurélie. Ce fils de médecins de campagne, diplômé en histoire de l'art et passionné d'archéologie et d'anthropologie, a ajouté de nouvelles cordes à son arc: il est coach et éducateur sportif.
"Aujourd'hui je ne souffre plus, je ne suis plus triste. Le moteur a changé", souffle-t-il.
A Bidart, bourgade du sud-ouest de la France, Ludovic Dulou commence sa journée par une virée dans l'Atlantique sur sa planche. Surfeur et maître nageur sauveteur, son truc, c'est surtout le paddleboard, un sport créé par les +life guards+ australiens dans les années 1990.
A presque cinquante ans, ce touche-à-tout n'a rien perdu de sa superbe: le champion fend l'eau avec force et élégance, allongé sur la planche en pagayant avec ses bras.
"Les surfeurs polynésiens que j’ai vu surfer et qui m'ont inspiré sont en harmonie totale, ils communient avec la vague et ça se voit du bord. Je m’en imprègne et j’essaie de le mettre en œuvre sur moi", raconte à l'AFP celui qui se dit "guide de l'océan".
Gascon de naissance, il a découvert les sports de glisse en voulant devenir le meilleur maître nageur sauveteur (MNS) possible. Et en 1997, il fait un voyage en Polynésie. "Il y a eu un avant et un après".
Avec sa compagne Karen, ils décident de s'installer dans le pays basque. "J'avais besoin de vivre quelque chose avec l'océan, mais je ne savais pas quoi".
Ludovic Dulou ne s'attendait pas à ce que ce soit d'abord une immense douleur.
Sa compagne est atteinte d'un cancer à un stade avancé.
Hawaii, la mythique
"Les médecins lui donnaient très peu à vivre. Au final, elle a tenu six ans. Au début, on n'écoutait pas, on était rebelles. Sa famille n'était pas là, ni la mienne, on était livrés à nous-mêmes", se souvient Dulou, qui a livré pour la première fois son histoire dans un film de 52 minutes, tourné durant cinq ans et intitulé "L'albatros" (Oxbow).
Dulou décide alors de se donner à fond dans le sport, pour avoir l'énergie de soutenir sa compagne.
"J’avais une raison forte de m'engager là-dedans, aller voir les psys, ça n'existait pas trop à ce moment-là. J'ai commencé à gagner des petites compétitions, j'ai regardé ce qui se faisait chez les maîtres nageurs sauveteurs à Hawaii et en Australie. J’ai appris sur eux et est venu ce rêve, cette course Molokai".
Molokai est une course mythique à Hawaii, un véritable championnat du monde qu'il gagnera cinq fois en paddleboard, ce sport qui consiste à faire glisser la planche au ras de l'eau, en pagayant avec ses bras comme en crawl allongé sur le ventre ou sur les genous en simultané. Le surfeur file en moyenne à 10 km/h.
"En 2004 nous sommes partis avec Karen à Hawaii vivre cette première traversée unique avec tous les meilleurs sauveteurs du monde et surfeurs. C’était un rêve absolu pour moi et pour elle. La maladie gagnait, on en avait conscience. Sans le savoir on a cultivé quelque chose de fort et au final, ça a renforcé notre lien mais ça a aussi accentué la souffrance une fois qu’elle est décédée, je m’en suis rendu compte après", dit-il.
Chevalier
"J’avais sous estimé l’après", poursuit-il. "Je pensais qu'il fallait tenir pour l'aider à aller au bout du chemin. Je pensais que je faisais ma mission de chevalier, je me retrouvais dans mon rôle de sauveteur finalement, et je pensais qu'après… Je ne sais pas d'ailleurs. Après, j'ai accusé le coup. Je ne vais pas vous faire pleurer mais la réalité a été dure. Je me suis rattaché à ce que je pouvais, et la liane, c'est le paddleboard".
Le surfeur s'est alors engagé comme jamais dans ce sport extrêmement physique, repoussant sans cesse les limites. Des victoires à foison et des records comme celui signé sur la plus longue course au monde, soit 65 km en 6 heures 41 minutes.
Durant plusieurs années, il aura l'ultra performance comme thérapie. Désormais, apaisé, il se dit heureux et chanceux, aux côtés de sa compagne Aurélie. Ce fils de médecins de campagne, diplômé en histoire de l'art et passionné d'archéologie et d'anthropologie, a ajouté de nouvelles cordes à son arc: il est coach et éducateur sportif.
"Aujourd'hui je ne souffre plus, je ne suis plus triste. Le moteur a changé", souffle-t-il.