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Surf – Billabong pro Tahiti : les médias locaux bridés par l’ASP nouvelle formule !


Elodie Boursaus, Pascal Luciani et Stephen Robertson
Elodie Boursaus, Pascal Luciani et Stephen Robertson
PIRAE, le 31 juillet 2014. La fédération tahitienne de surf a convié les médias locaux ce jeudi matin à l’IJSPF pour la conférence de presse liée à l’organisation de la Billabong Pro Tahiti qui se déroulera du 15 au 26 août 2014 à Teahupo’o. C’est la société locale Tahiti Océan Production représentée à cette conférence par Pascal Luciani et Stephen Robertson qui est chargée d’organiser la 7ème étape du championnat du monde de surf proposée par l’ASP, l’Association of Surfing Professionals’, sous l’égide des instances gouvernementales.
 
C’est l’Australien Adrian Buchan qui a remporté l’édition 2013 alors que Michel Bourez, notre ‘spartan national’, était éliminé au round 2 prématurément, manquant de réussite avec peu de vagues consistantes à sa disposition. Actuellement 5ème au classement mondial, il est en pleine montée en puissance avec deux épreuves remportées depuis le début de l’année. Il est un sérieux prétendant au titre de champion du monde de surf, ses fans risquent de le soutenir plus que jamais.
 
Rappelons que l’ASP a été rachetée courant 2013 par le groupe média américain ZoSea. Les changements n’ont pas été visibles tout de suite, c’est à partir du début de saison 2014 que l’évolution est devenue apparente. La production audiovisuelle a fait un bond qualitatif en avant à travers les retransmissions ‘live’ et à travers un site internet performant avec également une augmentation substantielle des dotations financières, notamment chez les femmes. Le groupe possède les moyens financiers pour valoriser le surf au même titre que d’autres sports majeurs aux états unis et dans le monde, faisant entrer la discipline dans une ère nouvelle.
 
Le revers de la médaille - pour certains – est le fait que l’ASP contrôle de près tout ce qui touche aux images prises pendant les compétitions. Par exemple les deux chaînes locales n’auront droit qu’à 2 minutes par jour de diffusion d’image, fini les éditions spéciales pour rendre compte de l’évènement de manière plus large auprès du public local. Les médias d’information ont une marge de manœuvre et peuvent disposer d’ailleurs des interviews écrites en anglais, photos de qualité mises à disposition gracieusement par l’ASP mais les photographes et vidéastes indépendants verront leur champ d’action habituel se restreindre sensiblement.

Stephen Robertson, le partenaire de Pascal Luciani (trad) :
 
C’est la première année où l’on voit les changements de l’ASP nouvelle formule ?
 
« Absolument, l’année dernière la nouvelle ASP a laissé le Tour se dérouler comme habituellement, en observant comment cela se passait, en planifiant comment y apporter des améliorations. Cette année, ils ont mis en œuvre les améliorations en apportant leur propre expertise, leur propre style. La diffusion TV a clairement progressé, la couverture médiatique est devenue plus large, l’organisation des évènements, chaque aspect a été optimisé en dépensant plus d’argent, avec de nouveaux sponsors comme Samsung Galaxy, pour atteindre un autre niveau. »
 
Ces changements visibles sont notamment apparus sur le nouveau site de l'ASP ?
 
« La diffusion télévisuelle, internet bénéficie de plus de caméras, l’équipe de commentateurs est beaucoup plus professionnelle. Les compétitions sont diffusées en ‘live’ sur Espn, Fox Sports et Time Warner dans différents endroits dans le monde donc cette qualité de diffusion a demandé une augmentation des standards qualitatifs de production. »
 
Vous avez travaillé pour Billabong depuis des années, une expérience aujourd’hui très utile ?
 
« Oui. C’est une évolution qui a été une très bonne chose. Les marques comme Billabong, Quiksilver et Rip Curl ont porté les compétitions sportives de surf le plus haut qu’ils pouvaient puis le sport est devenu trop gros pour eux, pour passer, avec la nouvelle ASP, dans l’arène des sports professionnels, demandant plus d’argent, un niveau d’expertise supérieur, plus de savoir faire sur la manière de faire progresser un sport jusqu’au plus haut niveau. C’est une transition à l’américaine qui s’est opérée, c’est une grosse économie mondiale, beaucoup d’expertise en ce domaine vient des Etats Unis. Il y a des exemples dans d’autres sports, où cette expertise américaine a été exportée. »
 
Vous êtes également passionné de surf, que vous inspire le parcours de Michel Bourez ?
 
« Michel peut gagner la compétition, il a toutes ses chances d’y faire un bon résultat. C’est un candidat très sérieux pour le titre de champion 2014. Le classement est très serré avec Gabriel Medina le Brésilien, Mick Fanning l’Australien, Kelly Slater qui est toujours là, mais Michel a toutes ses chances. Après plusieurs années sur le tour on dirait qu’il a progressé en maturité. Il est jeune et il faudra compter sur lui pour la course au titre pas seulement cette année mais dans les années à venir également. Il explose au top en ce moment. C’est une très bonne chose, espérons que sa connaissance de la vague tahitienne lui servira, c’est fantastique. »

Pascal Luciani président de Tahiti Océan Production :
 
Cette année les changements de l’ASP nouvelle formule sont visibles ?
 
« Oui, c’est sûr. Le retour médiatique à l’international est énorme mais je pense aux partenaires locaux et aux médias locaux qui veulent diffuser de l’info pour nos populations et je trouve que ce n’est pas correct. Pour nos médias locaux, être restreint à deux minutes par jour pour couvrir l’événement c’est….On est à Tahiti, pas en Europe…C’est mon point de vue, que tous ne partagent pas. On espère négocier avant le début de la compétition. »
 
Les retombées sont bien réelles pour la Polynésie
 
« L’année dernière c’est 93 millions qui ont été dépensées par Billabong uniquement, sans compter les surfeurs à côté, le staff. Billets d’avion, hébergement, location des bateaux, prestataires locaux divers etc…C’est considérable, avec le coefficient multiplicateur liés aux dépenses indirectes on arrive à 140 millions. »
 
La nouvelle ASP est un ‘plus’ indéniable pour le développement du sport ?
 
« C’est ce que j’espère. C’est un gros groupe de communication, la tendance est de vouloir gérer eux-mêmes la partie communication, de l’internet à la télévision. C’est ce qui se pratique partout dans le monde. On met pas mal de choses à leur disposition, il est normal qu’il y ait un juste retour pour le pays, les médias locaux. On a été habitué à des pages spéciales de 8 à 12 minutes après chaque journée de surf. Ceux qui ont la 3 G, internet pas de souci mais les autres qui ont moins de moyens, ils ne pourront pas suivre ce qui se passe. » SB

Rédigé par SB le Jeudi 31 Juillet 2014 à 16:41 | Lu 1778 fois