PORT-VILA, jeudi 30 juillet 2015 (Flash d’Océanie) – Les hommages nationaux et régionaux ont afflué depuis le début de semaine à l’annonce du décès à l’âge de 61 ans de l’ancien Premier ministre de Vanuatu, Edward Natapei.
Au plan local, toutes tendances confondues, les partis politiques ont salué la mémoire d’un homme d’État disparu trop tôt et qui avait occupé par deux fois (2001-2004 et 2008-2010) le poste de Premier ministre de cet archipel mélanésien depuis son indépendance en juillet 1980.
Entré en politique en 1983, M. Natapei fut aussi, au long d’une carrière qui s’est étalée sur les trente cinq années ayant suivi l’indépendance de cet ancien condominium franco-britannique ders Nouvelles-Hébrides, Président du Parlement de cet archipel.
Il fut aussi ministre des affaires étrangères au sein de précédents gouvernements, dont celui dirigé il y a quelques mois par le francophone Moana Carcasses.
Originaire de la petite île de Futuna (Sud de l’archipel), c’est dans cette circonscription qu’il a d’abord été élu député avant de l’être dans la circonscription de Port-Vila.
Jusqu’à son décès, mardi aux aurores à son domicile de Port-Vila, il était aussi le chef de file du groupe de l’opposition parlementaire et Président du parti Vanuaaku Pati, formation historique qui a gouverné Vanuatu au cours des onze années ayant suivi son indépendance, aux côtés du pasteur anglican Walter Lini.
Tout comme les autres formations de l’archipel, ce parti s’est ensuite morcelé au début des années 1990.
Le gouvernement local a d’ores et déjà annoncé son intention d’organiser en son honneur des funérailles nationales, en fin de semaine.
L’homme de la synthèse
Entre-temps, les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics.
M. Natapei a été décrit localement comme un dirigeant intègre ayant réussi à opérer une synthèse entre les conceptions mélanésiennes de la politique et celles héritées du système britannique parlementaire dit de Westminster, tout en maintenant un contact privilégié et attentif avec les classes populaires.
Depuis son accession à la Présidence du Vanuaaku Pati, en 1999, il s’était attaché à tenter de réconcilier les différents mouvements issus de ce grand parti, afin de lui redonner son ancien poids politique.
Il serait décédé mardi aux alentours de trois heures locales (GMT+11) d’une crise d’asthme.
Au plan régional, parmi les messages parvenus à Port-Vila depuis l’annonce du décès de ce dirigeant historique, le gouvernement australien, par la voix de sa ministre des affaires étrangères Julie Bishop, a rendu un hommage appuyé à un « éminent parlementaire et homme d’État » ainsi qu’à un « grand ami de l’Australie ».
« M. Natapei était largement admiré à Vanuatu et dans le Pacifique pour son dévouement et son style de gouvernance, en particulier sur les questions internationales (…) J’i eu le plaisir de travailler avec lui sur des dossiers bilatéraux, régionaux et planétaires, alors qu’il était ministre des affaires étrangères (…) Son décès est une grande perte pour Vanuatu et pour la région », a écrit la ministre.
À Fidji, le Premier ministre Franck Bainimarama s’est lui aussi fendu mercredi d’un message de condoléances dans lequel il exprime la « tristesse » de son gouvernement.
« Alors que nous avons parfois eu des positions divergentes, j’ai toujours considéré M. Natapei comme quelqu’un qui avait toujours à cœur l’intérêt de son pays », a écrit le chef de l’exécutif fidjien.
En Nouvelle-Calédonie, au sein du Congrès de cette collectivité française du Pacifique, le groupe Union Calédonienne-FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste, qui est membre du Groupe Mélanésien Fer de Lance -GMFL-), par la voix de son Président Roch Wamytan, évoque quant à lui dans un communiqué mercredi « une grande figure de l’histoire de la construction de ce pays libre et souverain ».
35ème anniversaire de l’indépendance
Par ailleurs, d’autres messages commencent à converger vers Port-Vila à l’occasion du 35ème anniversaire de l’indépendance de cet archipel, le 30 juillet.
Depuis Washington, le secrétaire d’État américain John Kerry, mardi, insistait sur les liens forts entre Vanuatu et les États-Unis.
Parmi les récents dossiers de coopération, l’un d’entre eux est toujours d’actualité : le changement climatique et, selon Washington, un « souci partagé » dans ce domaine, à l’approche du sommet mondial qui sera dédié aux changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre 2015.
M. Kerry a ainsi rappelé la récente dévastation causée par le passage du cyclone Pam, le 13 mars 2015.
Depuis Fidji, le gouvernement a aussi souligné qu’en matière d’aide post-cyclone, aux côtés de puissances régionales comme la France, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis, l’archipel voisin avait aussi mobilisé ses moyens pour venir en aide aux populations touchées par cette catastrophe naturelle classée en catégorie maximale (5 sur l’échelle de Saffir-Simpson), causant d’énormes dégâts aux infrastructures, aux cultures vivrières ainsi que la mort de plus d’une douzaine de personnes.
« Nous ne sommes pas seulement des voisins, nous sommes aussi des frères et sœurs au sein de la grande famille mélanésienne », a souligné le Premier ministre fidjien Franck Bainimarama.
« Vanuatu et Fidji entretiennent des relations anciennes et chaleureuses et nos deux pays travaillent en étroite collaboration sur un large éventail de dossier d’intérêt commun, que ce soit au plan régional que mondial », a-t-il ajouté.
« Fidji a l’intention de faire équipe avec Vanuatu à l’approche du sommet mondial sur le climat à Paris (…) Nos deux pays entendent mener une campagne visant à demander des actes décisifs au niveau mondial pour combattre les changements climatiques », a-t-il ajouté.
Flash back sur la « guerre des cocotiers »
Un autre acteur des dernières heures du condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, le britannique Andrew Stuart, est par ailleurs décédé il y a quelques jours à l’âge de 85 ans, rapporte le Daily Telegraph de Londres.
Ce haut fonctionnaire, alors en poste à Port-Vila, fut aux premières loges pendant une période charnière de l’histoire de cet archipel, alors qu’une tentative de sécession menée par le charismatique Jimmy Stevens, à la tête d’un mouvement « Vemarana » sur l’île d’Espiritu Santo, menaçait de s’amplifier.
Cet épisode, ultérieurement surnommé « la guerre des cocotiers », a finalement trouvé son épilogue avec le débarquement des forces britanniques, à la demande de Walter Lini, alors sur le point de prendre les commandes de l’État indépendant de Vanuatu en devenir.
Cet épisode de l’histoire coloniale des Nouvelles-Hébrides avait aussi été marqué par une rivalité feutrée, quoique placée sous le signe de l’entente cordiale, entre les représentants des deux puissances de tutelle, la France et le Royaume-Uni.
Londres soupçonnait ainsi Paris de soutenir en sous-main le mouvement de Stevens, afin de retarder l’accession à l’indépendance.
La guerre des cocotiers, menée à coup d’arcs et de flèches par les hommes de Stevens, fut finalement matée et Jimmy Stevens fut emprisonné pendant les dix ans qui suivirent.
Il est décédé peu après sa libération et son retour dans le village coutumier de Fanafo, non loin de Luganville.
Pendant plus d’une décennie ayant suivi l’accession à l’indépendance de Vanuatu, sous les gouvernements successifs menés par le pasteur anglican Walter Lini, l’île de Santo, et en particulier son chef-lieu de Luganville, réputés terres de francophonie, ont été souvent oubliées par le gouvernement central, à majorité anglophone.
L’accession au pouvoir de francophones, à partir de 1991, a permis à la capitale du Nord de retrouver un second souffle.
pad
Au plan local, toutes tendances confondues, les partis politiques ont salué la mémoire d’un homme d’État disparu trop tôt et qui avait occupé par deux fois (2001-2004 et 2008-2010) le poste de Premier ministre de cet archipel mélanésien depuis son indépendance en juillet 1980.
Entré en politique en 1983, M. Natapei fut aussi, au long d’une carrière qui s’est étalée sur les trente cinq années ayant suivi l’indépendance de cet ancien condominium franco-britannique ders Nouvelles-Hébrides, Président du Parlement de cet archipel.
Il fut aussi ministre des affaires étrangères au sein de précédents gouvernements, dont celui dirigé il y a quelques mois par le francophone Moana Carcasses.
Originaire de la petite île de Futuna (Sud de l’archipel), c’est dans cette circonscription qu’il a d’abord été élu député avant de l’être dans la circonscription de Port-Vila.
Jusqu’à son décès, mardi aux aurores à son domicile de Port-Vila, il était aussi le chef de file du groupe de l’opposition parlementaire et Président du parti Vanuaaku Pati, formation historique qui a gouverné Vanuatu au cours des onze années ayant suivi son indépendance, aux côtés du pasteur anglican Walter Lini.
Tout comme les autres formations de l’archipel, ce parti s’est ensuite morcelé au début des années 1990.
Le gouvernement local a d’ores et déjà annoncé son intention d’organiser en son honneur des funérailles nationales, en fin de semaine.
L’homme de la synthèse
Entre-temps, les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics.
M. Natapei a été décrit localement comme un dirigeant intègre ayant réussi à opérer une synthèse entre les conceptions mélanésiennes de la politique et celles héritées du système britannique parlementaire dit de Westminster, tout en maintenant un contact privilégié et attentif avec les classes populaires.
Depuis son accession à la Présidence du Vanuaaku Pati, en 1999, il s’était attaché à tenter de réconcilier les différents mouvements issus de ce grand parti, afin de lui redonner son ancien poids politique.
Il serait décédé mardi aux alentours de trois heures locales (GMT+11) d’une crise d’asthme.
Au plan régional, parmi les messages parvenus à Port-Vila depuis l’annonce du décès de ce dirigeant historique, le gouvernement australien, par la voix de sa ministre des affaires étrangères Julie Bishop, a rendu un hommage appuyé à un « éminent parlementaire et homme d’État » ainsi qu’à un « grand ami de l’Australie ».
« M. Natapei était largement admiré à Vanuatu et dans le Pacifique pour son dévouement et son style de gouvernance, en particulier sur les questions internationales (…) J’i eu le plaisir de travailler avec lui sur des dossiers bilatéraux, régionaux et planétaires, alors qu’il était ministre des affaires étrangères (…) Son décès est une grande perte pour Vanuatu et pour la région », a écrit la ministre.
À Fidji, le Premier ministre Franck Bainimarama s’est lui aussi fendu mercredi d’un message de condoléances dans lequel il exprime la « tristesse » de son gouvernement.
« Alors que nous avons parfois eu des positions divergentes, j’ai toujours considéré M. Natapei comme quelqu’un qui avait toujours à cœur l’intérêt de son pays », a écrit le chef de l’exécutif fidjien.
En Nouvelle-Calédonie, au sein du Congrès de cette collectivité française du Pacifique, le groupe Union Calédonienne-FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste, qui est membre du Groupe Mélanésien Fer de Lance -GMFL-), par la voix de son Président Roch Wamytan, évoque quant à lui dans un communiqué mercredi « une grande figure de l’histoire de la construction de ce pays libre et souverain ».
35ème anniversaire de l’indépendance
Par ailleurs, d’autres messages commencent à converger vers Port-Vila à l’occasion du 35ème anniversaire de l’indépendance de cet archipel, le 30 juillet.
Depuis Washington, le secrétaire d’État américain John Kerry, mardi, insistait sur les liens forts entre Vanuatu et les États-Unis.
Parmi les récents dossiers de coopération, l’un d’entre eux est toujours d’actualité : le changement climatique et, selon Washington, un « souci partagé » dans ce domaine, à l’approche du sommet mondial qui sera dédié aux changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre 2015.
M. Kerry a ainsi rappelé la récente dévastation causée par le passage du cyclone Pam, le 13 mars 2015.
Depuis Fidji, le gouvernement a aussi souligné qu’en matière d’aide post-cyclone, aux côtés de puissances régionales comme la France, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis, l’archipel voisin avait aussi mobilisé ses moyens pour venir en aide aux populations touchées par cette catastrophe naturelle classée en catégorie maximale (5 sur l’échelle de Saffir-Simpson), causant d’énormes dégâts aux infrastructures, aux cultures vivrières ainsi que la mort de plus d’une douzaine de personnes.
« Nous ne sommes pas seulement des voisins, nous sommes aussi des frères et sœurs au sein de la grande famille mélanésienne », a souligné le Premier ministre fidjien Franck Bainimarama.
« Vanuatu et Fidji entretiennent des relations anciennes et chaleureuses et nos deux pays travaillent en étroite collaboration sur un large éventail de dossier d’intérêt commun, que ce soit au plan régional que mondial », a-t-il ajouté.
« Fidji a l’intention de faire équipe avec Vanuatu à l’approche du sommet mondial sur le climat à Paris (…) Nos deux pays entendent mener une campagne visant à demander des actes décisifs au niveau mondial pour combattre les changements climatiques », a-t-il ajouté.
Flash back sur la « guerre des cocotiers »
Un autre acteur des dernières heures du condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, le britannique Andrew Stuart, est par ailleurs décédé il y a quelques jours à l’âge de 85 ans, rapporte le Daily Telegraph de Londres.
Ce haut fonctionnaire, alors en poste à Port-Vila, fut aux premières loges pendant une période charnière de l’histoire de cet archipel, alors qu’une tentative de sécession menée par le charismatique Jimmy Stevens, à la tête d’un mouvement « Vemarana » sur l’île d’Espiritu Santo, menaçait de s’amplifier.
Cet épisode, ultérieurement surnommé « la guerre des cocotiers », a finalement trouvé son épilogue avec le débarquement des forces britanniques, à la demande de Walter Lini, alors sur le point de prendre les commandes de l’État indépendant de Vanuatu en devenir.
Cet épisode de l’histoire coloniale des Nouvelles-Hébrides avait aussi été marqué par une rivalité feutrée, quoique placée sous le signe de l’entente cordiale, entre les représentants des deux puissances de tutelle, la France et le Royaume-Uni.
Londres soupçonnait ainsi Paris de soutenir en sous-main le mouvement de Stevens, afin de retarder l’accession à l’indépendance.
La guerre des cocotiers, menée à coup d’arcs et de flèches par les hommes de Stevens, fut finalement matée et Jimmy Stevens fut emprisonné pendant les dix ans qui suivirent.
Il est décédé peu après sa libération et son retour dans le village coutumier de Fanafo, non loin de Luganville.
Pendant plus d’une décennie ayant suivi l’accession à l’indépendance de Vanuatu, sous les gouvernements successifs menés par le pasteur anglican Walter Lini, l’île de Santo, et en particulier son chef-lieu de Luganville, réputés terres de francophonie, ont été souvent oubliées par le gouvernement central, à majorité anglophone.
L’accession au pouvoir de francophones, à partir de 1991, a permis à la capitale du Nord de retrouver un second souffle.
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