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Stocks de sang : la Polynésie à flux tendus


Une poche de sang prête à l'emploi. Il faut 48 heures après le don pour que le sang soit disponible après toute une batterie de tests de dépistage et de préparation.
Une poche de sang prête à l'emploi. Il faut 48 heures après le don pour que le sang soit disponible après toute une batterie de tests de dépistage et de préparation.
PIRAE, mercredi 14 août 2013. Depuis deux semaines, le Centre de transfusion sanguine (CTS) situé au Centre hospitalier du Taaone est en effervescence. Les stocks de poches de sang, issues du don du sang diminuent fortement et ont conduit les responsables du CTS à lancer des appels aux donneurs. «Depuis 15 jours nous avons eu des patients, gros consommateurs de sang et nos stocks disponibles diminuaient fortement» explique le docteur Julien Broult, directeur du CTS. Avec seulement 200 poches d’avance disponibles dans les stocks de l’hôpital la situation est parfois tendue. 200 poches ce sont à peine 10 jours de consommation dans des conditions normales. Le moindre pic d’activité en plus à l’hôpital pour des patients en hémorragie ou accidentés de la route ou en rupture d’anévrisme et le stock se réduit à vue d’œil.

Nouvelle inquiétude hier au CTS avec l’arrivée à l’hôpital du Taaone d’un patient évasané depuis Moorea et dont l’état critique a nécessité l’utilisation en quelques heures de 40 poches de sang. 1/5e des stocks parti pour un seul malade. Heureusement, la Polynésie française totalement «indépendante» en matière de fourniture de sang pour ses patients (la métropole étant décidément trop éloignée) n’a encore jamais vécu de rupture de stock. «En 18 ans ici, je n’ai jamais eu à faire ce choix éthiquement impossible à tenir pour un médecin d’avoir à choisir entre plusieurs patients celui qui pourra recevoir les dernières poches de sang disponibles. Il faut savoir anticiper, même ce qui ne peut pas l’être». Le docteur Julien Broult garde un optimisme contagieux chevillé au corps et soigne avec toute l’équipe du CTS l’accueil des donneurs.

Mais il constate qu’avec le vieillissement de la population polynésienne, l’augmentation de la consommation de sang est très importante. 3 000 poches de sang consommées au cours de l’année 1995, plus de 5 000, quasiment deux fois plus aujourd’hui. Heureusement il sait pouvoir compter sur un réseau de donneurs fiables, réguliers et fidèles : environ un millier de personnes participe activement à ce don anonyme, gratuit et bénévole. Pour autant la recherche de nouveaux donneurs est une quête constante. «Car la situation peut se dégrader très vite, en quelques minutes seulement» précise le docteur Broult. Il mise néanmoins sur une équipe disponible et des locaux bien adaptés. «Nous avons désormais au Taaone des conditions d’accueil excellentes. Les donneurs peuvent se garer facilement dans le parking public, ils montent au 2e étage et c’est là». Une facilité d’accès qui n’existait pas auparavant à Mamao. Les donneurs doivent prévoir d’être disponibles durant «une petite heure», le temps de l’entretien médicalisé, du don lui-même et de la collation qui permet une surveillance médicale du donneur dans le quart d’heure qui suit.


Le docteur Julien Broult qui dirige le CTS au Taaone.
Le docteur Julien Broult qui dirige le CTS au Taaone.
Bientôt du plasma polynésien

Lors d'un don du sang total et après différentes préparations par centrifugation, trois produits sont issus de cette "matière première", mais pour l'instant seuls deux produits sont valorisés. "Nous ne faisons pour l'instant rien du plasma qui est prélevé dans le don de sang total. Nous utilisons actuellement du plasma importé de France. Mais la situation va changer bientôt. Il suffira d' une mise à jour de la réglementation polynésienne en matière de transfusion sanguine. Ensuite nous pourrons produire notre propre plasma et nous serons alors à 100% indépendants en matière de produits sanguins". Le docteur Julien Broult mise sur une fabrication de plasma polynésien à partir de l'année prochaine. Une évolution permise grâce aux nouvelles techniques mises en oeuvre.

Stocks de sang : la Polynésie à flux tendus
Le don du sang, c’est facile


Tiarere Teiri est une donneuse de sang régulière. Cette jeune femme en est à son 7e don en quelques années seulement alors qu’elle habite dans les Tuamotu. «J’ai fait la démarche la première fois parce que c’est une bonne action. On doit être là pour ceux qui en ont besoin» témoigne-t-elle indiquant qu’elle a du mal encore à convaincre autour de soi de la nécessité de ce don de sang. Elle met en avant l’accessibilité du CTS et le très bon accueil de toute l’équipe à chacune de ses visites. Ce mercredi, Tiarere est venue directement au CTS avant son retour au travail vers les Tuamotu. Faute de moyens suffisants le CTS qui fonctionne avec les finances du Centre hospitalier effectue très peu de collectes de sang itinérantes dans les autres archipels. Aussi la pression pour le renouvellement des stocks de sang repose en grande partie en Polynésie française sur les habitants de Tahiti.

Stocks de sang : la Polynésie à flux tendus
EN PRATIQUE

Les collectes de sang au CTS se déroulent du lundi au jeudi de 7h00 à 15h00 et le vendredi de 7h00 à 14h00 (Le C.T.S est désormais fermé le samedi matin) – Le Centre de transfusion sanguine est situé au 2° étage de l'hôpital de Taaone. Les dons du sang peuvent être faits par toute personne en bonne santé de 18 à 70 ans. Une carte d’identité sera nécessaire seulement au premier don pour établir une fiche du donneur. Les hommes peuvent donner leur sang 6 fois par an, 4 fois par an pour les femmes. Il ne faut surtout pas venir à jeun avant un don du sang.
Tél : 48.61.76
Fax : 48.59.63

Pour tout savoir sur le don du sang en Polynésie française, consulter le site Internet du CTS en cliquant ici

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 14 Août 2013 à 11:53 | Lu 2470 fois