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Stage de sécurité routière au lycée hôtelier de Punaauia : Images choc et discours directs


Comme annoncé depuis novembre dernier, le premier stage intitulé « Halte à la prise de risques sur les routes » s’est tenu au lycée hôtelier d’Outumaoro, dans la commune de Punaauia. Plus d’une centaine de jeunes de moins de 25 ans ont répondu à l’appel des professionnels de la prévention routière. Le haut-commissaire de la république Lionel Beffre, le colonel Pierre Caudrelier et le ministre de l’équipement Albert Solia ont tenu à encourager les volontaires à ce stage par leur présence.

La gendarmerie nationale de Polynésie vient d’entamer le programme de stages intitulé « Halte à la prise de risques sur les routes » par une première session suivie par plus de 110 jeunes sur 180 inscrits. Mis en place depuis 2005 et menés par la section de prévention et de partenariat de la gendarmerie nationale, ces stages concernent principalement les jeunes ayant moins de 25 ans et non titulaire du permis de conduire.

Comme chaque année, cette journée d’information a eu pour principal objectif d’évoquer d’une manière détaillée le comportement des conducteurs sur la route ou encore de la traumatologie et des risques encourus, des conséquences judiciaires, de l’importance d’être assuré et des conséquences et de l’importance du port des équipements de sécurité.

Durant toute la journée du samedi 18 janvier, les spécialistes de la prévention routière, médecins et privés se sont succédés dans l’auditorium du lycée hôtelier de Polynésie avec la ferme conviction que leurs témoignages auront un impact certain sur la conscience collective.

La prévention routière a fait acheminer deux véhicules de simulation (une voiture-tonneau et un voiture-choc) dans lesquels les jeunes stagiaires, une fois installés, ont pu se rendre compte des effets dévastateurs de l’alcool, mais aussi de l’imprudence. Si l’on parle généralement et le plus souvent de l'alcool et des stupéfiants comme étant les principaux coupables des trois-quarts des accidents sur les routes, la fatigue et le manque d’attention sont également des facteurs dangereux.

Des exemples édifiants

L’un des intervenants fidèles à cette action commune, Le docteur Charles Belli, chirurgien-ostéopathe, qui a démontré par des photos chocs mais aussi un discours direct et sans langue de bois, les conséquences graves que pouvait causer le manque de concentration des conducteurs mais également des piétons. « Si l’on ne tue pas, on est tué ! » établissant ainsi le lien entre ceux qui possèdent un véhicule et ceux qui trouvent la mort car « ils ont traversé la route sans regarder » avant de préciser « …à la tahitienne, c’est-à-dire distraits. ». A ce sujet, l'adjudant Steeve Pourchasse, responsable de la BPDJ ( Brigade de Prévention et de la Délinquance Juvénile ) nous a confié lors de la célébration de la Sainte Geneviève que " l'exemple pour illustrer le sujet est le suivant : Imaginez un conducteur qui vient de finir sa journée et qu'il se trouve seul dans son véhicule, sans musique, sans téléphone portable et sans enfant ou passager à l'arrière. Eh bien, malgré cette configuration, son esprit sera tout de même occupé sur une échelle d'environ 10 à 15 % par les tracasseries de la journée au travail. (...) Maintenant, ajoutez à cela, un téléphone portable auquel il répondra, là encore, ce sera 10 % de taux d'inattention supplémentaire. Il suffit qu'il réponde au vini et qu'il doive en même temps réprimander les enfants qui sont à l'arrière, en plus de conduire et un accident peut survenir dans ce court laps de temps qui pourrait être de quelques secondes seulement. "

Le docteur Belli a poursuivi ses explications allant même jusqu'à aborder l'absurdité. S'appuyant toujours de photos explicites de membres de corps humains déchiquetés, il a cité un exemple concret :" C'est pour vous dire jusqu'où on peut pousser l'idiotie et l'inconscience jusqu'à son paroxysme. Un jour, il y avait deux amis qui circulaient chacun dans un sens à bord de leur scooter, l'un à l'aller et l'autre en sens inverse, rien de plus normal en soi, sauf qu'ils n'ont pas trouvé mieux que de se saluer de la main gauche et cela à 60 km à l'heure. résultat : bras amputés pour tous les deux puisque tous les muscles à partir du coup ont été arrachés et les membres n'étaient donc plus drainés par le sang. "
La projection de photos prises durant les opérations de chirurgie ont eu l’effet escompté : stupeur générale. Une image, ne vaut-elle pas mille mots ?


Outre l’aspect dissuasif, moralisateur et incitatif de ce stage, les divers enseignements dispensés ont également visé à construire un avenir plus sûr pour tous ces jeunes hommes et jeunes femmes. Ils ont appris, par exemple, que la loi autorisait un employeur à licencier un salarié après six mois de congés maladie ou encore pour absence de permis de conduire. Des arguments qui ont, là aussi, eu l’effet garanti. Parmi l’auditoire, une jeune fille s’est adressée à sa voisine : « tu vois, on a bien fait de venir ici au lieu d’aller à la mer. » D’autres commentaires positifs ont pu être entendus.

Déborah Taputu - Fa'aone : " Sur la route, on n'est pas seul ! "

Déborah Taputu, ici à gauche.
Déborah Taputu, ici à gauche.
Ce premier stage a vu l'affluence d'un grand nombre de jeunes venant de la presqu'île et de la côte est. C'est le cas que Déborah Taputu qui a avoué "qu'il m'arrivait souvent de conduire sans permis, mais maintenant après tout ce que j'ai pu appprendre dans l'auditorium, je me rends compte qu'on n'est pas seul sur la route. Franchement, je ferai attention et d'ailleurs, je préfère attendre d'avoir obtenu mon permis pour conduire à nouveau. Fini de faire ce qu'on veut. (...) je dis aux jeunes de ma génération : mea ma, la route, c'est dangeureux !"

Judith Ah Sam - To'ahotu :" L'assurance, c'est un élément clé aussi. ".

Même dans les districts les plus éloignés, la prévention routière est un sujet qui touche les plus jeunes. Judith Ah Sam a particulièrement apprécié les explications liées à l'importance de souscrire à une assurance : " J'ai bien compris les enjeux d'avoir une assurance, parceque quelqu'un qui conduit sans cela et sans permis risque fort de causer un accident. Mais quand cela va arriver, ça va toucher également tout ton entourage et les autres personnes qui étaient peut-être dans la voiture. Il faut penser aux conséquences pour plus tard."

Keanu Ihorai - Taravao : " Je préfère être au courant de tout ce qui se passe."

Keanu Ihorai de la presqu'île s'est intéressé aux risques encourus des accidents et des conséquences. Pour lui, le port de la ceinture est devenu un automatisme, une notion inculquée par ses parents, depuis son plus jeune âge :" Je porte ma ceinture à chaque fois que la voiture part. A force de faire cela, c'est devenu un réflexe et non pas une pression. (...) je suis venu surtout pour savoir tout ce qui se passe; les conséquences qu'il y a eu lors des accidents, les solutions, car je ne veux pas avoir d'accidents."

Cette journée de sensibilisation, qui a débuté à 7h30, s’est clôturée par un test où les stagiaires ont pu rappeler les principales notions acquises lors des ateliers. Et comme l’an dernier, les cinq jeunes les mieux notés ont reçu une formation complète au permis de conduire d’une valeur unitaire de 100 000 FCP.

Les organisateurs ont prévu de recevoir de nouveaux stagiaires, sur le même site, les samedi 8 février, 1er mars, 3 et 17 mai et une dernière session prévue le 21 juin prochaîn. Les îles sous-le-vent ne seront pas en reste puisque le capitaine Sylvain Chaynes se rendra à Raiatea le 15 mars. Les inscriptions sont toujours d’actualité sur le site mana.pf. Vous pouvez également vous inscrire sur le site dédié de la gendarmerie nationale : [email protected].

TP

Rédigé par TP le Samedi 18 Janvier 2014 à 16:34 | Lu 1938 fois