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Sortie d'épidémie estimée en mai 2021, avec un pic en janvier


Tahiti, le 19 septembre 2020 - Malgré toutes les mesures prises, l'évolution la plus probable de l'épidémie prévoit une "accélération de la maladie", avec un pic épidémique en janvier. L'enjeu ? Freiner le plus possible la hausse du nombre de cas afin d'éviter une mise sous tension de l'offre de soin souligne l'épidémiologiste de la plateforme Covid, Henri-Pierre Mallet : "Si on gère bien l'épidémie, grâce à la stratégie sanitaire et à la sensibilisation de la population, on va y arriver."
 
Pas de changement majeur dans la stratégie sanitaire, mais des "adaptations". Toujours au niveau d'alerte 3, le plan Covid Fenua met l'accent sur les gestes barrières, et cherche surtout à mobiliser un peu plus la communauté au côté du bureau de veille sanitaire (BVS). Les cas Covid sont désormais invités à alerter eux-mêmes leurs entourages, tandis que les médecins libéraux de Tahiti et Moorea peuvent prescrire des dépistages. 

Autre nouveauté : seules les personnes présentant des symptômes de la maladie seront désormais soumises aux tests. Dans un effort "didactique" face à la complexité du sujet, le ministre de la Santé, Jacques Raynal et l'épidémiologiste Henri-Pierre Mallet, ont tenté d'expliciter les indicateurs qui leurs permettent de faire des prévisions.
 
  • Ventiler les pièces closes et nettoyer les surfaces
 
Outre le port du masque, ou la distanciation sociale, le ministre s'est attardé sur le "nettoyage régulier des surfaces" et l'aération des pièces, pour éviter notamment la suspension de microparticules dans l'air, et donc une transmission aérienne.  "Si vous voulez prendre l'apéro avec des amis ouvrez les fenêtres" indique Jacques Raynal, revenant également sur l'hygiène des mains.
Plus efficace que le gel, le savon permet de "faire fondre" le coronavirus renchérit Henri-Pierre Mallet. "Lorsque vous touchez des objets en grande surface, pensez à vous laver les mains avant d'enlever le masque, répète le ministre. Ça peut paraître comme un détail, mais on a constaté que souvent la contamination se fait après, lorsqu'on se touche le visage."
 
  • Mise à contribution du grand public
 
Les communes, les partenaires sociaux, l'Etat, le grand public : tout le monde est mis à contribution. "Rendez service au BVS, rendez service au Pays et surtout à vos amis en les contactant pour leur dire que vous êtes Covid" appelle le ministre. Afin de soulager le bureau de veille, et lui permettre de concentrer ses efforts sur les clusters, chaque personne contrôlée positive sera désormais responsable de contacter elle-même tous ceux avec qui elle a été "en contact" dans les deux jours précédant l’apparition des symptômes. "Ils évalueront ensemble, à l’aide des outils disponibles sur le site internet de la direction de la santé, s’ils entrent dans la catégorie « sujet contact à risque élevé » précise le ministre.

Le cas échéant, ils pourront continuer à travailler en surveillant de près l'apparition de symptôme et en respectant scrupuleusement les gestes barrières. Dans le cas contraire, un isolement à domicile de sept jours sera "fortement recommandé à compter du dernier contact avec le cas positif." Ils pourront alors solliciter une attestation de « sujet contact à risque élevé » auprès de la plateforme covid (par téléphone au 40 455 500 ou par mail : [email protected]).
 
  • Les tests RT PCR réservés aux personnes symptomatiques
 
Si les symptômes apparaissent, ces personnes sont invitées à contacter leur médecin autorisé à prescrire directement des dépistages à leurs patients, "si et seulement si ceux-ci présentent des symptômes". A partir de maintenant, les tests RT PCR sont donc réservés aux personnes symptomatiques. "Les professionnels de santé libéraux pourront être amenés à soigner leurs patients avec des visites à domicile, soit pour la poursuite des soins habituels, soit pour la surveillance sanitaire liée au Covid" ajoute le ministre, rappelant que ces derniers devront bien-sûr porter des équipements de protection individuels (EPI) afin de se protéger.
 
  • Préserver l'offre de soin à tout prix 
 
"Il ne faut pas se faire d'illusion, le Covid ne va pas s'arrêter demain matin" prévient le ministre de la Santé. L'évolution la plus probable de l'épidémie prévoit malgré toutes les précautions mises en œuvre, une accélération de la maladie et une augmentation du nombre de cas. L'enjeu c'est qu'elle se fasse le plus lentement possible, pour permettre au système de santé d'absorber les cas les plus graves.

"On aura quand même une hausse des hospitalisations en médecine, il faut que cette courbe reste en dessous de nos capacités fixées à 150 lits, mais on peut monter à 200, précise Henri-Pierre Mallet. Pareil pour la réanimation avec une limite fixée à 40, c'est ça notre objectif, mais on peut monter à 60 lits maximum. Si on gère bien l'épidémie, on va y arriver, grâce à la stratégie sanitaire et à la sensibilisation de la population." Notamment sur "l’application rigoureuse des gestes barrières," principal outil pour contrôler l'épidémie.

Mais pour le médecin c'est une évidence : "il y aura des victimes, mais on va tenter de les minimiser le plus possible." Reste un inconvénient. "Avec ce modèle, on rallonge l'épidémie, qui nous renvoi à mai 2021" avec un pic en janvier. "Par contre on sera dans une situation beaucoup plus calme et on pourra vivre plus sereinement."


Rédigé par Esther Cunéo le Samedi 19 Septembre 2020 à 15:44 | Lu 6885 fois