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Sommée de trouver des solutions, la direction d’ADT renvoie la balle à l'intersyndicale


Sommée de trouver des solutions, la direction d’ADT renvoie la balle à l'intersyndicale
Tahiti, le 10 août 2024 – Dans un courrier, le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, requiert une réaction « immédiate et déterminée » du directeur général d’Aéroport de Tahiti (ADT), listant quatre mesures pour tenter de remédier aux situations de « souffrance au travail » signalées par des salariés, tandis que la grève s’enlise. Dans un courrier envoyé ce samedi soir, la directeur général répond et renvoie la faute aux syndicats.
 
L’aéroport international de Tahiti-Faa’a est en proie à un double conflit social depuis trois semaines. Jeudi 8 août, le haut-commissaire, Éric Spitz, avait interpellé par courrier et voie de presse le directeur général de la société Aéroport de Tahiti (ADT), Gwenaël Ronsin-Hardy, au sujet de la perturbation des vols, aussi inquiétante pour la rentrée scolaire imminente que pour la haute saison touristique.
 
Le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, s’est également fendu d’un courrier, vendredi 9 août. Le chef du gouvernement fait d’emblée état de sa « vive préoccupation » concernant de « multiples signalements de situations de souffrance au travail », évoquant des témoignages de « harcèlement moral », de « pression excessive » et d’un « sentiment de mal-être général ». « Ces situations sont inacceptables », poursuit le président, qui requiert une réaction « immédiate et déterminée » de la direction de l’entreprise.
 
Cette demande est assortie d’une liste de quatre mesures concrètes et détaillées : lancer une enquête interne « rigoureuse et indépendante », afin d’identifier les causes et les conséquences du problème ; prendre des mesures « correctives », individuelles et collectives, « sans délai » ; renforcer la « prévention », via la formation à la gestion des conflits et la désignation de référents harcèlement ; et communiquer avec plus de « transparence » avec les salariés.
 
Pour définir les modalités de mise en œuvre de ces actions, Moetai Brotherson se dit ouvert à une rencontre « dans les meilleurs délais ». Pour les usagers comme pour les salariés concernés, effectivement, le temps presse.

La réponse de la direction

Piquée par ces deux courriers dévoilés dans les médias, c’est aussi par voie médiatique que la direction générale, par la plume de Gwenaël Ronsin-Hardy, répond aux injonctions de l’Etat et du Pays.

« ADT n’a de cesse depuis le début du conflit de vouloir rencontrer et avancer rapidement avec l‘intersyndicale afin de résoudre cette situation au plus vite mais malgré douze invitations, seules six réunions se sont tenues dont seulement deux se sont déroulées dans un climat apaisé et constructif », explique la direction de ADT. « Nous sommes restés à l’écoute et ouverts à différents points n’ayant pourtant pas leur place dans un préavis de grève. Nous avons proposé un projet de protocole de sortie abordé lors des deux dernières réunions d’une durée très courte encore abrégées à l’initiative de l’intersyndicale », poursuit le courrier appuyant la faute sur l’intersyndicale qui ne jouerait pas le jeu de la discussion. « Nous continuons à travailler activement sur les retours écrits des organisations syndicales afin d’avoir la capacité de nous accorder au plus vite sur un protocole d’accord. »
 
Gwenaël Ronsin-Hardy conclut en regrettant que « ce mouvement porté par 26% de salariés déclarés grévistes au sein d’ADT puisse ternir l’image de la destination de la Polynésie française », tout en saluant « le professionnalisme et la mobilisation sans faille de la très grande majorité des salariés et des autres parties prenantes. »

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel et Bertrand Prévost le Samedi 10 Août 2024 à 21:05 | Lu 4600 fois